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Un programme de résistance aux agressions sexuelles réduit le nombre de viols

Une initiative de l’Université de Windsor fait chuter le nombre de viols de près de 50 pour cent.

par ROSANNA TAMBURRI | 17 JUIN 15

Un programme novateur de résistance aux agressions sexuelles conçu par Charlene Senn, professeure de psychologie et d’études de la condition féminine à l’Université de Windsor, a substantiellement réduit l’incidence des viols et des tentatives de viol chez les étudiantes de première année, révèle une étude publiée le 11 juin dans le New England Journal of Medicine.

Mme Senn a consacré 10 ans à la mise sur pied de l’Enhanced Assess, Acknowledge, Act Sexual Assault Resistance program (EAAA), un programme visant à aider les femmes à rapidement désamorcer les comportements agressifs et à prévenir les agressions sexuelles.

Le programme comprend quatre séances de trois heures au cours desquelles les participantes acquièrent des notions et des compétences les aidant à évaluer les risques que représente leur cercle de connaissances ainsi que des techniques d’autodéfense verbale et physique. On leur enseigne des stratégies de résolution de problèmes visant à restreindre les avantages de l’agresseur, à cerner les risques dans toutes les situations et à surmonter les obstacles émotionnels liés à la résistance à une agression sexuelle. Les participantes s’exercent à résister à la contrainte verbale et reçoivent une formation d’autodéfense axée sur les personnes faisant partie de leur cercle de connaissances plutôt que sur les étrangers.

« Il s’agit vraiment d’offrir [aux femmes] des notions et des outils, tout en leur donnant la confiance nécessaire pour s’en servir », explique Mme Senn. Ce programme est d’une durée beaucoup plus longue que tout autre programme de résistance aux agressions sexuelles déjà mis en œuvre.

Le programme a été évalué dans le cadre d’un essai clinique randomisé d’une durée d’un an réalisé auprès de 893 étudiantes de première année aux universités de Calgary, de Guelph et de Windsor. Parmi ces femmes, 451  ont été choisies au hasard pour suivre le programme EAAA. Les 442 autres ont fait partie d’un groupe témoin où elles ont reçu des brochures offrant des renseignements généraux sur les agressions sexuelles et indiquaient les services juridiques et médicaux à consulter en cas de viol.

Des enquêtes menées un an plus tard ont révélé que 23 femmes inscrites au programme EAAA (5,2 pour cent) avaient subi un viol, contre 42 femmes (9,8 pour cent) du groupe témoin – un écart de 46 pour cent. De plus, 15 femmes (3,4 pour cent) ayant suivi le programme EAAA avaient subi une tentative de viol, contre 40 femmes (9,3 pour cent) du groupe témoin – 63 pour cent de moins.

Le programme s’est traduit par une diminution des taux de tentative de contrainte et de contacts sexuels non consensuels. Selon l’étude, les résultats indiquent que le programme pourrait avoir amélioré la capacité des femmes à reconnaître et à interrompre rapidement les comportements inadéquats.

Mme Senn dit souhaiter que les universités adoptent le programme, maintenant que ses résultats sont connus. Elle entend concevoir un programme de formation des formateurs qu’elle offrirait aux membres du personnel des universités. Ces nouveaux formateurs pourraient ensuite offrir eux-mêmes une formation semblable sur leurs campus. La formation ne coûterait rien, ajoute-t-elle, mais les universités devront comprendre que « c’est un long programme » qui ne « s’offre pas à raison d’une heure dans le cadre d’une séance d’orientation ».

Les universités canadiennes et américaines sont de plus en plus exhortées à sensibiliser leurs étudiants aux agressions sexuelles, mais l’étude souligne que la plupart des programmes, s’ils ont été évalués, n’arrivent pas à réduire l’incidence des agressions. Ce programme est le premier en Amérique du Nord à obtenir des résultats positifs à long terme. Pour vérifier si les effets du programme subsistent, les chercheurs ont assuré un suivi auprès des participantes à l’essai clinique pendant jusqu’à deux ans, mais ces données n’ont pas encore été analysées.

Des recherches ont déjà montré que de 20 à 25 pour cent des femmes subissent une agression sexuelle au cours de leurs études universitaires, principalement au cours des deux premières années. Dans la plupart des cas, l’agresseur connaît la victime ou fait partie de son cercle social.

Les essais cliniques ont été effectués de septembre 2011 à février 2013, et étaient financés par les Instituts de recherche en santé du Canada. Mme Senn a dirigé une équipe de chercheurs dont faisaient partie Paula Barata et Ian Newby-Clark, de l’Université de Guelph, Wilfreda Thurston et Lorraine Radtke, de l’Université de Calgary, et Misha Eliasziw de l’Université Tufts à Boston.

L’Université de Windsor s’impose comme leader dans la conception et la mise en œuvre de stratégies de prévention des agressions sexuelles. Elle a en effet été l’une des premières universités canadiennes à adopter un programme de formation des témoins et à l’inclure à ses programmes d’études. Introduit par Mme Senn et deux de ses collègues, ce programme a été offert à plus de 1 300 étudiantes au cours de la dernière année universitaire.

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  1. sarah grandisson / 23 juillet 2015 à 12:02

    Bonjour,
    Je suis employé par l’université de Moncton pour monter une campagne de sensibilisation sur le consentement sexuel. Ma question est la suivante : Comment dois-je faire pour avoir un programme de résistance aux agressions sexuelles au sein de mon université.
    Après avoir constater les résultats de cette étude je ne peux me fermer les yeux sur ce merveilleux programme. J’attends de vos nouvelles avec impatience.

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