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Un partenariat pour réduire les ravages de l’alcool sur les campus canadiens

Universités et collèges unissent leurs efforts pour lutter contre le phénomène persistant des beuveries.

par ANQI SHEN | 23 AOÛT 17

Trente-six universités et collèges ont conclu un partenariat avec Universités Canada et le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances pour lutter contre le problème de la consommation d’alcool à risque. Le Partenariat en éducation postsecondaire – Méfaits de l’alcool (PEP – MA) vise en effet à mettre les étudiants et les administrateurs en relation avec des spécialistes de la santé en vue de créer sur les campus des programmes pour réduire les effets des beuveries. Douze établissements francophones sont déjà membres de ce partenariat.

Selon son coprésident, Scott Duguay, vice-recteur adjoint à la gestion des inscriptions à l’Université St. Thomas, le PEP – MA permet aux universités canadiennes, après des années de lutte individuelle, d’unir leurs efforts pour contrer le phénomène des beuveries. « Tout en proposant à nos membres des ressources, des idées et des pratiques exemplaires, nous leur laissons une grande latitude pour élaborer leurs propres stratégies, explique M. Duguay. Nous encourageons vivement chaque établissement à mettre en place sur son campus une équipe de supervision des programmes de lutte contre les ravages de l’alcool. »

En 2016, un sondage mené sur 41 campus canadiens auprès de 43 780 étudiants a mis en lumière les problèmes que posent les beuveries aux établissements. Plus d’un tiers des étudiants sondés ont affirmé avoir consommé au moins cinq verres d’alcool la dernière fois qu’ils ont fait la fête. À cause de l’alcool, beaucoup ont affirmé s’être blessés physiquement (18 pour cent), avoir eu des relations sexuelles non protégées (24 pour cent), avoir oublié où ils étaient ou ce qu’ils ont fait (29 pour cent), ou encore avoir commis un acte qu’ils ont ensuite regretté (38 pour cent).

« Le PEP – MA n’a pas pour but de dénigrer l’alcool en soi, mais plutôt de lutter contre ses ravages », précise sa coprésidente, Catherine Paradis, analyste principale, Recherche et politiques, au Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, un organisme qui bénéficie d’une subvention de Santé Canada. Mme Paradis a dirigé l’élaboration d’un cadre régissant les programmes mis en place sur les campus pour lutter contre les méfaits de l’alcool. Elle recommande à chaque établissement d’adopter au moins l’une des recommandations associées aux cinq axes stratégiques du cadre, en fonction des besoins et de la structure de son campus. « La consommation d’alcool est un comportement social qui s’inscrit dans un contexte, précise-t-elle. Or, chaque université ou collège possède sa propre histoire, sa propre culture, ses propres politiques. »

Le PEP – MA est le fruit de discussions amorcées en 2013, à l’instigation du recteur de l’Université Acadia de l’époque, Ray Ivany, qui a convaincu ses pairs de réfléchir à la culture de l’alcool sur les campus. M. Ivany s’est vivement intéressé au sujet après avoir été contraint d’annoncer qu’un étudiant de l’Université Acadia, Jonathan Andrew, est décédé après une nuit de beuverie dans une résidence. Jonathan avait 19 ans. « Ce drame a marqué notre campus à jamais », avait à l’époque déclaré M. Ivany.

En juin dernier, à l’occasion du congrès national de l’Association des services aux étudiants des universités et collèges du Canada (ASEUCC) regroupant des spécialistes des affaires étudiantes de partout au Canada, des membres du personnel, des administrateurs et des étudiants responsables des affaires étudiantes ont pris part, le temps d’une journée, à une conférence sur les pratiques exemplaires et les défis à relever. Le dialogue engagé à cette occasion se poursuivra en 2018 dans le cadre de quatre colloques étudiants qui se tiendront dans l’Ouest canadien, en Ontario, au Québec et au Canada atlantique, en prévision d’une rencontre nationale. « Pour que la stratégie déployée soit un succès, les étudiants doivent être au cœur de celle-ci, mais il faut aussi l’approbation et le soutien des recteurs, souligne M. Duguay. Nul n’est plus au fait de l’expérience des étudiants liée à l’alcool que les étudiants eux-mêmes. »

Représentant des étudiants ontariens au sein du PEP – MA et de tous les étudiants de l’Université Queen’s, Cam Yung se dit d’accord avec M. Duguay. L’Université Queen’s abrite depuis déjà près de 20 ans un groupe de travail sur l’alcool et a récemment accueilli le colloque des étudiants ontariens du PEP – MA. « Les étudiants réagissent mieux aux conseils lorsqu’ils sont prodigués par leurs pairs, souligne M. Yung. Leur sensibilisation aux ravages de l’alcool est bien plus efficace lorsqu’elle est assurée par des étudiants comme eux plutôt que par des administrateurs. »

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