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Des conférenciers misent sur les forces des disciplines du CRSH

Martha Piper et Chad Gaffield recommandent aux chercheurs en sciences humaines d'établir des partenariats avec d'autres milieux.

par PEGGY BERKOWITZ | 07 AOÛT 07

Les chercheurs en sciences humaines doivent voir grand et établir des partenariats avec leurs homologues qui œuvrent dans d’autres disciplines, d’autres universités et des organisations à l’étranger. Ce ne sera pas chose facile, mais ils récolteront à coup sûr ce qu’ils auront semé.

C’est l’essentiel du message qu’ont voulu transmettre Chad Gaffield, président du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), et Martha Piper, ancienne rectrice de l’Université de la Colombie-Britannique, lors d’un exposé intitulé « L’avenir de la recherche en sciences humaines ». Les deux personnalités se sont adressées à une centaine de personnes à l’occasion du petit-déjeuner du CRSH organisé dans le cadre du Congrès des sciences humaines tenu à l’Université de la Saskatchewan en juin.

« Tous les dossiers du présent gouvernement sont en lien direct avec le CRSH », soutient Mme Piper, faisant référence à la consolidation de la paix, au terrorisme, à la pauvreté, à la guerre et à l’immigration, des enjeux qui préoccupent autant le Canada que les États-Unis, les pays européens et les pays asiatiques.

Mme Piper a vivement recommandé aux chercheurs en sciences humaines « d’aligner toutes leurs activités sur la nouvelle stratégie relative aux sciences et à la technologie ». Ils pourraient croire que « l’avantage entrepreneurial » mis de l’avant dans la stratégie ne les concerne en rien. « Au contraire, cela nous touche au plus haut point. Prenons les arts de la scène, le monde des affaires, les finances, les ressources énergétiques… il y a de la recherche à faire dans tous ces domaines. »

Mme Piper revient d’un voyage à Singapour, où elle participe à la création d’organismes subventionnaires de recherche. Singapour, qui a surtout misé sur les sciences naturelles jusqu’à maintenant, « constate que son programme de recherche ne répond pas entièrement à ses besoins » et a donc choisi de se tourner vers les arts, qu’il considère comme « essentiels » à son économie.

Historien de formation, M. Gaffield croit lui aussi que les occasions les plus profitables sont issues des partenariats avec d’autres disciplines et d’autres milieux. Il cite en exemple plusieurs nouveaux programmes du Conseil qui récompensent les partenariats canadiens et internationaux, et ajoute que les dirigeants des trois organismes subventionnaires renouvellent leurs efforts de collaboration. La présence du service de police d’Ottawa au Congrès à des fins de recrutement est à son avis un signe de changement prometteur.

« Jusqu’à récemment, en voyant la moitié des chercheurs subventionnés quitter le milieu universitaire, nous avions le sentiment de les perdre. Aujourd’hui, nous sommes heureux de les voir partir, car ils contribueront de mille et une façons à l’essor de la société. »

Mme Piper et M. Gaffield croient tous deux que les fonds publics sont indispensables à la recherche en sciences humaines. Tandis qu’environ 20 pour cent des chercheurs de la génération de M. Gaffield considéraient le financement de la recherche comme nécessaire, « toute la nouvelle génération sait que la recherche entraîne des coûts. C’est plutôt inquiétant, car les structures ont été conçues en fonction de ces 20 pour cent. »

Lors de son exposé, Mme Piper a dénoncé l’ambivalence des chercheurs en sciences humaines envers l’argent. « Nous avons besoin d’argent. De la recherche essentielle doit être menée, et ce n’est pas gratuit. »

Pendant la période de questions et réponses, une chercheuse d’Ottawa formée en sciences naturelles a fait remarquer que des scientifiques et des spécialistes des sciences humaines devront travailler de concert pour régler certains des grands problèmes contemporains, comme le SRAS et le sida. « Mais le cloisonnement des universités ne rendra-t-il pas cela très difficile? », se demande-t-elle.

« Absolument », a répondu Mme Piper, qui voudrait voir le Canada se doter « d’un seul organisme subventionnaire, et non pas trois, parce que l’argent dicte les comportements ». Les chercheurs « perdent leur latin » à tenter de déterminer à quel organisme présenter une demande de subvention. « Les organismes subventionnaires se livrent concurrence, ce qui n’aide pas la cause des chercheurs. Mais ça plaît aux politiciens. »

Plus modéré sur la question, M. Gaffield opterait davantage pour un modèle de « collaboration transparente faisant place à la diversité et aux différentes façons de faire. L’histoire ne regorge pas d’exemples à suivre, mais je pense tout de même qu’il est possible d’avoir le meilleur des deux mondes. »

Dans une lettre publiée quelques jours après le Congrès dans le National Post, Allison Sekuler, une neuroscientifique de l’Université McMaster titulaire d’une Chaire de recherche du Canada, s’est fait l’écho de l’exposé. De passage à Saskatoon pendant le Congrès pour visiter le Centre canadien de rayonnement synchrotron, elle y a croisé M. Gaffield : « Sa présence au Centre en dit long sur l’intégration croissante de chercheurs appartenant à des disciplines depuis toujours cloisonnées. Elle montre également que nous ne pourrons régler les grands problèmes auxquels le Canada et le monde entier doivent faire face sans collaborer avec nos collègues des sciences humaines. »

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