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Vers un « modèle d’apprentissage mixte »

Un mélange d’apprentissage en classe et en ligne offre davantage de souplesse et d’occasions de collaboration aux étudiants.

par VIVIAN SMITH | 05 NOV 14

L’apprentissage mixte est une méthode d’enseignement qui comporte un volet en ligne et un autre en classe, permettant ainsi aux étudiants d’approfondir la matière et d’échanger avec le professeur. Le style et la teneur de ces cours varient, mais, en général, les périodes d’études individuelles se déroulent en ligne, alors que le temps en classe réduit est axé sur des activités de groupe plutôt que sur des exposés magistraux. Les étudiants travaillent à leur rythme quand bon leur semble, puis participent aux activités en laboratoire ou au tutorat pour exposer leurs problèmes ou discuter. Pour les classes nombreuses de première année, un professeur et des adjoints enseignent souvent ensemble; le professeur enregistre une série de vidéos et les adjoints dirigent les activités en laboratoire.

La souplesse constitue l’attrait principal de l’apprentissage mixte. Les étudiants vont en ligne pendant leurs temps libres et travaillent à leur propre rythme. Ils se rendent moins souvent sur le campus et, lorsqu’ils le font, leurs interactions avec les professeurs sont plus riches et approfondies. Cette souplesse est aussi avantageuse pour les étudiants adultes qui ont un emploi et une famille. La méthode mixte est particulièrement utile pour ceux qui ont un style d’apprentissage différent ou peinent à suivre le rythme; les étudiants de langue étrangère et les étudiants timides participent davantage en ligne, par exemple.

La création de contenu en ligne, l’embauche de personnel technique et le soutien de chargés de cours motivés coûtent cher aux universités. Bon nombre d’entre elles acceptent toutefois d’explorer les modèles mixtes pour répondre aux demandes des étudiants et améliorer leurs résultats. Selon Richard Pinet, directeur du Centre du cyberapprentissage de l’Université d’Ottawa, cette méthode ne constitue pas un prélude à un enseignement en ligne exclusif. Elle offre plutôt le « meilleur des deux mondes ». Au cours des prochaines années, l’Université d’Ottawa dépensera 300 000 $ en soutien technique seulement; 25 cours mixtes sont en cours d’élaboration, et 40 sont déjà offerts cette année. D’ici 2020, l’Université souhaite que 20 pour cent de ses cours soient mixtes et que le tiers des professeurs y participent.

L’Université York, l’Université du Manitoba et l’Université de la Saskatchewan, entre autres, ont collaboré à la production d’un récent rapport de la Collaboration for Online Higher Education Research qui consigne les efforts visant à adopter le modèle d’apprentissage mixte. « Chacun suit un chemin qui, même s’il lui est propre, va dans la même direction », affirme David Wilkinson, provost et vice-recteur à l’enseignement de l’Université McMaster.

Plusieurs universitaires tentent de mesurer l’efficacité réelle de l’apprentissage mixte. À l’Université Mount Royal, des chercheurs ont déterminé que les interactions et les évaluations en ligne contribuaient à améliorer les notes. En 2014, le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) a lui aussi évalué un modèle d’apprentissage mixte, plus précisément le modèle utilisé pour trois cours de première année du programme de sciences sociales à l’Université McMaster. Selon cette étude, huit étudiants sur 10 ont dit utiliser les modules en ligne de façon répétée pour mieux comprendre la matière, et non seulement pour améliorer leurs notes.

L’apprentissage en ligne et mixte engendre aussi une certaine efficacité. Une fois leur cours préparé, les professeurs peuvent consacrer plus de temps à la recherche qu’à l’enseignement. Une analyse des données en ligne permet de déterminer facilement qui a besoin d’aide. L’espace libéré réduit le nombre de salles de classe nécessaires dans certaines universités. Les étudiants font des économies en se rendant moins souvent sur le campus, et regardent les exposés lorsqu’ils sont le plus disposés à apprendre.

En fait, le mode de vie des étudiants sert de catalyseur à l’évolution des universités. Pour le meilleur ou pour le pire, les étudiants vivent au rythme des technologies et s’attendent à une productivité élevée, qu’ils s’amusent ou apprennent. Néanmoins, l’étude du COQES a démontré qu’ils avaient besoin d’aide avec les bases de données des bibliothèques et les fonctions évoluées des moteurs de recherche et qu’ils profitaient de l’encadrement offert par les cours mixtes.

Évidemment, de nombreux facteurs ternissent le tableau, surtout lorsque des professeurs sceptiques effectuent des analyses coûts-avantages : Des chargés de cours ont affirmé que la création d’un cours leur avait pris entre trois mois et un an. L’apprentissage mixte ne convient pas aux cours dont le matériel doit être constamment mis à jour, puisque chaque élément en ligne doit être continuellement révisé; des fonds insuffisants sont souvent accordés par les établissements. La propriété intellectuelle préoccupe certains : à qui appartiennent les cours?

En outre, certains étudiants ne veulent pas participer activement à leur apprentissage. Jusqu’à maintenant, les recherches sur l’efficacité de l’apprentissage mixte se sont intéressées aux notes plutôt qu’à l’expérience des étudiants ou aux autres sphères touchées. Pourrait-on démontrer, par exemple, que les étudiants qui ont développé leurs capacités cognitives grâce à l’apprentissage mixte réussissent mieux leurs autres cours par la suite?

Comme toute nouvelle méthode, l’apprentissage mixte menace les fondements mêmes du système universitaire traditionnel. Randy Garrison, professeur en éducation et auteur de plusieurs rapports sur l’apprentissage mixte, affirme qu’un virage culturel majeur sera nécessaire. « C’est possible, affirme-t-il, mais il ne se fera pas sans réticences et causera des bouleversements inutiles. »

Rédigé par
Vivian Smith
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