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Une prestigieuse revue savante se convertit au libre-accès

Plus de version papier. La revue Canadian Journal of Sociology souhaite accroître son influence.

par ROSANNA TAMBURRI | 10 SEP 07

La revue scientifique Canadian Journal of Sociology(CJS) a annoncé son intention de ne plus publier de version papier et de ne faire qu’une version en ligne à libre-accès. Il s’agit d’une première dans ce domaine.

Kevin Haggerty, rédacteur en chef du CJS, affirme avoir pris cette décision dans l’intention d’élargir le lectorat de la revue au Canada et à l’étranger, ainsi que d’attirer la nouvelle génération de chercheurs. « Comme tout bon rédacteur en chef, je ne souhaite qu’accroître l’influence de la revue », explique ce professeur de sociologie de l’Université de l’Alberta, où se trouve le siège social de la revue.

Fondé en 1975, le CJS est publié sur papier quatre fois l’an par les presses de l’Université de Toronto. Il compte 1 000 abonnés et jouit déjà d’une visibilité sur Internet.

Toutefois, à compter de janvier 2008, la revue ne sera publiée qu’en ligne et sera entièrement gratuite. Aucun abonnement nécessaire. Sa seule source de financement proviendra d’une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), dont on attend toujours l’approbation.

« C’est un risque de taille », déclare M. Haggerty, qui reconnaît que la revue devient ainsi entièrement dépendante du financement du CRSH. Mais c’est un risque calculé », ajoute-t-il. La revue s’est toujours qualifiée pour le financement du CRSH par le passé, et l’organisme affiche clairement son appui aux publications à libre-accès. « Si nous réussissons, je pense que la revue pourra ainsi se situer parmi les meilleures publications internationales. »

Il existe aussi d’autres avantages, poursuit M. Haggerty. « La liberté d’accès permettra à tous les Canadiens d’avoir accès aux résultats de recherche contenus dans la revue qui, somme toute, est financée par leurs impôts. » M. Haggerty croit en outre que c’est la bonne façon d’attirer les étudiants aux cycles supérieurs et les jeunes chercheurs qui, de plus en plus, effectuent leurs recherches sur Internet. Il ajoute que l’impact de la revue sera mesuré en faisant entre autres le compte du nombre de citations, d’articles téléchargés et de requêtes sur le Web.

Cette nouvelle façon de faire éliminera aussi tous les coûts liés à l’imprimerie et aux frais d’envoi, et dégagera des fonds qui pourront servir à publier davantage d’articles. Le risque, c’est qu’elle éliminera aussi les revenus provenant des abonnements, l’une des principales sources de financement. Mais M. Haggerty s’attend à ce que la proposition du CRSH tienne compte du salaire d’un adjoint à la rédaction qui constituera la seule dépense de la revue après sa migration au libre-accès en ligne.

Pour procéder à la transition, M. Haggerty compte sur l’Open Journal System, un logiciel gratuit accessible par l’entremise du Public Knowledge Project de l’Université de la Colombie-Britannique.

Selon John Willinsky, reponsable du Public Knowledge Project, qui occupe aussi un poste à la UBC et à Stanford, il s’agit d’une étape très importante dans l’évolution des revues à libre-accès. De nombreuses autres ont expérimenté certains aspects du libre-accès, mais le CJS est l’une des seules grandes revues scientifiques à abandonner complètement la production d’une version papier et les abonnements. M. Willinsky prédit déjà que les progrès du CJS seront suivis de près.

La décision du CJS a été rendue possible grâce à un programme pilote du CRSH visant précisément à aider des publications papier existantes à migrer vers le libre-accès. (Le CRSH accorde aussi son appui à des revues scientifiques conventionnelles par l’entremise de son programme d’Aide aux revues de recherche à libre accès, qui établit le financement en fonction des revenus d’abonnement.) Le programme pilote d’un an fonctionne selon un nouveau modèle de financement et s’adresse uniquement aux revues qui existent depuis au moins un an. Les candidats sont admissibles à recevoir 850 $ pour chaque article soumis à l’évaluation par les pairs qu’ils prévoient publier dans l’année, jusqu’à concurrence de 25 000 $ au total. Ils sont aussi admissibles à recevoir 5 000 $ additionnels pour couvrir les coûts de distribution. Le CRSH a déjà reçu 30 demandes de financement; un peu plus que ce à quoi il s’attendait.

David Moorman, conseiller principal en matière de politiques au CRSH, explique que le programme pilote a suscité l’attention au pays et à l’étranger, y compris de la part du National Endowment for the Humanities aux États-Unis. « Pour autant que l’on sache, personne au monde n’a encore tenté cette approche en matière de financement, affirme-t-il. Nous innovons dans ce domaine. »

Le nouveau site Web de la revue est présentement en élaboration.

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