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Audacieux, le magazine – Ryerson Review of Journalism

par SHELDON GORDON | 08 SEP 08

Carla Wintersgill tente de cacher sa contrariété. Originaire de Victoria, en Colombie-Britannique, la jeune femme de nature posée est assise, impatiente, dans une salle de réunion de l’école de journalisme de l’Université Ryerson, où des étudiants de quatrième année devraient assembler le magazine Ryerson Review of Journalism. Mme Wintersgill, rédactrice en chef du numéro du printemps, a convoqué une réunion de production à 9 h 30, mais peu de membres de l’équipe sont présents. La directrice de la production reçoit un message texte de l’une des rédactrices, qui précise ne pouvoir être présente parce qu’elle ne s’est pas réveillée à temps. « Dis-lui de s’habiller et d’arriver! », rétorque Mme Wintersgill.

Après tout, l’heure n’est pas au laxisme. Pour son 25e anniversaire, il ne faudrait pas que le magazine soit livré en retard à ses 4 500 fidèles lecteurs. Depuis 25 ans, ses artisans arrivent à offrir un produit de qualité professionnelle en faisant appel presque exclusivement à des étudiants en journalisme, qui en sont encore à apprendre leur métier. Contrairement aux magazines américains tel Columbia Journalism Review, celui de l’Université Ryerson ne publie que des articles signés et révisés par des étudiants. « Il s’agit du cours intensif par excellence en journalisme de magazine », explique Mme Wintersgill.

Quant au produit fini, sa qualité est attestée par un mur jonché de prix, mais ce n’est pas tout : « Si cette revue disparaissait, elle me manquerait, confie Robert Fulford, un chroniqueur de grande expérience. C’est le seul magazine qui traite de la couverture médiatique canadienne. »

M. Fulford a bien aimé l’article qui lui a été consacré au printemps 2007. « L’auteure m’a bien compris. » C’est aussi l’impression de Tony Keller, rédacteur en chef du numéro annuel de Maclean’s consacré à la classification des universités, qui a été interviewé pour le numéro de l’été 2007 : « L’auteure a pris la peine de faire le tour de la question. Voilà pourquoi ce magazine a sa place. »

C’est probablement par l’entremise des étudiants qui y sont passés que le magazine Ryerson Review of Journalism a eu le plus d’influence sur les pratiques dans le milieu des médias ainsi que par ses articles-chocs, soutient son fondateur, Don Obe. Il souligne que de grands noms du journalisme, comme Patrick Watson et le regretté Pierre Berton, voyaient le magazine d’un bon œil et le vantaient, disant qu’il influait sur la façon de concevoir les magazines et sur la culture du milieu de l’édition de magazines. C’est exactement ce que M. Obe espérait voir se produire lorsqu’il était directeur de l’école de journalisme en 1983 et qu’il recueillait des fonds ici et là pour lancer le magazine à peu de frais.

Les étudiants, sans réelle expérience, étaient invités à critiquer les pratiques et l’éthique des vieux routiers. « Certains articles ont un ton moralisateur, affirme Joanna Pachner, ancienne rédactrice en chef du magazine. Les étudiants soulèvent les manquements même les plus mineurs à l’éthique professionnelle. Ils ont tendance à être très idéalistes, mais il n’y a rien de mal à cela. »

Dès la parution du premier numéro, au printemps 1984, la stratégie de M. Obe ne faisait aucun doute. Une étudiante en journalisme avait alors signé un article sur la décision du Globe and Mail de ne pas accorder le poste de rédactrice en chef à sa journaliste la plus expérimentée. Lors de ses entrevues, l’étudiante était tracassée à l’idée de mordre la main qui, espérait-elle, la nourrirait un jour. Il s’est avéré que la direction du journal a été si impressionnée par son travail qu’elle l’a embauchée.

Depuis la fin des années 1980, le magazine paraît deux fois par année. En plus d’apprendre au contact de rédacteurs d’expérience (leurs professeurs), les étudiants travaillent avec un directeur artistique professionnel. La publicité, prise en charge par un professionnel des ventes, n’est devenue essentielle que dans les années 1990, lorsque Maclean-Hunter ltée, donateur qui avait été présent depuis les débuts, a cessé de verser sa contribution annuelle de 30 000 $.

Tout comme ses prédécesseurs, le conseiller actuel de l’équipe, Bill Reynolds, est aux prises avec la situation financière précaire du magazine. Les dépenses annuelles sont d’environ 80 000 $. La vente de publicité en couvre 30 000 $, et les dons totalisent 20 000 $. Faute de fonds de dotation, l’école de journalisme couvre le manque à gagner qui se chiffre à 30 000 $, explique-t-il.

Rédigé par
Sheldon Gordon
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