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Conseils carrière

Les gros avantages des petits laboratoires

Comment choisir son directeur de thèse au doctorat.

par DAVID SMITH | 13 MAR 13

J’ignorais que j’avais commis ce que plusieurs considéraient comme une grosse erreur. Après avoir obtenu mon diplôme de premier cycle en biologie, j’ai entrepris un doctorat dans un petit laboratoire, qui comptait un étudiant au troisième cycle et un professeur à deux ans de la retraite qui, bien que très respecté dans son domaine, était loin d’être célèbre.

J’avais employé une méthode très simple pour choisir ce laboratoire. J’ai consulté le site Web du département de biologie de l’Université Dalhousie, lu les résumés de recherche des professeurs et envoyé un courriel à ceux dont les travaux m’intéressaient. Deux des cinq professeurs à qui j’avais écrit m’ont répondu et voulaient me rencontrer. Les deux étaient sympathiques, mais Bob Lee était extrêmement chaleureux, pragmatique et très emballé par la recherche. Je me suis joint au laboratoire de M. Lee.

Un an plus tard, alors que j’assistais à ma première conférence scientifique, j’ai découvert que bien des étudiants choisissent beaucoup plus stratégiquement leur directeur de thèse. Au banquet, je me trouvais à la même table que des chercheurs au premier et au deuxième cycles provenant de différentes régions de l’Amérique du Nord. Pendant le repas, ils discutaient des différents laboratoires où faire leur doctorat et du choix de leur directeur.

L’une des étudiantes tenait à se joindre à une équipe qui publie régulièrement dans Nature. « S’ils ne comptent pas de publications importantes, et en grand nombre, affirmait-elle, ils ne m’intéressent pas. Je dois avoir accès à des revues prestigieuses pour obtenir un bon poste au niveau postdoctoral. » Un autre prévoyait visiter diverses universités partout dans le monde pour s’entretenir avec des directeurs potentiels. Il a nommé des scientifiques de renom et énuméré leurs travaux. « Ce que je cherche, expliquait-il, c’est un laboratoire qui sert de tremplin vers un emploi dans les plus grandes universités. » Beaucoup de mes compagnons de table avaient déjà communiqué avec des membres des laboratoires qui éveillaient leur intérêt pour s’informer au sujet du directeur et de la dynamique de travail. « Je viens de terminer ma maîtrise dans un laboratoire où travaillaient plus de 25 personnes, a indiqué une jeune femme. Croyez-moi, il y a beaucoup de conflits internes. Votre expérience de travail dans ce type de laboratoire peut devenir un cauchemar. »

Je me demandais comment ces étudiants avaient pu en apprendre autant sur le monde universitaire en aussi peu de temps. Ils soulevaient d’excellents points, et je me trouvais naïf de n’avoir examiné aucune de ces questions avant de commencer mon doctorat. Par contre, j’étais heureux au laboratoire de M. Lee, et mes recherches progressaient très bien.

J’ai rapidement réalisé que mon expérience de doctorant était différente de celle de mes pairs en poste dans de grands laboratoires. Ceux-ci se plaignaient régulièrement de devoir attendre des mois avant que leurs directeurs lisent et corrigent leurs travaux. Certains ne pouvaient pas avoir d’entretien avec leurs directeurs pendant des semaines et, lorsqu’ils obtenaient enfin une rencontre, ils disposaient bien souvent de moins de 30 minutes. Dans d’autres cas, les chercheurs principaux participaient à de nombreuses réunions partout dans le monde et étaient rarement au laboratoire. Un jour, j’ai demandé à une amie faisant partie d’un important groupe de recherche si elle croyait que son directeur accepterait de réviser un de mes articles, qui portait sur la recherche qu’elle menait à son laboratoire. « Bien sûr, a-t-elle répondu. Fais la queue. »

J’étais choyé de travailler dans un petit laboratoire. Si je donnais un article à Bob le vendredi, il me le rendait le lundi et nous passions la semaine à y travailler ensemble. Si je préparais une conférence, Bob assistait toujours à quelques-unes de mes répétitions. Si j’avais une question sur la recherche, j’allais le voir à son bureau et il me disait : « Comment ça va, Smitty? Assieds-toi. » Comme nous n’étions que quelques personnes au laboratoire, nos réunions se déroulaient au café du campus et se terminaient souvent tard dans l’après-midi. Nous y tenions des débats animés sur la science. Tous ces échanges ont stimulé ma productivité et enrichi ma formation de scientifique. Mais, plus important encore, ils rendaient la recherche amusante.

Les petits laboratoires ont habituellement des ressources financières restreintes. Je n’ai toutefois jamais senti que cette réalité limitait mon potentiel de recherche. Au contraire, elle m’a peut-être amené à être plus débrouillard et à miser sur la collaboration, ce qui m’a permis de publier un grand nombre d’articles. Et puis, comme le laboratoire ne comptait qu’un autre chercheur, je n’avais pas à me mesurer à de nombreuses personnes pour profiter des ressources disponibles. Grâce à l’aide de mon directeur et à des indemnités de voyage (souvent réservées aux étudiants des petits laboratoires), j’ai pu assister à au moins une conférence à l’étranger chaque année.

Après mon doctorat, j’ai quitté mon petit laboratoire, où j’effectuais ma recherche en toute quiétude tout en profitant d’un accès sûr aux ressources, pour me joindre à une grande équipe de recherche où le rythme était trépidant et la concurrence était forte. La transition a présenté quelques défis, mais les compétences que j’avais acquises en travaillant dans un petit laboratoire (l’autonomie et la capacité de travailler en collaboration) m’ont aidé à bien m’intégrer à mon nouvel environnement. Je m’estime privilégié et chanceux d’avoir pu connaître les deux extrêmes du travail en laboratoire. Les grands laboratoires exercent un attrait certain, mais j’encourage tous les étudiants, surtout ceux qui en sont aux premières étapes de leur formation, à envisager de travailler dans un petit laboratoire. Dans mon cas, cette expérience a été très profitable.

David Smith est détenteur de la bourse de recherche postdoctorale Izaak Walton Killam et fait partie du département de botanique de l’Université de la Colombie-Britannique.

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