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À mon avis

Comment aborder la stratégie internationale

Beaucoup plus vaste que par le passé, la stratégie internationale des universités nécessite la participation de nombreux professionnels au sein de l’université.

par LORNA JEAN EDMONDS | 08 JUILLET 13

Une conférence sur les tendances internationales en enseignement supérieur à l’intention des hauts dirigeants universitaires a eu lieu à Ottawa durant la dernière semaine de juin et a réuni des conférenciers du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Brésil, de la Chine, des États-Unis, de la France et du Canada. Intitulée « Les universités canadiennes dans le monde : discussion sur les tendances et possibilités à l’échelle internationale », l’activité était organisée conjointement par l’Association des universités et collèges du Canada et l’Université de l’Alberta et présidée par Carl Amrhein, provost et vice-recteur à l’enseignement à l’Université de l’Alberta.

Bien que les représentants des médias n’aient pu assister à la majeure partie de la conférence, la baronne Diana Warwick a fait parvenir un résumé des discussions au magazine Affaires universitaires après la première moitié du programme. Mme Warwick est membre de la Chambre des Lords et pair à vie depuis 1999. Elle a été députée du Parti travailliste et présidente-directrice d’Universities UK (jusqu’en 2009), et est l’actuelle présidente du conseil d’administration de la Human Tissue Authority. Voici ce qu’elle avait à dire aux participants.

Il y a un thème qui ressort, tel un fil conducteur, de toutes les séances de la conférence. Les universités du Canada, comme celles d’ailleurs dans le monde, font de plus en plus l’objet de remises en question de la part des politiciens, des contribuables et, bien sûr, des étudiants, sur toute une gamme d’enjeux.

Le rôle qu’elles occupent depuis longtemps est-il encore pertinent, vu l’évolution de l’enseignement supérieur vers un système de masse? Ce matin, Indira Samarasekera [rectrice de l’Université de l’Alberta] a fait référence au modèle Humboldt. Au Royaume-Uni, du moins, il serait difficile d’affirmer que toutes les universités adhèrent à ce modèle.

Les universités ont-elles un rôle à jouer en matière de politiques publiques? Les tensions inhérentes à une trop grande proximité du gouvernement planent en permanence, mais il n’en demeure pas moins que le gouvernement s’attend à ce que l’argent qu’il investit dans les universités produise des retombées, même lorsque le financement public ne représente qu’une faible partie du revenu total des universités, comme c’est le cas au Royaume-Uni.

Les universités améliorent-elles les perspectives de carrière de leurs étudiants? Il est évident que les étudiants (et leurs parents) se montrent de plus en plus exigeants sur ce plan, mais les professeurs s’inscrivent souvent en faux contre l’idée que les perspectives professionnelles devraient déterminer en partie leur approche pédagogique.

Les universités améliorent-elles la mobilité sociale? Dans un sens, oui, certainement. Comme nous l’avons entendu ce matin, c’est là un des résultats les plus importants de la formation universitaire. Pourtant, encore une fois, des tensions apparaissent lorsque les gouvernements veulent que des mesures explicites soient prises pour aider les groupes défavorisés. Au Royaume-Uni, le recours à des données contextuelles pour accepter des étudiants ne possédant pas toutes les qualifications requises est encore contesté, même si des données probantes montrent que ces étudiants s’en sortent aussi bien, sinon mieux, que leurs pairs.

Malgré ces tensions inhérentes, la confiance envers les universités semble n’avoir aucune limite. En effet, même si la plupart des pays procèdent à des réductions de leurs dépenses, on demande aux universités de remplir tout une gamme de rôles nouveaux ou inhabituels : on s’attend à ce que leurs excellentes activités de recherche soient plus étroitement liées aux domaines économiques dans lesquels leurs pays livrent concurrence sur la scène internationale, à ce que leurs intellectuels alimentent les débats entourant les politiques publiques, et à ce que les universitaires descendent dans la rue pour appuyer leur collectivité et la société civile. C’est ce que Nigel Thrift [conférencier et recteur de l’Université de Warwick] appelle le « kaléidoscope des rôles ».

Pourtant, si je me fie à mon expérience au Royaume-Uni et à ce que j’ai pu constater ailleurs, il n’y a pour ainsi dire aucune réflexion fondamentale en cours au sujet de l’évolution du milieu universitaire et de la façon dont il devrait réagir aux changements et aux défis qui se présentent.

Chaque système se bat pour figurer dans les classements mondiaux. Il est d’ailleurs étonnant que les dirigeants universitaires protestent contre les classements, affirmant qu’ils ne signifient et ne mesurent rien, mais qu’ils s’empressent de citer tous ceux où leur établissement occupe une position avantageuse!

Si je me fie à la situation au Royaume-Uni, il est évident que l’équilibre entre compétitivité et collaboration est encore difficile à atteindre. Les universités qui souhaitent se démarquer doivent se battre pour obtenir des ressources qui se font rares et attirer des étudiants qui se montrent de plus en plus sélectifs dans leurs choix de programmes d’études. Elles cherchent donc des façons de collaborer ou envisagent même des fusions pour être en mesure de développer la masse critique nécessaire.

Le financement de la recherche est déjà très concentré, et la croyance de longue date voulant que l’interrelation de l’enseignement et de la recherche constitue un des principes fondamentaux de ce qu’on entend par « université » est visiblement ébranlée.

Alors que notre gouvernement [le gouvernement du Royaume-Uni] semble déterminé à protéger le budget alloué à la science (malgré les difficultés financières actuelles), le financement de l’enseignement est aujourd’hui principalement l’affaire des étudiants plutôt que de l’organisme subventionnaire public. On parle des universités « coincées dans le milieu », c’est-à-dire celles qui ne figurent pas parmi les grandes universités, mais qui doivent tout de même livrer une concurrence féroce pour attirer de bons étudiants.

Malgré tout, un des messages clés qui sont ressortis de nos séances de discussion jusqu’à maintenant est le désir, ou plutôt le besoin de mener des collaborations au-delà des frontières pour profiter des réels avantages de l’internationalisation. La stratégie internationale ne se limite désormais plus aux professeurs; elle englobe également le personnel des services juridiques, les administrateurs, le personnel des bibliothèques. Les activités internationales pourraient-elles donc encourager une plus grande collaboration à l’intérieur des murs des établissements?

En terminant, la question de la mobilisation des professeurs dans le cadre de la stratégie internationale semble revenir fréquemment. Une grande importance est accordée aux mécanismes de soutien, aux agents du changement, aux ambassadeurs et à l’engagement ferme des établissements, mais tous ces éléments sont tributaires de la réaction variable du personnel et à leur faible adhésion. Il est donc essentiel de trouver des outils de motivation et des mesures d’encouragement (généralement financières), tout comme il est nécessaire d’éliminer tout obstacle perçu à l’adoption de la stratégie internationale.

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