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Thèsez-vous documente ses retombées

Une étude fait le point sur les impacts des retraites de rédaction de Thèsez-vous et sur les besoins des étudiants en rédaction.

par CATHERINE COUTURIER | 17 FEV 21

Depuis ses débuts, Thèsez-vous a l’habitude de constamment sonder les participants de ses retraites d’écriture pour améliorer sa formule. « Là, on voulait regarder les impacts avec une méthodologie plus poussée », raconte Émilie Tremblay-Wragg, chercheuse principale de l’étude partenariale financée par une bourse postdoctorale des Fonds de recherche Société culture du Québec et par une subvention d’engagement partenarial du Conseil de recherches en sciences humaines.

Aujourd’hui professeure en didactique à l’Université du Québec à Montréal, Mme Tremblay-Wragg est cofondatrice de Thèsez-vous, tout comme Sara Mathieu-C.. L’organisme à but non lucratif offre des services et des outils pour soutenir les étudiants et les chercheurs dans la rédaction. Depuis 2016, Thèsez-vous organise des retraites d’écritures, auxquelles se sont ajoutés un espace permanent à Montréal et des services virtuels pendant la pandémie.

L’équipe a mené une recherche quasi expérimentale qualitative et quantitative, incluant un groupe contrôle d’étudiants en période de rédaction de thèse. Des questionnaires ont été remplis par 217 doctorants en cours de rédaction (145 du groupe contrôle, 72 participants aux retraites) à quatre moments précis (avant et immédiatement après la retraite, 6 semaines plus tard et 1 an après leur participation), de manière à évaluer les effets des retraites dans le temps. Trente de ces mêmes doctorants (15 par groupe) ont ensuite été interrogés dans des entretiens semi-dirigés en trois temps. Des groupes de discussions ont également été effectués.

Identifier les besoins des étudiants

L’équipe de chercheurs a réussi à identifier plusieurs besoins des étudiants, qu’elle a divisés en cinq thèmes. « Les tendances relevées en quantitatif ont été appuyées par les données qualitatives », précise Sara Mathieu-C.

Les doctorants ont tout d’abord besoin de considérer la rédaction comme un acte légitime. « Souvent les étudiants portent plusieurs chapeaux, et ils ont de la difficulté à mettre la rédaction à leur agenda. Ils font tout ce qu’il y a autour, et il ne reste plus de temps pour rédiger après », explique Mme Tremblay-Wragg.

L’importance de se doter d’un horaire et d’un espace propice à la rédaction est la deuxième thématique qui est ressortie de l’analyse. Amilie Dorval, étudiante au doctorat en travail social à l’Université de Montréal, ne compte plus le nombre de retraites d’écriture de Thèsez-vous auxquelles elle a participé. Pour la maman de trois enfants, la bulle ainsi créée lui permet de se consacrer pleinement à la rédaction. « Il y a une magie. On est vraiment pris en charge durant les retraites, ce qui enlève une charge mentale », relate-t-elle. Nourris, logés, avec un horaire précis, les étudiants peuvent se concentrer et tenter de dénouer certains nœuds. « Toutes les conditions sont réunies pour que ce soit plus facile d’écrire et que ce soit difficile de s’esquiver », poursuit-elle.

Les étudiants rendus à l’étape de rédiger sont souvent seuls, et ceux-ci ressentent le besoin de sortir de cet isolement. Les retraites leur donnent l’occasion de rencontrer une quarantaine de personnes de disciplines et d’universités différentes, et créent un sens de communauté qui perdure dans le temps (notamment via un groupe Facebook). Ces rencontres interdisciplinaires permettent un réseautage différent, sans compétition, remarque Mme Dorval. Les doctorants ont également dit avoir besoin d’être soutenus par un encadrement rigoureux et souhaitent avoir plus de formation à la rédaction.

Mesurer les effets des retraites

Les entrevues ont permis de relever les effets des retraites de rédaction : connaître et utiliser les méthodes de rédaction; mieux planifier la rédaction; inscrire la rédaction à l’agenda; faire partie d’une communauté.

L’étude n’a pas pu apporter de réponse à savoir si les retraites favorisaient la diplomation ou les taux de prolongation, mais soulève tout de même des effets à court et moyen terme. « Mais il faut quand même revenir en retraite pour prendre de bonnes habitudes rédactionnelles. Une retraite, ça ne change pas le monde », constate Mme Tremblay-Wragg. C’est pourquoi l’OBNL veut continuer de s’allier aux universités. « Notre posture n’en est pas une de compétition, mais de complémentarité », souligne-t-elle.

Et la pandémie?

Deux groupes de discussions ont été ajoutés pour connaître les effets de la pandémie sur les doctorants en rédaction. Les étudiants semblent se diviser en deux camps : ceux qui sont complètement affectés, et qui ne sont plus capable d’écrire (la pandémie exacerbe notamment les différences de genre en ce sens). Quant au deuxième groupe, il peut consacrer plus de temps à la rédaction puisqu’il s’est vu libéré de nombreuses réunions et de divers déplacements. Thèsez-vous a par ailleurs adapté son offre de service pour soutenir les étudiants dans cette période encore plus propice à l’isolement, en mettant sur pied des activités virtuelles, et même une retraite pancanadienne en ligne.

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  1. Françoise Moreau-Johnson / 1 mars 2021 à 09:38

    Bravo à Thèsez-vous.

    Depuis 2010, j’organise des retraites d’écriture résidentielles pour le corps professoral à l’Université d’Ottawa (Affaires universitaires – décembre 2012 https://www.affairesuniversitaires.ca/conseils-carriere/conseils-carriere-article/ecrire-en-groupe/) et celles-ci ont tellement connu de succès qu’on a instauré des mini-retraites sur le campus, des journées mensuelles d’écriture et même des journées pour les mordus (moins structurées). La pandémie a bloqué certaines activités, mais nous avons su nous adapter et les professeurs participent toujours aux journées mensuelles et celles pour les ‘mordus’.

    La structure de retraites et des journées réservées à l’écriture permet trois choses :
    1) de réserver le temps au calendrier
    2) de valider qu’on fait la bonne chose (nos collègues le font aussi)
    3) de sortir de l’isolement de la carrière universitaire

    À uOttawa, je continue de promouvoir ces initiatives qui sont populaires pour les professeurs, tout rang confondu.

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