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PEQ : Moins d’étudiants internationaux pourront rester au Québec

Les universités craignent que la nouvelle mouture du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) n’affecte les inscriptions internationales déjà en baisse.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 21 JUILLET 20

Au Québec, la nouvelle mouture du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) entre en vigueur le 22 juillet. Cette voie rapide vers la résidence permanente devient désormais plus difficile d’accès pour les étudiants internationaux.

Lancé en 2010, le PEQ permet d’obtenir en quelques semaines un Certificat de sélection du Québec, obligatoire pour demander le statut de résident permanent. L’an dernier, le gouvernement caquiste a suspendu le volet étudiants étrangers de ce programme, dont une autre partie s’adresse aux travailleurs venus d’ailleurs, avant de faire face à une vague d’opposition de la part de nombreux secteurs.

Depuis le lancement du programme, les étudiants internationaux y étaient considérés comme des immigrants économiques, au même titre que les travailleurs. Le 28 mai, Québec a annoncé que ces étudiants devront désormais démontrer une expérience de travail à temps plein d’au moins un an, afin de pouvoir y accéder. La nouvelle mouture prolongera également le délai de traitement des demandes, passant de 20 jours à un maximum de six mois.

Assouplissements mal reçus

Devant une nouvelle levée de boucliers des étudiants, recteurs et associations patronales, la nouvelle ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Nadine Girault, a présenté quelques assouplissements le 9 juillet. Les stages obligatoires dans le cadre d’un programme d’études seront considérés dans le calcul de l’expérience de travail, mais jusqu’à un maximum de trois mois. De plus, une mesure transitoire prévoit que ceux qui ont obtenu ou obtiendront d’ici le 31 décembre 2020 un diplôme admissible au PEQ restent admissibles aux conditions qui prévalaient avant l’entrée en vigueur du nouveau règlement.

Ces changements n’ont pas calmé la grogne. « Les modes d’application des critères sur l’expérience de travail demeurent très restrictifs », dénonce Pierre Cossette, président du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) et recteur de l’Université de Sherbrooke. Les recteurs se demandent pourquoi les stages obligatoires ne peuvent être cumulés et ne peuvent compter que pour trois mois, alors que leur durée réelle est souvent plus longue.

Le fait d’exiger une expérience de travail à temps plein pose également problème. « Nous ne voulons pas que les étudiants interrompent leurs études un an pour aller travailler, lance-t-il. Il faut continuer d’assouplir certains aspects. »

Des expériences ignorées

De son côté, Jade Marcil, présidente de l’Union étudiante du Québec (UEQ), déplore que les études universitaires ne soient plus considérées comme un facteur d’intégration au même titre que le travail. « Même les expériences accumulées dans le cadre des études, par exemple en tant qu’auxiliaire de recherche ou d’enseignement, sont ignorées, ce qui est injuste », souligne-t-elle.

Quant à la mesure transitoire, elle n’impressionne guère. « Elle ne change rien pour les étudiants qui étaient déjà inscrits à l’université lors de la réforme du PEQ, mais qui obtiendront leur diplôme après le 31 décembre », note Émilie Bouchard, coordonnatrice des volets employabilité et régionalisation de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). D’autant plus que les étudiants internationaux n’échappent pas à l’allongement des études entraîné par la pandémie de COVID-19.

Mme Bouchard ajoute que le nouveau programme insécurise les étudiants étrangers du Québec et alourdit les procédures leur permettant d’accéder à une résidence permanente. La TCRI reste mobilisée, avec notamment les associations étudiantes et les syndicats, mais trouve pour l’instant peu d’écoute du côté du gouvernement.

Calcul politique

Cette obstination découlerait d’un objectif politique et de simples calculs mathématiques, selon Me Ho Sung Kim, vice-président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI). « Le gouvernement prétend vouloir arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail, mais en fait cette réforme vise simplement à respecter la baisse des seuils d’immigration promise par la CAQ », croit-il.

Pendant le séjour au pouvoir des Libéraux, le Québec acceptait chaque année entre 25 000 et 30 000 travailleurs qualifiés. Dans son plan pour 2020, le gouvernement caquiste a plafonné cette sélection à 15 000. « Il doit donc forcément resserrer les critères de son programme régulier d’immigration ou du PEQ et il a opté pour le PEQ », explique Me Kim.

M. Cossette, lui, entrevoit déjà des effets négatifs sur les universités québécoises. « Les recteurs craignent que cela ne diminue l’attractivité de leur établissement dans le recrutement d’étudiants internationaux, qui pourraient choisir d’autres provinces », déplore-t-il.

En 2019, 3 226 diplômés ont reçu un certificat en vertu du PEQ avant la suspension de cette voie, alors que l’année précédente, 5 146 étudiants s’en étaient prévalus.

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