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La « présence attentive » attire l’attention sur les campus canadiens

C’est un domaine de recherche encore jeune, mais les résultats sont «encourageants».

par CATHERINE COUTURIER | 14 MAR 16

Programme de maîtrise en « recherche contemplative » (Contemplative inquiry) à l’Université Simon Fraser, programme de mindfulness obligatoire pour les futurs médecins à l’Université McGill et à l’Université de Montréal, cours et ateliers de pleine conscience offerts aux étudiants… Après avoir séduit les milieux d’affaires, la présence attentive, ou méditation pleine conscience (en anglais, minduflness), occupe une place grandissante sur les campus. Et la recherche n’est pas en reste : « Il y a une explosion des recherches dans ce domaine en ce moment », confirme Andrea Grabovac, professeure associée au Département de psychiatrie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC).

La présence attentive tire ses origines des traditions bouddhistes et est pratiquée depuis 2 600 ans. Avec cette forme de méditation, le pratiquant cherche à « diriger délibérément [son] attention vers ce [qu’il] vit dans le moment présent […], en d’autres termes, réguler son attention de façon à être alerte et vigilant à ce qui se déroule en [lui] et autour de [lui] instant après instant. D’autre part, être présent de manière attentive consiste à accueillir ce qui est perçu avec bienveillance et curiosité », expliquent Alexandra Nedelcu et Simon Grégoire dans le livre La présence attentive (mindfulness) récemment paru aux Presses de l’Université du Québec.

Depuis une quinzaine d’années, la recherche empirique sur les effets et les bénéfices de la pratique de la méditation pleine conscience est en croissance. « C’est un domaine de recherche encore jeune, qui n’a pas atteint sa pleine maturité […], mais les résultats sont encourageants : on se rend compte que la pratique a toutes sortes de bénéfices, à la fois sur les populations cliniques et non cliniques », explique M. Grégoire, professeur au Département d’éducation et de pédagogie de l’UQAM et directeur du Groupe de recherche et d’intervention sur la présence attentive (GRIPA). Ainsi, la pratique de cette forme de méditation aiderait à réduire l’anxiété et le stress. « Mais nous ne savons pas encore tout à fait comment ça fonctionne, ou pour qui ça fonctionne », précise Diana Koszycki, psychologue et professeure titulaire aux facultés d’éducation et de médecine à l’Université d’Ottawa.

Mme Koszycki, en collaboration avec Kieron O’Connor de l’Université de Montréal, se penche ainsi entre autres sur les effets de la présence attentive versus ceux d’une thérapie plus traditionnelle chez les patients présentent des troubles obsessionnels-compulsifs. « Nous ne savons pas encore si la présence attentive est meilleure que d’autres méthodes, ou si elle pourrait être contre-indiquée pour certains patients », souligne Mme Koszycki, dont les travaux sont appuyés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

À la UBC, Mme Grabovac tente de comprendre les mécanismes de la présence attentive, de façon à améliorer l’efficacité des traitements fondés sur cette pratique. En effet, « la tendance dans le milieu de la recherche a évolué : après avoir tenté d’établir l’efficacité des interventions fondées sur la présence attentive, nous essayons maintenant de comprendre les mécanismes de celle-ci, qui comprend le développement d’instruments plus précis pour mesurer l’expérience subjective et objective », résume-t-elle. Mme Grabovac effectue de la recherche concertée dans le cadre de deux projets subventionnés par les IRSC, dont une étude comparative des modèles de prestation (en groupe ou individuels, par téléphone ou Internet) de thérapie cognitive fondée sur la présence attentive.

C’est d’ailleurs pour faire le point sur la recherche que M. Grégoire et deux autres co-chercheurs du GRIPA ont publié le livre La présence attentive (mindfulness). Les chercheurs doivent encore se doter d’un langage commun, et mieux définir les techniques et méthodes de méditation employées dans les études : « on ne s’étend pas tous sur la manière de mesurer la présence attentive. De plus, peu d’essais randomisés ont été faits jusqu’à présent, ce qui crée une limite dans la recherche », poursuit M. Grégoire.

Les angles de recherches sur le sujet ne manquent pas (réduction de la douleur,  amélioration de l’empathie, prévention de la dépression, amélioration de la concentration) et certaines méthodes sont particulièrement prometteuses, comme celle de la neuroscience contemplative, croit M. Grégoire : « on observe par résonance magnétique ce qui se passe sur le plan neurologique lorsqu’une personne médite, en lui faisant verbaliser son expérience. On combine ainsi une méthode contemplative à des méthodes de recherche plus objectives ».

 

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