Passer au contenu principal
Actualités

Des universitaires élus au sein du nouveau Parlement s’adaptent à la vie de député

Avec leurs collègues, ils forment un groupe d’érudits : 14 d’entre eux sont titulaires d’un doctorat et plus des deux tiers ont au moins un baccalauréat.

par NATALIE SAMSON | 17 NOV 15
Photo par Adam Scotti.
Le nouveau conseil des ministres. Photo par Adam Scotti.

Le passage du milieu universitaire à la vie politique peut s’avérer ardu. Selon Robert-Falcon Ouellette, député libéral de Winnipeg-centre, c’est un peu l’équivalent de devoir sans cesse participer au concours des Thèses en trois minutes. Avant son élection, M. Ouellette, titulaire d’un doctorat en anthropologie et d’une maîtrise en musique de l’Université Laval, était directeur des programmes axés sur les questions autochtones à l’Université du Manitoba. À présent, il doit s’habituer à parler par petites phrases.

Robert-Falcon Oullette.
Robert-Falcon Oullette.

« [Dans le milieu universitaire], lorsque je prenais la parole, j’avais le temps d’approfondir mes idées. Aujourd’hui, lorsque je parle aux médias, je dois être concis, affirme-t-il. La courbe d’apprentissage d’un universitaire qui entre en politique est immense. Je suppose que je suis un politicien maintenant. Mais j’ai du mal à y croire. »

Jean-Yves Duclos vit un changement de carrière semblable. En plus d’avoir été élu député de Québec, l’ancien directeur du département d’économique de l’Université Laval et président désigné de l’Association canadienne d’économique a été nommé ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social. Le lendemain de sa nomination au conseil des ministres, M. Duclos s’est présenté devant les médias pour annoncer le rétablissement du formulaire long de recensement obligatoire, une décision vivement applaudie par le milieu universitaire.

Les données recueillies par Universités Canada indiquent que MM. Duclos et Ouellette sont loin d’être les seuls universitaires au sein du 42e Parlement. Quelque 227 des 338 députés à la Chambre des communes ont un baccalauréat (contre 184 dans l’ancien gouvernement, qui comptait 304 députés); environ 97 de ces députés ont également une maîtrise, et 14, un doctorat (contre 62 titulaires d’une maîtrise et 13 titulaires d’un doctorat à la dernière législature). Le nouveau conseil des ministres compte 14 titulaires d’une maîtrise et cinq titulaires d’un doctorat, dont M. Duclos.

Même si MM. Ouellette et Duclos sont de nouveaux venus, plusieurs députés réélus issus du milieu de l’enseignement supérieur ont déjà fait le saut en politique :

  • Kirsty Duncan, nouvelle ministre des Sciences et députée libérale de la circonscription torontoise d’Etobicoke-Nord, est géographe médicale et a enseigné dans les domaines de la météorologie, de la climatologie et des changements climatiques à l’Université de Windsor de 1993 à 2000. Elle a aussi été professeure adjointe de géographie médicale à l’Université de Toronto et de processus environnementaux mondiaux à l’Université Royal Roads. Elle a siégé dans le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, une organisation qui a reçu le prix Nobel en 2007 conjointement avec Al Gore. MmeDuncan est députée depuis 2008.
  • Stéphane Dion, ministre des Affaires étrangères et député libéral de la circonscription montréalaise de Saint-Laurent-Cartierville depuis 1996, a été professeur de sciences politiques à l’Université de Moncton et à l’Université de Montréal. Il a été chef du Parti libéral du Canada et chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes, en plus d’avoir occupé plusieurs postes au sein du cabinet.
  • John McCallum, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté et député libéral de la circonscription ontarienne de Markham-Thornhill, a été doyen de la Faculté des arts de l’Université McGill et, en 1993, a recueilli 10 millions de dollars lors d’une campagne de financement de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill. Il a ensuite été économiste en chef de RBC avant de se lancer en politique en 2000. Il a depuis occupé plusieurs ministères, dont ceux de la Défense nationale, des Anciens combattants, des Ressources naturelles et du Revenu national.
  • Michelle Rempel, députée conservatrice de Calgary Nose Hill, a été directrice de la Division des programmes institutionnels de l’Université de Calgary et a travaillé au service de la commercialisation des technologies de l’Université du Manitoba avant d’entrer en politique en 2011. Elle a agi à titre de ministre d’État de la Diversification de l’économie de l’Ouest du Canada dans l’ancien gouvernement.
  • Alice Wong est députée conservatrice de Richmond, en Colombie-Britannique, depuis 2008. Titulaire d’un doctorat en enseignement et en gestion de programmes de l’Université de la Colombie-Britannique, elle a été gestionnaire des programmes internationaux de l’Université polytechnique Kwantlen. Elle a été ministre d’État des Aînés au sein du gouvernement précédent.
  • Kennedy Stewart, député néo-démocrate de la circonscription de Burnaby-Douglas dans la région de Vancouver depuis 2011, est professeur agrégé en congé autorisé à l’École de politique publique de l’Université Simon Fraser.

David Lametti, professeur de droit à l’Université McGill et titulaire d’un doctorat en droit de l’Université d’Oxford, compte aussi parmi les universitaires devenus politiciens. Ancien vice-doyen à l’enseignement de la Faculté de droit de l’Université McGill, il a décidé de se présenter en tant que candidat du parti libéral dans la circonscription montréalaise LaSalle-Émard-Verdun, en partie pour faire la promotion de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes – une démarche qu’il a appris à valoriser pendant sa formation universitaire. « C’est ce qu’on apprend à l’université : on apprend à s’attarder aux données probantes », explique-t-il.

David Lametti.
David Lametti.

Bien que la plateforme libérale en matière d’enseignement supérieur n’ait pas encore été élaborée, M. Lametti prévoit un changement radical par rapport à la façon dont l’ancien gouvernement « dévalorisait le travail des scientifiques, des universités et des chercheurs en sciences humaines ».

Même s’il s’est écoulé peu de temps depuis les élections, nombreux sont les intervenants du secteur de l’éducation postsecondaire qui se sont réjouis de la démarche, à première vue ouverte, du nouveau gouvernement à l’égard de la recherche et de l’enseignement supérieur en général. Le 27 octobre, Justin Trudeau, alors premier ministre désigné, a fait une apparition-surprise aux réunions des membres d’Universités Canada à Ottawa. Elizabeth Cannon, présidente du conseil d’administration d’Universités Canada et rectrice de l’Université de Calgary, a indiqué à la Presse canadienne que cette visite avait envoyé un signal fort et qu’elle démontrait un changement de ton par rapport au gouvernement précédent. « Il nous a parlé avec passion de l’incidence que sa propre formation universitaire avait eue sur lui, sur sa vie, sur sa façon de penser. Son message était très positif », a-t-elle raconté.

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Real Jacob / 9 février 2016 à 23:33

    J’espère que les députés ont au moins un baccalauréat !!!!!!!!!!!!!!

Click to fill out a quick survey