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L’internationalisation n’est pas une voie à sens unique

Les universités prennent des mesures pour aider les étudiants étrangers à réussir et les étudiants d’ici à élargir leurs horizons culturels.
par SUZANNE BOWNESS
27 SEP 17

L’internationalisation n’est pas une voie à sens unique

Les universités prennent des mesures pour aider les étudiants étrangers à réussir et les étudiants d’ici à élargir leurs horizons culturels.

par SUZANNE BOWNESS | 27 SEP 17
Illustration par Rami Niemi.

Les universités canadiennes ont fait de l’internationalisation un objectif majeur. Elles accueillent chaque année un nombre croissant d’étudiants étrangers (de 83 000 en 2006 à plus de 175 000 en 2016 selon Universités Canada), et sont de plus en plus appelées à leur fournir de l’aide pour favoriser leur réussite. Les établissements élargissent donc les services de leurs centres de liaison internationale, en plus de créer rapidement des liens avec les étudiants étrangers. Les navettes à l’aéroport, les séances d’orientation et les activités sociales spéciales offertes à cette clientèle sont donc maintenant chose courante.

L’Université York, qui compte environ 6 000 étudiants étrangers au premier cycle et 900 aux cycles supérieurs, organise des activités avant même qu’ils quittent leur pays. Des webinaires interactifs sont notamment offerts par une équipe d’agents de liaison formée d’étudiants étrangers, qui communiquent dès juin avec la cohorte de l’automne pour parler des services de l’Université, des restaurants du campus et d’autres sujets. Selon Marilyn Lambert-Drache, vice-rectrice adjointe aux affaires internationales à l’Université York, ces appels permettent de diriger les nouveaux arrivants vers les ressources offertes et de nouer des liens d’amitié.

L’arrivée au Canada est un moment important pour les étudiants étrangers. L’Université Memorial en accueille plus de 400 chaque automne. « Comme lors des grands congrès, tous arrivent à un moment différent », affirme Sonja Knutson, directrice du bureau d’internationalisation de l’Université, qui, pour cette raison, a donc automatisé le processus. Les étudiants inscrivent maintenant leur heure d’arrivée dans une application, et l’équipe coordonne leur transport. Ils peuvent consulter un site Web offrant des recommandations de logements offerts par des gens de la région, pour leur éviter de faire affaire avec des propriétaires mal intentionnés. De nombreux groupes Facebook ont aussi été créés en fonction du pays d’origine.

Hesam Hassan Nejad, membre du comité exécutif de l’association des étudiants aux cycles supérieurs, est arrivé d’Iran en 2012 pour faire des études doctorales en génie pétrolier et gazier à l’Université Memorial. Il s’est senti bien accueilli grâce au transport de l’aéroport ainsi qu’au repas et aux articles qui lui ont été offerts. « Il est difficile de rencontrer des gens et de tisser des liens lorsqu’on arrive dans un nouvel environnement. De plus, la langue est un obstacle omniprésent », souligne-t-il.

Les considérations pratiques sont réglées dès l’arrivée, ce qui rassure les étudiants. Ensuite, les centres de liaison internationale fournissent de l’orientation sur tout : services médicaux, assurance, règlements universitaires, immigration et autres. De plus, des membres du personnel s’occupent des situations de toutes sortes, par exemple les problèmes de visa ou la création d’un plan financier, comme lors de l’effondrement
du dollar zimbabwéen.

Ben Yang, directeur de l’engagement international à l’Université Wilfrid Laurier, a créé diverses activités pour réduire les obstacles sociaux et culturels. L’association des étudiants étrangers organise par exemple des soirées chics ainsi que des projections de films de différents pays. Le projet Global Kitchen offre aussi un lieu de célébrations culturelles axées sur le partage et la nourriture à l’occasion du Nouvel An juif, du ramadan et d’autres fêtes.

Au centre de liaison internationale de l’Université York, les étudiants étrangers et les étudiants canadiens qui prévoient effectuer un séjour à l’étranger sont invités deux fois par semaine à venir échanger en dégustant café et biscuits. À l’Université Memorial, M. Nejad affirme s’être fait des amis grâce à la séance de café-rencontre hebdomadaire du bureau de l’internationalisation.

Autrefois organisées dans l’intérêt des étudiants étrangers, ces activités visent désormais à enrichir le parcours de tous les étudiants, étrangers comme canadiens, en partie parce que ces derniers sont peu nombreux à partir à la découverte du monde. Selon les récentes statistiques recueillies par Universités Canada, à peine 3,1 pour cent (environ 25 000) des étudiants canadiens à temps plein au premier cycle ont vécu une expérience à l’étranger en 2014.

Beaucoup d’universités canadiennes cherchent donc à s’internationaliser, un attribut jugé essentiel dans le contexte de mondialisation croissante. Les étudiants étrangers sur les campus « apportent un éventail de points de vue et permettent aux Canadiens d’entrer en contact avec d’autres cultures », indique Mme Lambert-Drache.

À l’Université York, un programme de jumelage a été mis sur pied et permet aux étudiants canadiens et étrangers d’échanger lors d’activités comme des soirées pizza. Pour éviter de créer l’impression d’une relation inégale, comme le fait parfois le mentorat, les programmes de ce genre mettent l’accent sur l’élargissement des horizons des étudiants canadiens.

L’Université Memorial va même plus loin en évaluant le succès de son programme selon les résultats des étudiants canadiens au questionnaire Intercultural Development Inventory, un outil en ligne qui mesure les changements qui s’opèrent sur le plan des perspectives culturelles. « Nous évaluons la compétence interculturelle des étudiants canadiens avant leur participation au programme, puis à la fin du semestre. Nous avons cons-taté une amélioration des résultats grâce aux échanges avec les étudiants étrangers », affirme Mme Knutson.

Une autre démarche consiste à amener les étudiants canadiens à considérer la compétence interculturelle comme un atout. L’Université Wilfrid Laurier offre ainsi un cours de six modules qui mène à l’obtention d’un certificat sur des sujets comme la différence, les microagressions et la communication interculturelle, etc. Plus de 175 étudiants ont obtenu ce certificat au cours de la dernière année universitaire.

Rédigé par
Suzanne Bowness
Suzanne Bowness est une rédactrice-réviseure basée à Toronto et une professeure d'écriture à temps partiel. Trouvez-la en ligne à www.suzannebowness.com.
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