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Maîtriser l’art d’écrire

Les programmes de maîtrise en création littéraire : une source d’inspiration pour la prochaine générations d’auteurs canadiens.

par DIANE PETERS | 09 FEV 16

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La liste des auteurs canadiens établis et émergents compte de nombreux titulaires d’une maîtrise en écriture, ou encore d’une maîtrise ès arts (M. A.) d’anglais en création littéraire. « Ces programmes produisent tous des auteurs, dont certains ont beaucoup de succès, remportent des prix importants et signent des contrats avec de grands éditeurs », explique Ross Leckie, directeur du programme de création littéraire de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB), où la maîtrise en anglais comporte une option en création littéraire (alliant cours de littérature, ateliers d’écriture et cours de rédaction de thèse).

Ce programme d’études supérieures connaît une forte croissance aux États-Unis et une certaine popularité au Canada où on trouve cependant beaucoup moins d’options qu’aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. L’automne prochain, la UNB deviendra, avec l’Université de Calgary, un des seuls établissements canadiens à offrir un programme de doctorat en création littéraire anglaise (l’Université Laval en propose un en littérature française).

Au Canada, la mise sur pied de tels programmes est freinée par la réticence des universités à les financer en raison de leur coût relativement élevé et des vieux préjugés voulant que l’écriture ne s’enseigne pas. Malgré tout, en restant petits et spécialisés, les programmes canadiens d’écriture aux cycles supérieurs demeurent concurrentiels.

Sur le plan pédagogique, la création littéraire est relativement jeune. Selon M. Leckie, les premiers cours de rédaction au Canada ont été offerts à la UNB en 1940. Depuis 1968, l’établissement propose aussi une maîtrise en création littéraire. En 1965, l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a fondé le premier département de création littéraire au pays offrant des cours jusqu’à la maîtrise. Depuis une dizaine d’années, on retrouve aussi des programmes à l’Université de Guelph, l’Université de Victoria (UVic), l’Université de la Saskatchewan, l’Université de Regina, l’Université de Toronto, l’Université de Windsor et à l’Université Concordia.

À l’Université de Guelph, le diplôme fait partie des programmes d’anglais et d’art dramatique, et les ateliers sont renforcés par des cours abordant le point de vue de l’auteur et sa réalité. « Nous tentons de présenter les aspects tant pratiques que philosophiques de la façon de mener une vie d’écriture », raconte Catherine Bush, romancière et coordonnatrice du programme de maîtrise en création littéraire de l’établissement.

L’Université de la Saskatchewan propose quant à elle une maîtrise en écriture plutôt qu’en création littéraire à son Centre interdisciplinaire de culture et de créativité. Fait intéressant : les étudiants passent six mois en compagnie d’un mentor qu’ils peuvent en partie choisir.

À la UBC, le programme emploie une vingtaine de professeurs à temps plein et plusieurs chargés de cours à temps partiel, dont des ténors de la littérature canadienne, comme Annabel Lyon, Timothy Taylor et Susan Musgrave. Sa renommée attire des conférenciers célèbres, comme Miriam Toews, qui y a récemment été auteure en résidence. « John Irving nous a rendu visite la semaine dernière », souligne Mme Lyon, coprésidente intéri-maire du programme.

Selon l’auteure et professeure de création littéraire américaine Lynn Freed, les maîtrises en création littérature sont « la vache à lait des sciences humaines ». C’est peut-être le cas aux États-Unis, où les frais annuels associés au programme réputé de l’Université de l’Iowa s’élèvent à plus de 25 000 $ US (et à près de 40 000 $ US pour les étudiants étrangers), mais c’est loin de l’être au Canada et à l’Université de la Saskatchewan, où le programme coûte 3 800 $ par an. Comme le groupe idéal compte huit étudiants, la dotation en personnel est chère, explique Bill Gaston, chef du programme de maîtrise en création littéraire de la UVic. Les programmes de génie, de technologie et en sciences, notamment de soins infirmiers et de chimie, sont tout aussi coûteux, mais ils bénéficient d’un meilleur financement et de dons plus généreux de la part d’anciens étudiants.

Une grande part des réticences administratives découlent d’opinions dépassées. « Les cours de création littéraire sont un peu considérés comme des cours faciles, raconte M. Gaston, et dans les écoles, ce sont les plus populaires. » La volonté de les voir mieux respectés dans le milieu universitaire est freinée par l’absence de modèle d’enseignement existant au Canada. La diversité des démarches ne fait que renforcer l’idée voulant qu’il n’y ait pas de référence. Par conséquent, les directeurs des programmes mettent de l’avant les prix remportés par leurs étudiants et leurs diplômés.

Même si une brillante carrière littéraire attend certains diplômés, la grande majorité d’entre eux doivent gagner leur vie autrement. Les titulaires d’une maîtrise ès arts peuvent entamer un doctorat et chercher un poste en enseignement, tandis que les diplômés de ces programmes peuvent souvent être chargés de cours dans les programmes de création littéraire.

Peut-être est-ce très bien ainsi. L’objectif ultime de ces diplômes en création peut être de produire quelques génies de la littérature, des rédacteurs à temps partiel et beaucoup de personnes expressives qui utiliseront leur savoir dans divers domaines. « L’ensemble du milieu des sciences humaines doit réaffirmer l’importance de la lecture et de l’écri-ture, soutient Mme Bush. Pouvoir raconter des histoires, faire preuve d’empathie et comprendre l’écriture dans toute sa complexité éthique : tout cela est précieux. »

 

 

Rédigé par
Diane Peters
Diane Peters est une rédactrice-réviseure basée à Toronto.
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