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Préparation aux situations d’urgence sur le campus

Les universités doivent avoir un plan d’urgence afin de pouvoir réagir rapidement en cas de catastrophe.

par MARK CARDWELL | 05 AVRIL 16

De par leur nature, les universités modernes sont des endroits accueillants et ouverts, regroupant généralement plusieurs bâtiments qui s’intègrent parfaitement dans le paysage urbain. Ce sont des lieux achalandés où des foules de jeunes adultes se déplacent librement, munis de leurs sacs et téléphones intelligents.

Ces éléments font des universités des milieux de vie avec des besoins uniques en matière de sécurité et de protection pour les milliers de travailleurs, d’étudiants et de gens qui y sont de passage. « Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les universités sont des environnements à haut risque, » affirme Mark LaLonde, directeur des solutions en matière de risque à Xpera, une entreprise canadienne spécialisée dans l’évaluation et l’atténuation des risques. Accès facile, très peu de contrôle des personnes et des colis, importante population habitant et travaillant à proximité… la liste d’urgences potentielles est longue.

En outre, comme pour tout bâtiment d’envergure, il existe un risque de panne d’électricité et de bris de conduite d’eau, et le risque plus grave d’un accident de laboratoire ou d’un incendie. Les universités peuvent aussi devoir faire face à des températures extrêmes et à des crises de santé publique — comme l’épidémie de SRAS à Toronto en 2003 et l’épidémie du virus de Norwalk qui a frappé l’Université Mount Allison et l’Université St. Francis Xavier en 2006.

Citons aussi les agressions physiques et sexuelles, et le pire scénario imaginable : une fusillade. Quoique rares au Canada, des incidents mortels ont déjà eu lieu, entre autres dans trois établissements postsecondaires de Montréal : le collège Dawson en 2006, l’Université Concordia en 1992 et l’École Polytechnique en 1989. Les menaces en ligne peuvent aussi causer des perturbations majeures, comme celle qui a forcé la fermeture complète de l’Université Wilfrid Laurier pendant plusieurs heures en octobre dernier.

Selon Darren Dumoulin, directeur adjoint de la sécurité à l’Université Concordia, toutes les grandes universités canadiennes possèdent un plan détaillé d’intervention en cas d’urgence, lequel décrit les responsabi-lités relatives à la communication et à la prise de décision au cours des premières heures suivant une situation critique. La plupart du temps, ces responsabilités sont confiées à des équipes de gestion de crise bien structurées et étroitement liées aux secteurs de la sécurité, des communications, des ressources humaines et des services aux étudiants. Quelle que soit la nature de la crise, M. Dumoulin croit que la clé du succès repose sur une communication rapide et efficace avec le personnel et les étudiants.

Dans la majorité des universités canadiennes, la communication en cas de crise est assurée par des systèmes de notification en cas d’urgence pouvant avoir recours aux moyens suivants : messages vocaux et textes, flux RSS, sites Web de l’université, téléphones de bureau, ordinateurs, courriel à l’université, courriel personnel, réseaux sociaux (Twitter et Facebook) et appareils mobiles (pour les abonnés aux services d’urgence).

Il est cependant difficile d’inciter la population universitaire à s’abonner à ces alertes : « Les jeunes se croient invincibles et la préparation aux situations d’urgence ne les intéresse pas particulièrement, explique M. Dumoulin. Comparativement aux États-Unis, où la sécurité est un enjeu majeur, au Canada la population se sent plutôt en sécurité. »

Plus récemment, les universités ont commencé à utiliser des applications personnalisées que le personnel et les étudiants peuvent installer sur leurs téléphones intelligents ou leurs appareils mobiles. Par exemple, l’application SAFEHawk conçue pour l’Université Wilfrid Laurier permet aux utilisateurs de recevoir des alertes en temps réel concernant des pro-blèmes de sécurité sur le campus, de communiquer avec l’Université et les services de police, et de signaler une activité suspecte.

D’après Bob Maber, directeur adjoint de la gestion des urgences à l’Université de Calgary, les applications sont beaucoup plus fiables que les messages textes. En septembre, l’Université de Calgary a envoyé un message d’alerte pendant une importante tempête de neige. « Ce fut un véritable désastre. La majorité des gens n’ont pas reçu le message, et il nous était impossible de vérifier si l’alerte s’était bien rendue ou non. De plus, il y a un risque de confusion si les messages ne sont pas reçus en ordre chronologique. »

C’est pourquoi l’Université s’est associée à une entreprise de conception de logiciels de Calgary pour mettre au point l’application mobile UC Emergency. Lancée l’an dernier, cette application permet d’envoyer des messages, d’identifier et de localiser les utilisateurs ainsi que d’alerter les premiers répondants, le service de sécurité du campus, le personnel de gestion des urgences et les services d’urgences de Calgary. Elle s’est avérée très utile lorsque le campus Foothills a été bouclé après qu’un homme eût été aperçu avec un fusil (on a plus tard appris qu’il participait à un exercice militaire).

Selon Pat Patton, directeur de la sécurité sur le campus à l’Université de Regina et représentant canadien au conseil d’administration de l’association internationale des administrateurs de services de sécurité des campus établie aux États-Unis, une grande part de la préparation aux situations d’urgence dans les universités consiste à engager un dialogue sur la sécurité avec le personnel, les professeurs et les étudiants. « La clé du succès est d’être proactif, d’avoir une bonne écoute et de rester maître de la situation. Il faut être prêt à agir rapidement en cas de situation d’urgence afin de minimiser les répercussions. »

Rédigé par
Mark Cardwell
Journaliste chevronné et auteur, Mark Cardwell est établi dans la région de Québec.
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