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Protéger la santé mentale des jeunes de tous âges pendant la pandémie

Face à la pandémie de COVID-19, un centre d’expertise de l’Université de Sherbrooke a mis sur pied plusieurs initiatives pour continuer à aider les jeunes à prendre soin de leur santé mentale.

par CATHERINE COUTURIER | 02 JUILLET 20

La crise sanitaire a forcé le Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale de l’Université de Sherbrooke (UdeS) à mettre sur pause plusieurs activités. Ce centre, dont le but est de favoriser la collaboration d’acteurs de différents secteurs pour répondre aux besoins des enfants, des adolescents et des jeunes adultes, a alors cherché un moyen de poursuivre sa mission. « Nous étions profondément préoccupés par le bien-être de certains jeunes, qu’on savait vulnérables. Ces jeunes fragilisés n’avaient plus accès aux ateliers », explique Julie Lane, directrice du Centre et professeure à la Faculté d’éducation de l’UdeS.

Le Centre RBC a donc formulé un plan d’action d’urgence pour briser l’isolement des jeunes de tous âges, accompagné de plusieurs outils. Une page Facebook a d’abord rapidement été créée, pour rejoindre les jeunes, les parents, comme les intervenants : « Nous sommes partis des projets qui existaient et les avons adaptés virtuellement pour les jeunes du secondaire, de l’université et du cégep », explique Félix Guay-Dufour, étudiant au doctorat en psychologie organisationnelle à l’UdeS et coordonnateur de projet du centre. La page Facebook propose toute sorte d’outils et de contenus, ainsi que de l’information fiable et pertinente concernant la santé mentale : ateliers virtuels interactifs de gestion du stress, capsules vidéos, séances de méditation, conférences et concours, formations interactives pour les parents et les enseignants et plus encore.

Pour soutenir plus spécifiquement les étudiants de l’UdeS, une page web leur a été dédiée. Cette page a été développée en collaboration avec le Centre Compétences Recherche+ et le Service de psychologie et d’orientation de l’Université. Capsules vidéos, courts textes explorant des pistes de solution et des stratégies d’adaptation, informations, invitation à des événements, outils et services disponibles y sont recensés. M. Guay-Dufour suit lui-même les séances de méditations hebdomadaires : « J’y trouve une connexion humaine, et le rendez-vous me permet de structurer un peu mon horaire.

La motivation et le stress

Les recherches dans le domaine montrent depuis quelques années une augmentation des enjeux liés à la santé mentale des jeunes. « Ça, on le savait déjà ; la COVID-19 va par ailleurs exacerber certains de ces enjeux », croit la professeure Lane. Certains étudiants y verront peut-être une occasion de ralentir le rythme, mais plusieurs éprouveront un sentiment d’impuissance face à la situation, de l’inquiétude face au futur, de la frustration, du stress ou de l’anxiété. « Le contexte de confinement crée un certain isolement social, un des facteurs de risque qui expliquent les problèmes de santé mentale », souligne pour sa part le doctorant.

Avec la pandémie, étudier ne rime plus avec présence de collègues et amis, ce qui a également un impact sur la motivation des jeunes. « L’innovation surgit souvent des discussions informelles, qui amènent la réflexion plus loin. On manque plein d’occasions d’approfondir nos connaissances, mais aussi de développer un sentiment d’appartenance », ajoute Camille Brière, auxiliaire de recherche et étudiante à la maîtrise en ergothérapie à l’UdeS. La qualité de l’enseignement à distance à degré variable peut également jouer sur la capacité d’apprentissage et la motivation, suggère M. Guay-Dufour.

À distance, les distractions, notamment par les médias sociaux, rendent la concentration plus difficile. « Le présentiel nous offrait aussi une certaine structure », remarque Mme Brière. Une certaine fatigue s’installe : « C’est parfois insidieux ; la charge de travail ne change pas, mais on a moins d’activités qui pourraient nous stimuler, comme le sport et les rencontres amicales. On peut en faire moins, et pourtant être plus fatigué », poursuit M. Guay-Dufour.

Des acquis à long terme

Même si la pandémie aura des impacts négatifs sur plusieurs plans, Mme Lane espère que le tabou de la santé mentale sera un peu brisé : « J’aimerais que ce soit une retombée collatérale de ce qu’on est en train de vivre ». Et le Québec enregistre un certain retard par rapport à plusieurs pays : « L’Organisation mondiale de la santé nous demande depuis 20 ans de favoriser le développement des compétences psychosociales tout au long du parcours scolaire : gérer son niveau de stress, réguler ses émotions, composer avec des situations conflictuelles », souligne Mme Lane.

Si des initiatives existent, elles sont souvent isolées. La professeure souhaiterait ainsi que les apprentissages durant la crise actuelle servent à l’avenir. « Le passage du collégial à l’université exige déjà beaucoup d’adaptation et suscite beaucoup d’inquiétude. Osons espérer que la pandémie ne fera pas en sorte que les étudiants décident ne pas s’inscrire à l’université », souhaite Mme Lane.

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