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Conseils carrière

La façon adéquate de refuser d’écrire une lettre de recommandation

Savoir dire non, sans douleur.

par ADAM CHAPNICK | 06 DÉC 10

Pour certains professeurs, rédiger une lettre de recommandation pour aider un étudiant à gravir les échelons sur le plan professionnel est un privilège, surtout si ses démarches se soldent par un succès. Pour d’autres, par contre, rédiger une lettre est une tâche lourde et fastidieuse qui les incite à se poser la question délicate : Est-ce acceptable de refuser de faire une recommandation pour un étudiant, et si c’est le cas, y a-t-il certains principes à respecter?

S’il est vrai qu’aucune clause du contrat des professeurs ne leur interdit de refuser une demande de recommandation, agir de la sorte est néanmoins perçu comme honteux. La majorité des professeurs, qu’on considère comme des mentors, se sentent obligés de contribuer au développement et au progrès constants du milieu universitaire.

Malgré cela, de bonnes raisons sont souvent à l’origine d’une réponse négative. Deux d’entre elles relèvent des normes professionnelles universitaires et la troisième porte pour sa part sur la gestion du temps.

  1. L’étudiant n’a pas obtenu d’assez bons résultats pour mériter sa lettre (ou d’autres candidats au même poste en ont de meilleurs que lui).
  2. La lettre d’un formateur en particulier pourrait ne pas être prise au sérieux par le comité décisionnel.
  3. Le professeur est inondé de demandes de recommandation et n’est pas en mesure d’accorder à toutes les demandes l’attention qu’elles méritent.

Dans le premier cas, si un étudiant dont les notes sont plutôt moyennes vous demande d’appuyer sa candidature à la maîtrise ou au doctorat, n’hésitez pas. Répondez à l’étudiant dans les plus brefs délais, lui allouant ainsi un maximum de temps pour trouver une solution de rechange. Expliquez-lui que vous devrez évaluer son rendement scolaire de façon explicite dans la lettre et que vous croyez que les résultats qu’il a obtenus dans votre cours réduisent ses chances d’être admis au programme, et ce, malgré son sérieux et son enthousiasme.

Le problème peut être tout autre : une étudiante pourrait avoir reçu une excellente note, mais vous être totalement inconnue. Dites-lui. Expliquez-lui que vous serez en mesure de vanter ses exploits scolaires, mais incapable de l’évaluer sur bon nombre d’autres critères.

La deuxième raison présente une solution semblable. Écrivez à l’étudiant le plus rapidement possible et expliquez-lui que selon ce que vous savez du comité en question, une lettre provenant de vous, aussi enthousiaste soit-elle, ne pourrait lui être aussi utile qu’une autre signée par une personne d’une plus grande renommée que vous, comme un professeur d’expérience ou quelqu’un qui possède de l’expérience pratique à l’extérieur de l’université. Si l’étudiant veut toujours que vous lui écriviez une lettre, n’en mettez pas trop. Vous n’écrirez pas une lettre solide de toute façon, alors conservez vos énergies.

Dans les cas numéro un et deux, il est important de répondre de façon rapide, directe et honnête. Votre objectif est de faire comprendre à l’étudiant qu’il devrait retirer sa demande de référence. Le cas numéro trois est plus complexe. Si vous êtes de ceux qui reçoivent un nombre effarant de demandes, vous devriez établir une politique claire et publique au sujet des lettres de recommandation. Précisez-y le temps dont vous avez besoin pour répondre aux demandes et respectez-le (pour des conseils sur ce que vous pourriez inclure dans cette politique, lisez mon article Comment demander une lettre de recommandation). Vous pouvez y expliquer que vous ne répondez favorablement qu’aux demandes pouvant donner lieu à une lettre qui sera utile, soit à environ X pour cent d’entre elles.

Si ce processus n’allège pas suffisamment votre tâche, vous consacrez probablement trop de temps à chaque lettre. Suivez les instructions de mon article Nouveau regard sur les lettres de recommandation et ne rédigez pas plus de deux versions préliminaires.

Enfin, tentez d’éviter deux erreurs fréquentes :

  1. N’accepter d’écrire des lettres que pour les étudiants qui ont obtenu les meilleures notes dans votre cours.
  2. Être hésitant ou vague lorsque vous répondez aux étudiants.

Dans le premier cas, ce ne sont pas tous les étudiants qui veulent être admis aux études supérieures ou dans une école professionnelle. L’étudiant veut peut-être devenir responsable d’étage aux résidences ou fait un échange universitaire. Dans ces cas, un bon rendement scolaire, sans plus, peut suffire.

Dans le second cas, les étudiants bien préparés auront des plans de rechange, mais ils ne seront pas en mesure de s’en servir jusqu’à ce qu’ils obtiennent une réponse définitive de votre part. Donc, si vous pensez dire non, faites-le aussi rapidement et clairement que possible.

Adam Chapnick est professeur au Collège des Forces canadiennes et au Collège militaire royal du Canada.

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