Passer au contenu principal
Conseils carrière

CV universitaire ou CV professionnel?

Les demandes d’emploi hors du milieu universitaire : Guide à l’intention des débutants

par CAROLYN STEELE | 04 DÉC 06

Après 18 mois sur le marché du travail, Phyllis n’a toujours pas décroché d’entrevue. Elle croyait pourtant que la nature pratique de son doctorat sur les méthodes d’études qualitatives de marché lui aurait assuré une transition toute naturelle vers le milieu professionnel, mais voilà qu’elle se demande si elle est même apte au travail! Démoralisée, elle a demandé conseil au centre de carrières de son université. Le conseiller qui a évalué son CV a tout de suite vu ce qui clochait : Phyllis posait sa candidature à des postes hors du milieu universitaire avec un CV qui ne démontrait pas clairement aux employeurs comment elle pouvait les aider à atteindre leurs buts. Heureusement, ce problème pouvait être corrigé assez facilement!

Le CV professionnel présente sommairement vos expériences et vos compétences les plus pertinentes pour un poste en particulier. Même s’il n’est pas conseillé de vous présenter sous un faux jour, il est courant d’omettre des renseignements superflus comme une formation ou des compétences sans rapport avec le poste convoité, surtout si ces renseignements allongent votre CV au-delà de la limite habituelle de deux pages.

Beaucoup plus répandu que le CV universitaire sur le marché du travail actuel, le CV professionnel vise principalement à établir si le candidat est la personne adéquate pour le poste. Cependant, les gestionnaires des ressources humaines et les rédacteurs professionnels de CV ne s’entendent pas sur ce qu’est un « bon » CV professionnel. En effet, les attentes et les préférences liées au format, à la police, aux en-têtes et à la langue varient grandement d’une discipline, d’une entreprise et d’un lecteur à l’autre.

Premier rite de passage vers le milieu universitaire et certaines professions, où les traditions sont bien ancrées, le CV universitaire est beaucoup plus constant que le CV professionnel. Comme il sert à démontrer l’expertise du candidat en fonction de son expérience dans un domaine de recherche précis, le CV universitaire s’allonge avec le temps : plus il a de pages, plus le candidat compte de réalisations à son actif. Ainsi, les CV des jeunes universitaires comptent généralement de quatre à six pages, tandis que celui d’un professeur d’expérience peut dépasser 20 pages selon le nombre d’articles qu’il a publiés.

Le contenu du CV universitaire tend à être moins descriptif que celui d’un CV professionnel, principalement parce que le candidat et le lecteur savent tous deux en quoi consistent des activités comme l’enseignement et la publication. Sous les titres « Éducation », « Recherche » et « Enseignement », le candidat présente habituellement sous forme de liste les renseignements demandés sans trop fournir de descriptions.

Hors du milieu universitaire, il est fréquent de passer d’un emploi ou d’un secteur à un autre. C’est pourquoi il est souvent nécessaire d’expliquer la pertinence de ses réalisations aux futurs employeurs, pour qui la transférabilité des expériences antérieures dans leur contexte n’est pas toujours évidente. Compte tenu du peu de temps et d’attention que le futur employeur peut accorder à un CV, c’est loin d’être chose facile.

C’est d’ailleurs là que les choses se corsent pour bien des titulaires de doctorat ou des candidats qui n’ont plus qu’à rédiger leur thèse et qui postulent un emploi hors du milieu universitaire. Considérant qu’ils ont fait leur devoir et ciblé des organisations et des postes où ils pourront mettre à profit leurs compétences, ils ne savent généralement pas comment décrire leurs habiletés et leurs connaissances autrement qu’en des termes universitaires. Ils choisissent donc naïvement de soumettre leur CV universitaire, pensant qu’il s’agit là du document qui décrit déjà le mieux leur expertise. Mais la plupart des employeurs ne sont pas intéressés par les titres de compétences : ils veulent plutôt savoir si les habiletés et l’expérience du candidat répondent à leurs besoins particuliers.

Il faut envisager la chose du point de vue de l’employeur. Notre société entretient une sorte de relation schizophrénique avec l’enseignement supérieur. D’un côté, elle tend généralement à considérer le haut savoir comme bénéfique pour l’intérêt commun et n’hésite pas à appuyer une hausse des fonds publics investis dans les universités. De l’autre, les gestionnaires et les superviseurs ont tendance à considérer un candidat qui a passé les cinq ou dix dernières années entre les murs d’une université comme quelqu’un qui ne sait pas vraiment faire quoi que ce soit d’autre que de donner des conférences – ou pire, comme quelqu’un d’arrogant ou d’asocial. La réception d’un CV universitaire en bonne et due forme d’un candidat bien intentionné vient simplement confirmer les pires soupçons de l’employeur : cette personne n’a aucune idée de ce à quoi correspond la « réalité » du marché du travail.

Les employeurs doivent être convaincus que toutes ces années d’études leur seront concrètement profitables. Ils doivent percevoir la valeur d’un candidat dans un langage qu’ils peuvent comprendre et dans un format qui leur est familier. En d’autres mots, ils s’attendent à ce que les candidats leur présentent un CV professionnel qui traduit efficacement ce qu’ils ont fait en ce qu’ils pourraient faire. Vous devez donc leur décrire brièvement les aspects de votre cheminement qui les intéresseront le plus, et non votre parcours dans les moindres détails.

D’une certaine façon, la rédaction d’un CV professionnel est un excellent test pour déterminer votre degré de préparation à la recherche d’emploi. Si vous n’avez absolument aucune idée de ce qui accrochera vos employeurs potentiels, vous n’en savez probablement pas suffisamment sur le domaine ou le poste que vous convoitez pour convaincre que vous êtes le candidat idéal. Mais ne cédez pas au découragement : vous excellez probablement mieux que quiconque sur le marché du travail dans ce qu’exige toute candidature : une « recherche fondamentale ».

En prenant le temps d’étudier efficacement une organisation, vous améliorerez radicalement la qualité de votre CV professionnel et, en conséquence, accélérerez votre recherche d’emploi. Les questions suivantes vous aideront à déterminer si vous en savez suffisamment sur un poste pour déterminer si vous êtes en mesure de l’occuper, mais également si vous voulez l’occuper!

  • Quels sont les défis, les priorités et les forces de l’organisation?
  • De quelle façon votre rendement sera-t-il évalué dans ce poste?
  • Quel est l’impact de ce poste au sein de l’organisation?
  • S’agit-il d’un nouveau poste? Dans la négative, pourquoi est-il vacant?

Vous risquez fort peu de trouver la réponse à ces questions dans une annonce de poste, et c’est l’une des raisons pour lesquelles les personnes qui postulent un emploi après en avoir uniquement consulté la description réussissent très rarement à le décrocher. Discuter de ces questions directement avec des employeurs potentiels, et même avant que des postes se libèrent, peut faire toute une différence et vous permettre de bien adapter votre CV professionnel à un poste en particulier. Contrairement à la croyance populaire, les titulaires de doctorat peuvent apporter une grande contribution à de nombreux secteurs d’activité. En apprenant comment communiquer vos habiletés aux employeurs, vous accéderez à de nouvelles possibilités de cheminement professionnel. Les étapes suivantes, qui décrivent comment intégrer votre expérience universitaire dans un CV professionnel, vous mettront sur la bonne voie.

Du CV universitaire au CV professionnel en quatre étapes

1. Décortiquer l’annonce de poste

Les offres d’emploi sont souvent mal écrites, et le liens entre les exigences et les tâches que vous accomplirez la majeure partie du temps y sont mal établis. Sachez lire entre les lignes et dressez la liste des points que vous croyez importants pour vous démarquer à ce poste à l’aide de l’information contenue dans l’offre d’emploi et de celle que vous devez deviner. Par exemple, les solides compétences organisationnelles que vous avez développées en siégeant au comité des cours de votre programme peuvent être l’une des meilleures expériences à faire valoir si vous convoitez un poste en administration.

2. Cibler vos atouts

Que possédez-vous que votre futur employeur recherche? Dressez la liste de vos expériences pertinentes, de vos compétences, et d’autres atouts tirés des différentes sections de votre CV universitaire et ajoutez tout point que vous jugez utile et qui est absent de ce CV. Sachez qu’en jouant un peu sur les mots, toutes les habiletés qui vous ont permis de réussir vos études peuvent être appliquées au monde du travail. Par exemple, transformez votre expérience d’enseignement en habileté orale ou la gestion d’un projet de recherche en compétence de gestion de projet. Comparez ensuite votre liste au contenu de l’offre d’emploi et prenez note des éléments semblables : ce sont ceux que vous devrez mettre en évidence.

3. Se placer du point de vue du lecteur

La plupart des personnes externes au milieu universitaire n’ont aucune idée du déroulement d’un séminaire aux cycles supérieurs ou du contenu d’une analyse documentaire. Soyez explicite lorsque vous décrivez ces activités et soyez prêt à répondre lorsque l’on vous demandera : « Mais encore? » Pourquoi votre expérience dans un pays en développement en vue de recueillir des données pour votre dissertation ou l’article que vous avez publié sur une question en particulier vous rendrait-il plus efficace qu’un candidat qui ne présente pas ce genre d’expérience? Rappelez-vous qu’un stéréotype de l’étudiant aux cycles supérieurs vous colle à la peau : on croit que vous êtes « déconnecté ». Ne renforcez donc pas cette impression en employant un jargon ou en mettant en valeur des réalisations qui ne sont pas en lien avec le poste convoité.

4. Demander un autre avis

Le centre de carrières de votre université dispose de ressources qui vous aideront à rédiger un CV professionnel bien ciblé. La plupart des centres offrent également des évaluations individuelles gratuitement ou à un coût minime. Les conseillers connaissent bien les stratégies de rédaction de CV professionnels et les attentes des futurs employeurs. Leur expertise peut donc vous être grandement utile pour améliorer votre CV professionnel et vous aider à prendre de l’assurance.

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Répondre à unpostdoc Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. andrea rotunno / 21 août 2009 à 15:02

    Je crois que c´est une information très importante.

    Moi je suis uruguayenne, vétérinaire, et je arriverai au Québec le mois de mars prochain.

    Je considère que j´ai beaucoup à faire pour pouvoir m´intégrer rapidement au marché de travail.

    Merci par votre aide! J´aimerais recevoir toute l´information pertinente.

    Andréa

  2. Kalima N. Mwange / 17 janvier 2012 à 23:11

    En lisant cet article, je me retrouve dans la peau de Phyllis que Carolyn donne en exemple dans ce texte: je crois que j’ai besoin d’un spécialiste pour jeter un coup d’oeil sur mon CV. Je n’ai jamais fait de différence entre un CV universitaire et un CV professionnel. C’est peut-etre à cause de cela que je ne parviens pas à décrocher une interview dans les milieux professionnels. Je crois que je dois faire très attention. merci infiniment, Carolyn.

  3. Viktor / 21 avril 2013 à 16:28

    Trop souvent les étudiants sortent de l’Université, que ca soit au Canada comme Ottawa, ou en Suisse comme à Genève, et ils restent incapables de rédiger un cv. Merci pour ce petit coup de pouce.

  4. unpostdoc / 9 août 2013 à 08:23

    Mon questionnement est plutôt comment l’employeur lui même s’y connait concernant un CV universitaire ou professionnel ? oui, on va dire il reçoit plein de CV, mais encore là il n’est aucunement un expert, à moins qu’il s’agisse d’un conseiller en ressources humaines ou un conseiller en placement. Je trouve que les employeurs exagèrent trop et essayent d’aller selon une procédure pré-établie par Monsieur ou Madame je ne sais qui , d’oû ils se perdent et laisser filer entre leurs mains d’excellentes candidatures. En général, et je dis bien en général les meilleurs candidats ne sont pas de bons parleurs ni des manipulateurs. Parceque, oui on peut bien manipuler via un CV bien monté, mais vide au fond, comme une assiette bien dressé, mais sans goût, ni saveur…Un CV oû on met en évidence toutes ses compétences et ses qualifications est un CV, alors à quoi bon jouer au difficile. Je suis pas mal certain que si on demande à l’employeur lui même de rédiger un CV tout court, il va tourner en rond !!!

Click to fill out a quick survey