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À mon avis

Pourquoi les enseignants-chercheurs devraient tweeter

« Si vous n’êtes pas capables de résumer votre travail en un Tweet, c’est que vous ne l’avez pas compris vous-même, ou que vous serez obligés d’utiliser le #Thread. »

par HUGO GAILLARD | 11 OCT 18

Cet article a été publié à l’origine sur le site Web The Conversation. Lisez l’article original.

Si Twitter est le réseau social préféré des institutions scientifiques, les chercheurs qui y tiennent un compte en leur nom propre sont encore minoritaires, comme le soulignait dès 2014 une étude du CNRS. Une défaillance à corriger désormais sans tarder? Nous proposons ici une revue des principaux avantages pour la recherche, pour les chercheurs et pour la société civile d’un médiateur tel que Twitter.

S’il est certain que nos revues spécialisées (dont le classement est d’ailleurs discuté fréquemment) sont essentielles à la conversation scientifique, pour repousser les limites de la connaissance, à quoi toutes ces réflexions serviraient-elles si l’on n’en fait rayonner les apports?

Twitter, le réseau social qui gazouille, très utilisé par les jeunes, permet de rapprocher la culture scientifique, et plus simplement la science, de ceux qui n’y sont pas confrontés au quotidien dans les laboratoires, mais qui y ont néanmoins affaire dans leurs choix de tous les jours, qu’il s’agisse de consommation, de mobilité ou encore de soins de santé.

De nouveaux terrains de recherche

Au-delà de ces enjeux de diffusion vers le grand public, n’oublions pas que Twitter permet aussi de toucher plus spécifiquement les entreprises, très présentes sur le réseau. Un aspect non négligeable pour la recherche en gestion, où la question de l’impact est fondamentale, presque structurelle, puisque cette science n’a d’avenir que si elle se nourrit du terrain et que le terrain peut se nourrir d’elle. Et n’est-ce pas finalement le cas, à des degrés et sur des échelles de temps divers, de toutes les sciences?

Les discussions qui naissent des gazouillis permettent ainsi de se rapprocher de ses objets d’études. Prenons un exemple peu représentatif, le nôtre. À la suite d’un simple Tweet que nous avions écrit pour relayer un article), nous nous sommes retrouvés, avec deux collègues, en plein milieu du tournage d’un pipeline de talents musical, pour y étudier les liens entre hip-hop et management. Une expérience que nous avons pu partager ensuite sur les réseaux sociaux, rapprochant fans de musiques urbaines et fans de management.

Par les voies de communication classique, jamais ces terrains de recherche atypiques n’auraient été accessibles. Twitter a donné l’impulsion de cette conversation scientifique inattendue. En parallèle d’un travail de médiation, il a donc servi de creuset à l’innovation.

Des opportunités pédagogiques

Twitter offre aussi aux enseignants que nous sommes l’occasion inespérée de proposer à nos étudiants une information complémentaire, plus interactive que la très traditionnelle « Bibliographie indicative », qui finit souvent au fond d’un sac (pour les plus chanceuses) ou d’une poubelle. Nous testons régulièrement la mise à disposition d’un #Hashtag pour chaque cours, que chaque promotion s’approprie à sa manière. Certains vont même transmettre leurs plans d’exposés ou questions de cours par ce canal.

Plus décalé, le ton sur Twitter laisse aussi davantage place à l’opinion, ce qui peut concourir au développement d’un raisonnement critique. Autre apport, la réduction des distances entre enseignant et étudiant, ce qui est particulièrement vrai dans les universités de grande taille, où les amphis peuvent regrouper plus de 300 étudiants. Avec un vrai potentiel d’échanges en matière de culture générale.

Des retours de pairs

La distance se trouve également réduite entre les collègues, ou encore entre les doctorants et les enseignants chercheurs titulaires, ce qui peut aider à « tester » son approche auprès d’un professeur référent dans son domaine d’étude, en encore de signaler et ancrer sa présence en tant que chercheur débutant sur un sujet donné.

Enfin, prendre le pouls d’une conférence via un #Hashtag est beaucoup plus aisé via Twitter que via un traditionnel questionnaire post événement. Les LiveTweet permettent de figer des instants de communication et d’ancrer l’éphémère échange en colloque dans le temps. Il est également possible de mettre en avant un chercheur afin de discuter de son travail sur Twitter.

Attention tout de même, à l’heure ou chaque ligne, chaque lettre écrit par les individus peut se retourner contre lui, il faudra être capable, en tant que chercheur, d’assumer jusqu’au plus ancien Tweet de sa carrière, avec les conséquences que l’on peut observer dans tous les métiers. Cela nous annonce des débats d’anthologie par gazouillis interposés.

Un défi à relever

Si en 2017, nous avions été nombreux à marcher pour les sciences, en postulant que celles-ci pouvaient contribuer à éclairer la société, pourquoi ne pas essayer un petit peu de lumière bleue?

Il y aura certainement autant d’usages de Twitter que de chercheurs, mais la société a en tout cas besoin d’une science qui s’assume et de chercheurs qui éclairent, comme ils l’ont toujours fait. « Si vous n’êtes pas capable d’expliquer quelque chose à un enfant de 6 ans, c’est que vous ne le comprenez pas vous-même. »

Cette citation que l’on attribue à Albert Einstein pourrait plus rapidement que prévu se transformer en la formule suivante : « Si vous n’êtes pas capables de résumer votre travail en un Tweet, c’est que vous ne l’avez pas compris vous-même, ou que vous serez obligés d’utiliser le #Thread. »The Conversation

Hugo Gaillard, Doctorant en Sciences de Gestion et chargé de cours en GRH, Le Mans Université.

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