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Actualités

L’Université de Moncton s’impose des réformes pour son 50e anniversaire

L'établissement acadien veut rester pertinent malgré les défis économiques et démographiques.

par OLIVIER ROBICHAUD | 24 JUILLET 13

L’année 2013 marque le 50e anniversaire de l’Université de Moncton, l’université qui s’adresse à la minorité francophone acadienne du Nouveau-Brunswick. Bien que le cœur fût à la fête lors des célébrations du 19 juin dernier, les dirigeants de l’UdeM sont conscients que les problèmes économiques et démographiques de la province posent de sérieux défis pour l’établissement. Après 50 ans, l’heure est aux questionnements plutôt qu’aux bilans.

Tout au long de la dernière année scolaire, l’Université de Moncton a organisé différents colloques sur l’évolution de l’établissement et de la communauté acadienne au fil des années. Le 19 juin, jour d’anniversaire, une grande partie de cette communauté était présente à la messe et aux célébrations qui avaient lieu sur les trois campus afin de souligner l’importante contribution de l’UdeM à la formation des leaders acadiens des dernières générations. Le recteur, Raymond Théberge, a également souligné ce legs de son établissement, mais il a surtout profité de son allocution pour inviter le milieu universitaire à discuter de réformes en raison de défis importants que devra relever l’UdeM.

« Nous avons donc, au cours de la dernière année, célébré les grandes réalisations de l’Université de Moncton de diverses manières et sous plusieurs angles. […] Je vous invite à participer en grand nombre au grand chantier de réflexion que j’ai lancé il y a un mois sous le thème Osons rêver, afin de définir les enjeux et les paramètres du développement de l’Université au cours des prochaines années », lança-t-il à la foule.

De fait, l’UdeM n’a pas qu’un rôle éducatif et symbolique à jouer. Les trois collectivités dans lesquelles elle s’est implantée – Edmundston, Shippagan et Moncton, où se trouve le campus principal – la considèrent aussi comme un outil de développement économique et démographique. Surtout dans les deux campus du nord de la province, où certains secteurs économiques ont connu d’importantes difficultés ces dernières années.

À Edmundston, par exemple, le maire Cyrille Simard mise beaucoup sur l’Édupôle, un centre regroupant les campus de l’Université de Moncton, du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (une école de métiers) et de la Polyvalente Cité des Jeunes, pour attirer une main-d’œuvre qualifiée apte à participer à la relance économique de sa ville et freiner sa dépopulation. Il demande aussi à l’Université d’offrir davantage de programmes complets sur ses campus satellites, plutôt que de forcer la majorité des étudiants à terminer leurs études à Moncton.

Or, les campus d’Edmundston et Shippagan peinent à jouer le rôle qu’on leur demande. Depuis 1992, les inscriptions ont diminué de plus de 30 pour cent à Shippagan et de presque 40 pour cent à Edmundston. Le campus de Moncton, par contraste, a stabilisé ses inscriptions à environ 90 pour cent de ce qu’elles étaient en 1992. Au début de l’année scolaire 2012-2013, l’UdeM comptait tout juste en-deçà de 5 000 étudiants à temps plein, dont 4 150 au campus principal, 428 à Edmundston et 382 à Shippagan.

La dépopulation du nord du Nouveau-Brunswick, un phénomène qui devrait continuer pendant la prochaine décennie selon les projections du gouvernement provincial, frappe ainsi de plein fouet l’Université de Moncton. Pire, les secteurs économiques (la foresterie et la pêche) dont dépend une partie de la recherche effectuée sur les campus satellites ont connu d’importantes crises qui ont eu un effet négatif sur les inscriptions. La Faculté de foresterie, à Edmundston, a reçu seulement sept nouvelles inscriptions en 2011-2012 et dix l’année suivante. Elle en recevait entre 20 et 30 dans les meilleures années.

L’UdeM est donc loin de pouvoir offrir davantage de programmes complets à Edmundston et Shippagan; au contraire, l’université a entamé un processus de révision de ses programmes les moins populaires et plusieurs d’entre eux pourraient disparaître. « L’élimination (de programmes) ou un réaménagement important est certainement une possibilité. Il y a un comité qui étudie cette question », affirme M. Théberge.

L’Université a récemment pris certaines mesures afin de réduire le choc de la dépopulation. Le taux de pénétration de l’université dans son principal bassin de recrutement, soit les finissants des écoles francophones de la province, est passé de 26 pour cent à près de 32 pour cent entre 1999 et 2006. M. Théberge estime toutefois que la fréquentation universitaire chez les jeunes acadiens a probablement atteint un plateau.

Afin de diversifier ses bassins de recrutement, l’UdeM mise donc sur les étudiants étrangers. Depuis 2005, le nombre de ces étudiants a augmenté de 14 pour cent par année pour atteindre presque 700 étudiants l’an dernier, ce qui est toutefois insuffisant pour compenser la diminution du nombre d’étudiants du Nouveau-Brunswick.

L’établissement acadien s’est aussi engagé dans une entente de collaboration avec le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB). L’UdeM est consciente du fait que la popularité croissante des écoles de métiers est due au développement des ressources naturelles et des chantiers de construction navale dans les provinces voisines. Elle commencera donc dès septembre à offrir, en collaboration avec le CCNB, le baccalauréat appliqué en technologie et leadership, un programme de deux ans qui sera offert aux diplômés de certains programmes d’ingénierie du CCNB.

D’autres domaines d’études, comme la musique ou la technique policière, sont également dans la mire des deux établissements. De plus, un partage des infrastructures, comme l’Édupôle d’Edmundston, est prévu pour le campus de Shippagan afin de réduire les coûts d’administration et d’entretien.

La relance de l’industrie forestière au Nouveau-Brunswick et ailleurs donne aussi de bons espoirs à l’établissement, qui s’attend à ce que les inscriptions à la Faculté de foresterie se stabilisent à entre 15 et 20 nouveaux étudiants par année pour la prochaine décennie.

Selon M. Théberge, l’Université de Moncton devrait bien s’en tirer à long terme malgré les nombreuses difficultés qui se dressent devant elle. Il s’attend à ce que l’établissement continue de jouer un rôle important dans la communauté acadienne et dans les trois régions où elle s’est implantée.

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