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L’École de technologie supérieure : carboneutre plus tôt que prévu

En signant la Déclaration d’urgence climatique il y a deux ans, l’établissement s’était engagé dans ce sens.

par ÉMILE BÉRUBÉ-LUPIEN | 26 AOÛT 21

En atteignant la carboneutralité près de 10 ans avant l’objectif qu’elle s’était initialement fixé, l’École de technologie supérieure (ÉTS) suit les traces de l’Université Laval et devient la deuxième université québécoise à afficher un tel bilan.

C’est en mars 2019, alors que le mouvement « La planète s’invite à l’Université » battait son plein, que l’ÉTS s’était engagée à réaliser le bilan de ses émissions de carbone et à « désinvestir des énergies fossiles ». En septembre de la même année, le directeur général de l’établissement, François Gagnon, signait la Déclaration d’urgence climatique qui enjoignait ses signataires à atteindre la carboneutralité pour 2030 ou au plus tard 2050, à investir dans la recherche sur les changements climatiques et à mettre davantage l’accent sur l’environnement et le développement durable dans leurs programmes d’étude.

Le secrétaire général de l’ÉTS, Cédrick Pautel, souligne que l’École a maintenant rempli ces trois objectifs. Il explique que l’établissement a d’abord réalisé un bilan de ses rejets de carbone dans l’atmosphère, qui, à 2 000 tonnes par année, s’est avéré assez bas. « On [émet aussi] peu de tonnes de carbone parce que nos bâtiments ont été très bien conçus et sont très bien gérés au niveau de l’économie d’énergie et des rejets atmosphériques », indique-t-il.

L’ÉTS à Montréal a atteint son but d’être carboneutre neuf ans plus tôt que prévu. Photo par Stéphane Brügger.

M. Pautel affirme que la carboneutralité a été atteinte en misant sur plusieurs forces de l’ÉTS. L’établissement a notamment compensé une partie de son impact environnemental par l’achat de crédits-carbone en plus d’investir dans la recherche sur les changements climatiques. « Tout ça amène beaucoup de cohérence dans notre action. Pour nous, c’est sûr que c’est une réalisation importante, mais c’est surtout la façon dont on l’a réalisée qui est parlante pour nous. »

D’ailleurs, le secrétaire général précise que la pandémie de coronavirus n’est pas l’élément qui a permis à l’ÉTS d’atteindre cette cible, puisque l’établissement n’a jamais interrompu ses activités durant le confinement. Quoiqu’il ait accueilli moins de personnel et d’étudiants au cours de cette période, ses infrastructures n’ont pas cessé d’être ventilées et chauffées.

Définition standardisée

Patrick Cigana, conseiller principal en matière de développement durable chez Polytechnique Montréal, salue la réussite de l’ÉTS. « C’est un accomplissement important dans la mesure où ils ont pris la peine de faire un exercice de quantification rigoureux de leurs émissions. Ce n’est pas tout le monde encore qui l’a fait dans le milieu universitaire canadien », souligne-t-il.

« Que [l’ÉTS] se déclare carboneutre pour les catégories 1 et 2, ça veut dire qu’elle a fait de la compensation et qu’elle a investi, souligne M. Cigana. C’est quand même un signal fort, qui dit qu’être carboneutre, c’est quelque chose qu’il faut mesurer et qui va entraîner un investissement en ressources et des coûts. »

Il existe trois catégories d’émission de gaz à effet de serre : la catégorie 1 concerne les émissions directes de gaz à effet de serre, comme le chauffage, la catégorie 2, les émissions indirectes, comme l’électricité achetée et la catégorie 3, les autres émissions, comme les déplacements professionnels,la gestion des matières résiduelles, les déplacements pendulaires, etc. Cette dernière catégorie comporte les émissions les plus importantes, mais aussi les plus difficiles à quantifier, comme elle peut rassembler plusieurs types d’émissions.

L’ingénieur de formation, qui a présenté une conférence portant sur les défis de la carboneutralité dans les universités québécoises lors du dernier congrès de l’Acfas, déplore qu’il n’existe pas encore de définition standardisée de ce qu’est la carboneutralité comprenant la catégorie 3 dans le milieu universitaire. « Il y a peut-être un besoin que les universités québécoises ou canadiennes s’entendent sur une norme pour rapporter leurs émissions et pour décider de ce qui est inclus ou exclus de la notion de carboneutralité », mentionne-t-il.

Polytechnique Montréal vise pour le moment 2050 comme date d’atteinte de la carboneutralité. L’établissement devrait toutefois sous peu dévoiler un plan d’action en matière de carboneutralité comprenant des cibles intermédiaires d’ici à ce moment.

De son côté, si elle savoure pour l’instant pleinement cette réussite, l’ÉTS ne compte pas s’arrêter là pour autant : la construction de deux ou trois bâtiments, carboneutres dès leur conception, est notamment prévue d’ici 10 ans. Ceux-ci pourraient même potentiellement « absorber du carbone », par exemple avec des toits verts ou des serres. « Ces projets s’inscrivent dans une perspective où on veut continuellement améliorer notre bilan », soutient M. Pautel.

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