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À mon avis

Pour atteindre une population étudiante diversifiée

L’importance de connaître la conception universelle de l’apprentissage.

par JODY GORHAM + BARBARA ROBERTS | 06 AOÛT 14

Enseigner à un effectif étudiant diversifié pose de nombreux défis en classe. Les demandes de mesures d’adaptation pour les étudiants présentant un handicap, les étudiants étrangers, les étudiants de première génération et les étudiants allophones peuvent en effet complexifier l’élaboration et la prestation du programme d’enseignement. Comment répondre à tant de besoins divers tout en assurant l’équité en classe?

Le Center for Applied Special Technology (CAST) du Massachusetts a proposé la conception universelle de l’apprentissage (CUA, en anglais « Universal Design for Learning ») au milieu des années 1990 en se fondant sur les neurosciences appliquées à l’apprentissage. Les principes de la CUA font appel à l’utilisation de matériel didactique, d’activités d’apprentissage et de méthodes d’évaluation qui élimine les obstacles et réduit les demandes d’exemption et de mesures d’adaptation, tout en favorisant la participation des étudiants à un véritable apprentissage.

La CUA se veut proactive plutôt que réactive. Ainsi, au lieu de proposer des exceptions individuelles dans le cadre d’un enseignement traditionnel, les professeurs qui adoptent la CUA préparent d’emblée de multiples méthodes pédagogiques. Par exemple, ils peuvent afficher à l’avance les diapositives du cours suivant, permettant ainsi aux étudiants d’explorer les principaux concepts avant la séance, ce qui facilite leur compréhension. Les étudiants qui emploient des dispositifs d’aide fonctionnelle peuvent ainsi convertir les ressources du cours en documents utilisables : un étudiant qui voit mal, par exemple, agrandira la police de caractères. D’autres étudiants peuvent également utiliser leur ordinateur portable en classe pour taper leurs notes à côté des diapositives affichées à l’écran. L’affichage des diapositives à l’avance aide aussi les étudiants qui peinent à écrire à la main et les étudiants pour qui le français est une langue seconde qu’ils ne maîtrisent pas encore à l’écrit.

Certains professeurs craignent que les étudiants n’assistent plus au cours s’ils ont accès aux diapositives à l’avance. Ce sera sans doute le cas pour certains étudiants, mais de nombreuses études montrent que les absents aux cours sont désavantagés lors des évaluations.

La CUA n’est plus une notion nouvelle. Les écoles primaires et secondaires du Canada et des États-Unis en appliquent les principes depuis plusieurs années et les documents de formation à ce sujet abondent. Il suffit de consulter les sites du CAST et du National Center on Universal Design for Learning pour se faire une idée de l’influence de cette théorie sur l’éducation publique.

L’adoption des principes de la CUA est également évidente sur les sites Web de tous les ministères provinciaux de l’Éducation. Au Nouveau-Brunswick, les écoles primaires et secondaires ont ainsi l’obligation d’offrir aux élèves des mesures d’adaptation universelles, définies comme suit : « les stratégies, les technologies ou les ajustements qui permettront à l’élève d’atteindre les résultats d’apprentissage prescrits » et qui peuvent être utilisés à la discrétion de l’enseignant ou de l’élève.

À l’université, certains professeurs prévoient une période prolongée pour tous leurs examens. Par exemple, dans le cas d’un cours d’une heure, il se peut que certains étudiants aient besoin de plus de temps pour terminer un examen que la majorité qui termine en 30 minutes. On accorde donc l’heure entière pour faire l’examen et on donne une lecture préparatoire pour le cours suivant à ceux qui terminent plus tôt. Cette lecture peut également être imposée en devoir aux autres étudiants, selon la valeur que lui attribue le professeur.

La CUA se taille à présent une place en éducation postsecondaire, où elle est le plus souvent préconisée par les centres d’excellence en enseignement et les services aux personnes handicapées. Quelques établissements canadiens, dont l’Université de Guelph, l’Université Trent et l’Université de Toronto à Scarborough, considèrent comme prioritaire d’enseigner aux professeurs comment appliquer la CUA. Ceux qui suivent la formation signalent qu’à terme, après une période d’apprentissage et d’adaptation, la méthode leur permet de gagner du temps.

L’application de la CUA au niveau postsecondaire pose toutefois des défis complexes. Les professeurs y sont des spécialistes de leur discipline, pas nécessairement des experts en pédagogie. Ils doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui sollicitent leur temps et leur attention. Pourquoi alors devraient-ils consacrer temps, énergie et attention – des ressources précieuses et limitées – à la formation sur la CUA?

La réponse est quelque peu brutale : parce qu’ils n’ont pas le choix. Une vague est sur le point de déferler. Les classes homogènes où les étudiants présentaient des aptitudes, des antécédents, une ethnicité, des intérêts, un style d’apprentissage, une langue et des attentes semblables sont chose du passé – en supposant qu’elles aient jamais existé. L’augmentation du nombre d’étudiants étrangers, le mouvement pour l’inclusion et l’adoption des stratégies issues de la CUA aux niveaux primaire et secondaire multiplient les besoins en matière d’accès universel par un effectif étudiant de plus en plus diversifié. Les professeurs qui savent manier les outils de la CUA pourront négocier cette vague avec confiance et succès. Ils pourront joindre plus d’étudiants qu’auparavant tout en économisant temps et énergie.

Le centre d’excellence en enseignement et les services aux personnes handicapées de votre établissement peuvent vous renseigner au sujet des formations offertes sur la CUA. L’Université du Nouveau-Brunswick à Fredericton organise également un symposium pour les éducateurs intitulé La conception universelle en enseignement postsecondaire : réalité ou utopie?, en novembre prochain. Soyez-y!

Jody Gorham est la directrice du centre d’accessibilité aux études et Barbara Roberts est l’agente des droits de la personne au campus de Fredericton de l’Université du Nouveau-Brunswick.

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