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Planifier le contenu des cours en ligne

Créer son propre contenu ou se tourner vers des vidéos et des balados professionnels?

par DAVID P. BURNS & ANYA GOLDIN | 16 NOV 16

Au cours des deux dernières années, le département d’études en enseignement de l’Université polytechnique Kwantlen s’est efforcé de repousser les limites de ce qu’un petit département peut faire pour créer des cours en ligne et des ressources numériques attrayantes. Dans le cadre de cette expérience, notre populaire cours de transition de première année, Introduction to Higher Education, était offert sous deux formes : entièrement sur le campus (incluant le forum de discussion habituel sur le site Web du cours) et exclusivement en ligne.

Au cours de l’année, sept cours ont été offerts exclusivement en ligne. La principale préoccupation pendant cette période a été de veiller à ce qu’en ligne ne devienne pas synonyme de distance. Il était extrêmement important que les étudiants sachent (et on le leur a rappelé constamment) que le fait de suivre un cours en ligne ne les empêchait pas d’être en contact direct les uns avec les autres et avec les chargés de cours, parfois même en personne.

À la fin de la première année de ce projet pilote numérique, nous (les auteurs du présent article, dont le premier a conçu le cours et la deuxième en a été une des premières diplômées) avons commencé à relater notre expérience lors d’exposés et à la décrire par écrit. Même si nous étions tous les deux persuadés de l’importance des efforts déployés pour personnaliser l’expérience, nous avons été étonnés de l’ampleur des réactions aux nombreux petits choix technologiques faits en arrière-plan, lesquels sont d’ailleurs le sujet du présent article. Si vous envisagez de créer un cours numérique pour vos étudiants (un cours en ligne offert à de petits groupes, ou « SPOC »), ou d’enrichir vos cours sur le campus avec du matériel numérique, quels seront les choix à faire? Quels outils devrez-vous utiliser?

Le premier choix, qui est aussi le plus fondamental, consiste à déterminer si on va créer du contenu ou réutiliser du contenu existant. Pour être efficace, l’enseignement doit être adapté aux étudiants. Dans leur précipitation à offrir des cours en ligne ouverts à tous (MOOC), de nombreuses universités ont consacré leurs ressources à la création de contenu générique et statique (souvent une série de vidéos comparable à une chaîne YouTube sur le plan technologique).

Les vidéos YouTube ne répondent pas aux besoins des étudiants, et les MOOC ne tiennent pas compte du contexte local, des divers types d’étudiants, ni des nombreuses autres variables clés habituellement prises en considération lors de la conception d’un outil d’apprentissage efficace. Il n’est donc pas adéquat de construire un cours uniquement à partir de ressources existantes trouvées sur Internet. Les excellentes séries de ressources pour MOOC, comme les conférences TED et les balados, peuvent être stimulantes, mais elles ne répondent pas aux besoins des étudiants comme un chargé de cours le ferait. D’un autre côté, on ne peut pas s’attendre à ce qu’un chargé de cours soit à la fois producteur audiovisuel, programmeur et chercheur.

Même s’il était possible d’avoir une si grande expertise et suffisamment de temps, la valeur des vidéos et des balados professionnels est parfois telle qu’il est justifié de les privilégier aux vôtres. Ainsi, quand devriez-vous créer votre propre matériel et quand vaut-il mieux utiliser une vidéo ou un balado de qualité professionnelle? Pour répondre à cette question, il nous apparaît utile de classer les ressources numériques selon leur valeur de production : élevée, moyenne et faible. Cette catégorisation ne serait pas prescriptive (nous ne prétendons pas que tout le monde en viendra aux mêmes conclusions), mais elle pourrait être utile à d’autres personnes qui font une analyse semblable.

Il est à noter que notre pratique actuelle consiste à créer, tous les trimestres, une ressource dont la valeur de production est élevée et plusieurs ressources dont la valeur de production est moyenne. Les ressources dont la valeur de production est faible sont quant à elles créées en continu.

Ressources à valeur de production élevée

Ces ressources exigent un investissement important tant sur le plan du temps que de l’équipement. La ressource dont la valeur de production est la plus élevée parmi celles que nous avons créées est une conférence vidéo YouTube de 30 minutes qui a nécessité environ quatre ou cinq jours de travail.

  • Objectif : Donner de l’information essentielle sur le plan général (« le contenu ») ou offrir un moyen intéressant ou divertissant de sensibiliser les étudiants au contenu.
  • Cycle d’utilisation : Il s’agit de ressources existantes dans la plupart des cas. Une production à valeur élevée ne sera justifiée que si elle est utilisée pendant plusieurs années. Il est approprié d’utiliser toutes les ressources à valeur de production élevée existantes requises pour un cours.
  • Exemples : Conférences TED, vidéos professionnelles sur YouTube (comme celles de la Khan Academy), les graphiques animés complexes, les pages HTML évoluées ou les widgets ou modules du logiciel d’apprentissage.

Réussites et échecs liés aux ressources à valeur de production élevée
Plusieurs ressources à valeur de production élevée ont été utilisées pendant la version pilote d’un cours. Trois d’entre elles étaient des vidéos réalisées au moyen d’un téléphone intelligent et présentaient des images dessinées sur un tableau blanc. Par la suite, le chargé de cours enregistrait une voix hors champ en fonction des images. Pour une vidéo de 30 minutes, ce processus prend plusieurs jours. Selon le commentaire le plus fréquemment publié dans les premières semaines du cours, les vidéos étaient intéressantes et incitaient les étudiants à demeurer à l’écoute en vue du cours suivant.

Étant donné que les vidéos étaient publiées sur une chaîne YouTube intégrée à notre logiciel d’apprentissage, nous savions que les commentaires étaient sincères et que la plupart des étudiants regardaient la vidéo immédiatement et presque en entier. Ainsi, le temps requis pour les créer était généralement justifié. Pendant le deuxième trimestre où le même cours était offert, nous avons modifié un devoir mentionné dans une des vidéos. Nous avons alors rapidement réalisé que nous avions commis l’erreur de créer des ressources à valeur de production élevée en y incluant un peu d’information qu’il aurait été préférable de mettre dans un simple document papier ou dans un blogue. Et puisque cette information se retrouvait un peu partout dans la vidéo (le devoir était souvent mentionné), il a fallu recommencer et consacrer quatre jours à sa production.

Ressources à valeur de production moyenne

Ces ressources peuvent être créées par des chargés de cours au moyen de l’équipement habituellement accessible à l’université ou d’équipement personnel. Elles ne prennent normalement qu’un ou deux jours à produire. À titre d’exemple, la création d’un de nos balados en classe se fait en un jour (aucun d’entre nous n’avait d’expérience préalable en enregistrement).

  • Objectif : Fournir des ressources bien conçues et adaptées au contexte, aux événements ou aux intérêts locaux, ou faire participer les étudiants au processus de création des ressources.
  • Cycle d’utilisation : Il peut s’agir, à parts égales, de ressources existantes et de créations. Au moins une partie des ressources à valeur de production moyenne devrait être créée tous les trimestres. Le temps investi n’est justifiable que si ces ressources peuvent être utilisées plus d’une fois. Ainsi, les éléments spécifiques doivent être adaptés au type d’étudiants qui suivent habituellement ce cours (et non seulement aux étudiants actuels).
  • Exemples : Les balados professionnels sont d’excellentes ressources, car leur création est peu coûteuse (ils sont donc offerts pour de très nombreux sujets) et rapide. Malgré tout, il n’y a pas de grande différence entre un balado professionnel et un balado amateur. Ainsi, nous pouvons avoir une conversation sur un point particulier soulevé dans un forum de discussion et publier le balado correspondant la semaine suivante.

Réussites et échecs liés aux ressources à valeur de production moyenne
Pendant le deuxième trimestre de notre projet pilote, nous avons enregistré une série de quatre balados à partir d’un simple ordinateur portable et d’un microphone. En s’attardant un peu à la disposition des meubles dans la pièce, il est possible de créer un balado de qualité presque professionnelle en environ une journée. Dans un des épisodes, nous avons parlé du stress vécu par les étudiants qui espèrent être acceptés dans un programme d’études particulier, par exemple de la possibilité d’être admis en droit avec une certaine moyenne pondérée cumulative. Il s’agit d’un échange extrêmement personnel, et nous avions besoin d’en parler avec un étudiant de l’université qui était dans cette situation. Le résultat fut exceptionnel. De nombreuses personnes ont mentionné le balado dans leurs écrits (il était intégré à la page du cours avec les lectures) et ont exprimé leur solidarité envers l’étudiant. À notre avis, il s’agit d’un parfait exemple de ressource à valeur de production moyenne. Elle ne sera pas toujours utile, mais nous disposerons pendant quelques trimestres d’une entrevue sérieuse avec un étudiant de la cohorte actuelle.

Par contre, les balados créés directement par le chargé de cours (essentiellement des enregistrements de cours magistraux) ont été beaucoup moins bien accueillis comme l’a démontré le nombre de références à ces cours dans les textes et les publications connexes. Il s’agissait d’exposés génériques qui auraient été davantage mis en valeur par une vidéo bien réalisée à l’externe ou à l’interne. Les étudiants n’ont pas besoin d’un discours impersonnel de 30 minutes. Ce qu’ils veulent, c’est un dialogue qui leur permette de se sentir concernés. Les cours magistraux ne devraient pas se retrouver dans un balado.

Ressources à valeur de production faible

Ces ressources peuvent être créées au quotidien.

  • Objectif : Donner rapidement accès à du contenu adapté et personnalisé.
  • Cycle d’utilisation : Ces ressources sont créées plusieurs fois par semaine (pour un cours entièrement numérique) et complètement renouvelées tous les trimestres. Elles doivent être adaptées tant à la classe actuelle qu’à chacune des personnes qui en font partie.
  • Exemples : Billets de blogue, courriels, publications sur Twitter ou blogues vidéo (vidéos légèrement éditées) qui permettent de répondre directement aux étudiants. Avec une présentation (PowerPoint ou Keynote), il est aussi possible d’en faire la narration et de la publier sans trop la retravailler.

Réussites et échecs liés aux ressources à valeur de production faible
Microsoft a récemment créé le programme Sway, qui permet de réunir différents fichiers Microsoft Office dans une même présentation et de la publier sur le site de Sway. Ainsi, ce contenu devient accessible à partir de n’importe quel appareil informatique, y compris un téléphone. Une fonction permet d’opposer deux images que l’utilisateur comparera en faisant glisser une barre de gauche à droite de façon à afficher une plus grande partie de l’une ou de l’autre image. Nous en avons fait le test auprès d’un petit groupe en publiant un extrait d’un texte examiné en classe et une version du même texte incluant les commentaires du chargé de cours et les passages surlignés par celui-ci. Les étudiants pouvaient ainsi cliquer sur le lien, lire le texte et révéler les traits de stylo numérique et les notes du chargé de cours. L’outil a été très bien accueilli par les étudiants, qui voulaient lire l’article par eux-mêmes, mais aussi voir les éléments jugés pertinents ou importants par le chargé de cours. Le processus de création a duré moins d’une heure et pourrait donc être répété toutes les semaines.

Nous avons toutefois constaté qu’une partie des étudiants devaient se connecter à leur compte Microsoft chaque fois qu’ils cliquaient sur le lien, alors que d’autres n’avaient pas à le faire. Nous avons passé autant de temps à essayer de corriger ce problème qu’à créer la ressource originale. On nous a déjà dit que le secret des technologies éducatives consistait à utiliser l’outil le plus simple pour atteindre un objectif. Même si Sway a probablement été amélioré depuis que nous l’avons essayé, le plus simple pour nous reste de créer deux fichiers PDF et de les publier ensemble. Tout compte fait, les avantages de la barre à déplacer étaient minimes; l’outil était trop complexe et s’est avéré une source de confusion inutile.

Il est donc essentiel de savoir quand créer du contenu et quel type de contenu créer pour atteindre un objectif donné. Un cours reposant seulement sur une collection de matériel existant à valeur de production élevée se rapproche davantage d’une chaîne vidéo ou d’un programme informatique que d’un cours universitaire. En revanche, un cours rassemblant exclusivement des ressources à valeur de production faible semblera moins recherché et intéressant et ne saura pas tirer profit des nombreuses sources de contenu numérique rigoureux mises à la disposition des enseignants aujourd’hui. Même si chaque nouvel essai s’accompagne d’une part d’échec, nous avons conclu que les progrès énormes des technologies de grande consommation des 10 dernières années permettent maintenant de créer des ressources à valeur de production moyenne ou élevée, ce qui était impensable auparavant.

Rédigé par
David P. Burns & Anya Goldin
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