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Congrès de l’Acfas: La retraite et le « péril gris »

Mettre les connaissances en commun pour mieux comprendre les événements menant à la retraite.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 30 MAI 12

Le vieillissement démographique fait trembler gouvernements et analystes au point où certains parlent d’un « péril gris ». Bien comprendre le phénomène n’est pas si simple; le départ à la retraite, par exemple, se vit différemment d’une personne à l’autre, alors comment, dans ce contexte, élaborer des politiques publiques justes et efficaces?

Selon des chercheurs réunis au congrès de l’Acfas, la solution réside dans la mise en commun des connaissances,. Les chercheurs ont présenté des études scrutant le départ à la retraite sous un angle collectif ou individuel, et espèrent que cela aidera à comprendre les événements de la vie et les motivations individuelles présidant au départ à la retraite, ainsi que le mouvement collectif qui en résulte.

Scruter l’avenir

À l’Université Laval, l’économiste Jean-Yves Duclos a travaillé à l’élaboration de SimUL, un modèle de micro-simulation mesurant l’évolution d’indicateurs sociaux et du niveau de vie pour la période 2004-2030. Ce modèle prend la population de 2004, et projette son vieillissement jusqu’en 2030. « Ce type de modèle observe ce qui se passera si rien ne change, mais ne peut modéliser ce qui arriverait si la situation économique, sociale ou fiscale changeait brusquement », prévient le chercheur.

Le modèle sert à mesurer l’impact sur la collectivité de facteurs isolés, comme l’éducation, l’immigration ou l’expérience professionnelle. Les premiers travaux réalisés avec SimUL révèlent notamment l’impact du niveau de scolarité, tant sur le revenu que sur l’entrée plus tardive sur le marché du travail et sur l’âge de la retraite.

Partir à la retraite

Choisissons-nous la retraite, ou est-ce elle qui nous choisit? On peut se poser la question en regard des résultats présentés par Benoît-Paul Hébert, de Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Celui-ci a mesuré l’impact des antécédents familiaux et professionnels sur l’âge du premier départ à la retraite. Il a constaté, par exemple, que le fait de vivre sans conjoint ou d’avoir des enfants mineurs à la maison retarde le départ à la retraite des femmes. À l’inverse, agir comme aidant naturel peut devancer le départ à la retraite.

Par ailleurs, le chercheur note que les personnes retraitées sont de plus en plus nombreuses à revenir sur le marché du travail. « Devrions-nous désormais penser la retraite comme un événement récurrent? », s’interroge-t-il.

Pierre Lefèbvre, professeur d’économie à ESG-UQÀM, a aussi constaté cette hausse des retours au travail dans son étude sur la durée de vie en emploi basée sur les données des Enquêtes sociales générales de 1994, de 2002 et de 2007. Les deux facteurs motivant ces retours seraient le besoin d’argent et l’ennui. Le phénomène est en forte croissance depuis 1994 chez les 55 60 ans, auquel les 61-65 ans et les 65 ans et plus n’échappent pas.

Et comme quoi c’est parfois la retraite qui nous choisit, le principal facteur invoqué pour justifier un départ à la retraite est… la santé.

Des politiques efficaces

Pour mieux analyser les tendances actuelles des départs à la retraite, Yves Carrière a utilisé le critère de la durée anticipée de vie en emploi. Cet indicateur est plus représentatif de l’ensemble des travailleurs que celui de l’âge moyen de la retraite qui ne tient compte que des travailleurs ayant quitté le marché du travail.

Premier constat, même en l’absence de politique publique coercitive, il y a déjà une forte tendance au report du départ à la retraite. Autre constat crucial, la retraite involontaire, pour cause de maladie ou de perte d’emploi, coûte de nombreuses années de travail aux Canadiens. Ce qui soulève bien des questions sur l’équité et l’efficacité de certaines décisions en matière de politiques publiques, comme l’augmentation de l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse. Dans certains cas, des politiques de santé publique axées sur la prévention, et des politiques du travail limitant les mises à pied pourraient être beaucoup plus productives.

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