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L’économie du sexe – Une nouvelle façon d’envisager l’offre et la demande

Une professeure canadienne attire l’attention internationale en transformant la « science lugubre » en quelque chose de « sexy »

par LÉO CHARBONNEAU | 07 AOÛT 13

En 2008, la professeure d’économie Marina Adshade a créé un cours au premier cycle à l’Université Dalhousie intitulé « Economics of Sex and Love » (L’économie du sexe et de l’amour) qui invitait les étudiants à envisager le sexe du point de vue d’un économiste. Le cours a connu un succès instantané auprès des étudiants et a suscité l’attention internationale. Mme Adshade a ainsi été incitée à créer un blogue intitulé « Dollars and Sex » , qui a rapidement été repris par le forum en ligne Big Think aux États-Unis et est devenu une des séries les plus lues de ce site.

Pour couronner ce succès, Mme Adshade vient de publier un livre intitulé Dollars and Sex: How Economics Influences Sex and Love (Dollars et sexe: Comment l’économie influence le sexe et l’amour) (HarperCollins, 2013). À partir de principes économiques, elle explique entre autres pourquoi les hommes courts marient des femmes plus jeunes, pourquoi les adolescents issus de milieux socioéconomiques favorisés sont moins portés à la promiscuité sexuelle que ceux des milieux plus modestes, comment le choix matrimonial maintient le cloisonnement des classes sociales.

« La plupart des choix, des décisions et des résultats en matière d’amour et de sexe sont plus faciles à comprendre lorsqu’ils sont considérés dans un contexte économique », affirme-t-elle dans son livre.

Mme Adshade, qui est titulaire d’un doctorat de l’Université Queen’s, enseigne maintenant à la Vancouver School of Economics de l’Université de la Clombie-Britannique (UBC). Elle s’est récemment entretenue avec Affaires universitaires au sujet de son travail.

Affaires universitaires : Comment vous êtes-vous intéressée à ce domaine?

Mme Adshade : Au départ, ma démarche était purement pédagogique. Beaucoup d’étudiants s’inscrivaient au cours d’économie de première année mais ne revenaient jamais pour en suivre un autre. J’ai alors proposé d’offrir un cours de deuxième année qui les inciterait à revenir et peut-être même à reconsidérer l’économie. Le cours permettrait de manière éloquente de comprendre l’économie en l’appliquant à leur propre vie. De fait, le cours était incroyablement amusant.

AU : Qu’est-ce qui, selon vous, justifie l’intérêt qu’ont les gens au sujet de la manière dont l’économie influence l’amour et le sexe?

Mme Adshade : Je crois que, pour la plupart des gens, il s’agissait d’une toute nouvelle perspective. Nous vivons à une époque où il est impossible de parler de relations et de sexualité sans tomber dans les considérations politiques ou éthiques. Avec l’économie, on peut se centrer sur des choses mesurables et dont les rapports fondés sur une théorie sont prévisibles. On peut ainsi se débarrasser des considérations politiques et éthiques pour parler de ce qui est. Je pense que les gens aiment ça.

AU : Pouvez-vous me donner un exemple d’un facteur économique important qui influence le sexe et les relations?

Mme Adshade : À l’heure actuelle, le plus important facteur qui influence la prise de décision est l’éducation, et particulièrement le déséquilibre hommes-femmes dans les effectifs étudiants. On compte actuellement 135 femmes pour 100 hommes sur les campus de l’ensemble du pays. Ce déséquilibre ne touche pas que les relations sur les campus, mais tous les aspects de la vie. Il est révolu le temps où une femme qui allait à l’université pouvait s’attendre à rencontrer un homme aussi instruit ou plus instruit qu’elle, car il y a une réelle pénurie d’hommes possédant une formation universitaire. L’éducation façonne nos relations; elle détermine combien de temps demeurer célibataire avant de se marier et à quel moment avoir des enfants. L’éducation est la tendance à surveiller.

AU : Quels sont vos projets? Demeurerez-vous la personne à consulter en matière d’économie du sexe?

Mme Adshade : Je ne sais pas encore. Ce que j’ai commencé il y quatre ans a fait boule de neige, et je peux même entrevoir le jour où de grandes universités offriront un cours du genre. J’aime écrire, mais ma vraie passion c’est faire des conférences dans de grandes universités ou m’adresser à des organismes étudiants. Je suis actuellement en pourparlers avec la UBC au sujet de la possibilité de transposer le cours « Economics of Sex and Love » en MOOC (massive open online course, ou cours ouvert à tous). Je pense que ce format conviendrait parfaitement.

Rédigé par
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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