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Les galeries d’art universitaires se métamorphosent

Aujourd’hui, elles offrent bien plus que des œuvres d’art accrochées aux murs.

par SUE CARTER | 08 JUIN 16

Pendant deux ans, les conservateurs de la Galerie de l’UQAM (de l’Université du Québec à Montréal) ont visité des studios, des galeries et des foires d’art partout au pays, à la recherche des peintres représentant le mieux la peinture actuelle au Canada. Des 500 artistes envisagés, 60 ont été choisis pour faire partie de la grande exposition Le Projet Peinture.

Depuis son lancement en mai 2013, cette exposition en deux parties connaît un immense succès, attirant non seulement les habitués des galeries, mais également des collectionneurs avides de découvrir de jeunes talents. Le Projet Peinture a également permis à des entreprises comme la RBC de se procurer des œuvres pour leurs collections. Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM, a même amélioré la visibilité du projet en concevant une exposition virtuelle et un outil d’apprentissage par l’entreprise du Musée virtuel du Canada.

À l’instar des autres directeurs de galeries d’art universitaires du pays, Mme Déry fait face à des pressions internes et externes pour attirer un auditoire, même virtuel et disséminé dans le monde. Les budgets d’administration sont modestes et les organismes subventionnaires exigent des programmations plus inclusives. Voilà pourquoi le rôle traditionnel des galeries d’art est appelé à évoluer.

Par chance, l’UQAM est située au cœur de Montréal, parmi les restaurants branchés et les salles de spectacles, ce qui permet d’attirer les passants plus facilement. Mais les galeries d’art ne peuvent plus se contenter d’accrocher des tableaux à leurs murs et espérer des visites. Bien plus qu’un simple atout aux yeux des professeurs, du personnel, des étudiants et des anciens, les galeries d’art des campus doivent aujourd’hui se métamorphoser en pôles culturels et de recherche afin de répondre aux besoins des collectivités locales tout en étant relié au reste du milieu artistique.

Pierre Lapointe dans Conte crépusculaire, Galerie de l'UQAM, 2011. Photo de Galerie de l'UQAM.
Pierre Lapointe dans Conte crépusculaire, Galerie de l’UQAM, 2011. Photo de Galerie de l’UQAM.

Le campus du centre-ville de l’Université de Toronto abritait jusqu’à tout récemment deux galeries distinctes. Or, depuis janvier dernier, la galerie Justina M. Barnicke et le Centre d’arts de l’Université de Toronto exercent leurs activités conjointement sous le nom du Musée d’arts. La seule chose qui n’a pas changé est l’appui offert aux étudiants. Le Musée d’arts offrira aux étudiants en beaux-arts, en histoire de l’art et en muséologie la possibilité de faire de la de recherche et des stages ainsi que d’acquérir de l’expérience de travail à titre de conservateur.

Au centre d’arts Agnes Etherington de l’Université Queen’s, qui possède une vaste et illustre collection dont trois tableaux de Rembrandt, le travail avec les étudiants et les professeurs en dehors du département des beaux-arts est devenu une priorité. « Nous sommes présents auprès des étudiants en sciences de la santé, en soins infirmiers et en sciences expérimentales et humaines, explique Jan Allen, directrice du centre et professeure auxiliaire en études artistiques et culturelles. L’année dernière, nous avons collaboré à 51 cours grâce à nos collections et offert des séminaires personnalisés. Nous en sommes très satisfaits. »

Tournoi d’échecs charcoal organisé par la Hart House. La documentation du tournoi était affichée à la galerie Justina M. Barnicke, qui fait maintenant partie du musée d’art de la University of Toronto.
Tournoi d’échecs charcoal organisé par la Hart House. La documentation du tournoi était affichée à la galerie Justina M. Barnicke, qui fait maintenant partie du musée d’art de la University of Toronto.

Une nouvelle démarche axée sur les programmes d’études a réussi à attirer de nouveaux étudiants dans les galeries d’art de l’Université Queen’s et d’autres établissements, mais les visites demeurent rares. C’est pourquoi les galeries veulent projeter une image chaleureuse et accessible. Les nouveaux étudiants de l’Université Queen’s sont donc désormais tous invités à une visite guidée du centre d’arts Agnes Etherington. De nombreuses galeries d’art offrent également en location leurs installations pour certaines activités. À ce titre, des étudiants de l’Université du Cap Breton organisent des cafés-rencontres à la galerie d’art de l’établissement, et les films projetés à la galerie d’art de l’Université Dalhousie attirent un public nombreux depuis des années. Les galeries cherchent aussi à se rapprocher des milieux artistiques locaux, nationaux et internationaux. Elles prêtent des œuvres à d’autres établissements ou à des expositions itinérantes, ce qui leur permet de bâtir des relations à long terme tout en couvrant une partie de leurs coûts.

Depuis les dernières années, les organismes gouvernementaux demandent aux institutions culturelles d’être davantage axées sur les collectivités et d’offrir des programmations interactives et inclusives. Les galeries ont emboîté le pas. « Notre mandat initial était de collectionner des œuvres et de les présenter. Maintenant, nous devons offrir des garderies et des espaces pour divers membres des collectivités locales, pas seulement des artistes professionnels », explique Karie Liao, conservatrice de la galerie d’art de l’Université du Cap Breton.

La galerie de la University of Lethbridge présente « Culture Vulture » où, les samedis, les participants sont invités à peindre avec leurs doigts et à dessiner.
La galerie de la University of Lethbridge présente « Culture Vulture » où, les samedis, les participants sont invités à peindre avec leurs doigts et à dessiner.

Dans la perspective d’une vision élargie, la galerie d’art de l’Université de Lethbridge planifie de nombreuses activités hors campus en s’associant avec des organisations comme le YWCA. Professeure adjointe du département des arts de l’Université de Lethbridge Joséphine Mills fait aussi partie de Changement social complexe, une équipe de recherche qui se penche sur les moyens d’amener les jeunes à devenir des citoyens engagés, entre autres par des expositions qui traitent de civisme et de questions sociales. Elle collabore à la supervision d’un étudiant au doctorat dont les travaux portent sur l’auditoire et qui, l’espère-t-elle, transformeront l’Université en chef de file des recherches sur la participation publique aux galeries d’art.»

Rédigé par
Sue Carter
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