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Conseils carrière

Les introvertis et les extravertis n’apprennent pas de la même manière

Les professeurs doivent adapter leur enseignement aux forces de chaque groupe.

par NICKI MONAHAN | 10 FEV 16

Lors d’une récente séance de formation au Centre d’innovation pédagogique de l’Université Brock, j’ai voulu explorer les répercussions du tempérament sur l’apprentissage. Le succès de librairie de Susan Cain, Quiet: The Power of Introverts in a World that Can’t Stop Talking, m’a fait réfléchir aux préférences des introvertis et des extravertis en matière d’apprentissage et aux difficultés qui en découlent pour les professeurs.

Quoique les notions d’introversion et d’extraversion étaient familières à bon nombre des participants à la séance, nous avons tout de même étudié le tempérament relatif aux préférences sur le plan de la stimulation et aux différentes conceptions des relations sociales et de la solitude. J’ai d’abord remis en cause certaines idées fausses en faisant la distinction entre l’introversion et la timidité. Une personne peut être à la fois introvertie et timide, mais ces deux caractéristiques ne sont pas synonymes. Une personne plutôt introvertie peut être sociable, mais préférer les moments de solitude et en avoir besoin après de longues interactions.

La discussion était surtout axée sur l’influence du tempérament sur l’apprentissage des étudiants. Le type introverti est habituellement à l’aise en salle de conférence. Apprenant principalement en écoutant et en lisant, il doit prendre le temps de réfléchir et de prendre des notes avant d’échanger verbalement avec d’autres. Quant au type extraverti, il est susceptible de penser à voix haute. Il s’installe aisément dans une discussion en groupe. Or les preuves de l’efficacité de l’apprentissage actif et la saine tendance vers la collaboration créent un dilemme pour les professeurs. Les étudiants introvertis sont-ils défavorisés lorsqu’on évalue la « participation » en remarquant ceux qui s’expriment au sein d’un grand groupe?

Après avoir débattu du possible parti pris pour l’extraversion, un participant est revenu sur une question déjà posée : « Notre culture nord-américaine nous incite-t-elle à pousser nos étudiants vers l’extraversion? »J’ai appelé les participants à réfléchir à leurs opinions sur le tempérament et l’influence de ces opinions sur le déroulement des cours. À la suite d’une autoréflexion sur la possibilité que nos opinions préconçues récompensent les extravertis pour leurs caractéristiques innées aux dépens des introvertis, j’ai proposé deux démarches pour gérer ces différences fondamentales.

La première est le « choix cohérent » : si possible, on offre aux étudiants le choix d’un mode d’apprentissage correspondant à leur tempérament. Un étudiant introverti pourrait donc travailler seul au lieu de se joindre à un groupe, obtenir un moment pour réfléchir ou prendre des notes avant de s’adresser à la classe, ou encore être évalué au moyen d’un travail écrit au lieu d’un exposé oral. Les étudiants extravertis pourraient, de leur côté, choisir les autres options.

J’ai aussi proposé la « méthode équitable de prise de risques ». Tandis que le choix cohérent laisse les étudiants évoluer dans leur zone de confort, nous avons convenu qu’il faut souvent en sortir pour apprendre. J’ai toutefois émis l’hypothèse que nous demandons aux introvertis de faire davantage de concessions qu’aux extravertis. Nous avons reconnu que nous exigeons souvent d’un étudiant introverti qu’il « parle plus fort », qu’il « participe », qu’il « travaille en équipe » et qu’il « montre du leadership ». Parions que peu d’entre nous demandent à l’étudiant extraverti de « penser d’abord », de « réfléchir », d’« écouter » et de « favoriser la participation des autres ». Dans une classe où on adopte la méthode équitable de prise de risques, les étudiants cernent leurs forces et leurs points à améliorer, et ils sont tous invités à prendre des risques, sans exception.

Quelques semaines après cette séance de formation, j’ai demandé aux participants de formuler des commentaires. Bon nombre d’entre eux ont confirmé avoir changé certaines choses après nos discussions. « J’ai songé à l’influence de la participation dans les notes que j’accorde et je réfléchis à d’autres façons de noter la participation », m’a confié un participant. Une autre professeure a admis que sa démarche était teintée de partis pris intrinsèques. « J’ai compris que la structure de mon cours demande certains efforts aux introvertis que les extravertis n’ont pas à faire. Je me suis vraiment demandé comment je pouvais favoriser l’apprentissage des introvertis et des extravertis dans un contexte agréable, mais exigeant. »

Enfin, un autre participant a songé aux répercussions sur l’étudiant qui entre sur le marché du travail : « Je n’avais jamais entendu l’expression “culture de l’extraversion” avant la séance, mais elle m’a marqué. Puisque je travaille en perfectionnement professionnel, cela m’a fait comprendre combien le processus de recrutement favorise naturellement les extravertis même si l’extraversion n’est pas un gage de réussite pour l’emploi. »

Que ce soit en classe ou au travail, les introvertis et les extravertis ont différentes forces. Au lieu d’essayer de convertir les introvertis en extravertis – ou l’inverse –, tirons parti de leurs forces et récompensons la prise de risques pour réaliser leur plein potentiel.

 

COMMENTAIRES
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  1. France Harvey / 29 février 2016 à 10:32

    Bonjour,

    Article intéressant mais il y a aussi les ambivertis. À des tests d’orientation c’est cette caractéristique qui me définie plutôt. Merci !

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