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Quand les scientifiques se fâchent

Une marche funèbre sur la Colline du Parlement pour dénoncer la « mort de la preuve scientifique ».

par LÉO CHARBONNEAU | 12 JUILLET 12

Quelque 1 500 scientifiques, étudiants et sympathisants ont formé un cortège funèbre sur la Colline du Parlement à Ottawa le 10 juillet pour dénoncer la « mort de la preuve scientifique ». Comme on peut le lire sur le site Web des organisateurs de la manifestation, « jusqu’à tout récemment, la preuve scientifique jouait un rôle important pour orienter les décisions des leaders canadiens. Mais cette voix s’est éteinte tragiquement après une série de compressions à plusieurs programmes scientifiques. »

Les manifestants ont déambulé en scandant « Pas de science, pas de preuve, pas de vérité, pas de démocratie ».

La marche funèbre était organisée par Katie Gibbs, étudiante au doctorat au département de biologie de l’Université d’Ottawa, et par Scott Findlay, professeur agrégé et ancien directeur de l’Institut de l’environnement de l’Université d’Ottawa.

« Les scientifiques font rarement des vagues, mais la série de décisions prises par le gouvernement en a rendu un grand nombre furieux », a expliqué M. Findlay dans un reportage à la CBC.

« Nous avons nettement l’impression d’assister à une attaque systématique contre la science et à des compressions dans les programmes qui risquent de produire des résultats non conformes aux plans du gouvernement conservateur, a ajouté Mme Gibbs. Nous croyons que la plupart des Canadiens, peu importe leurs valeurs ou leurs croyances, estiment que les politiques doivent être fondées sur des preuves et des faits. »

Des scientifiques sont venus de partout au Canada pour participer au rassemblement. Certains étaient déjà en ville pour participer à une conférence sur la biologie évolutionniste.

« Je suis très étonnée du nombre de scientifiques présents aujourd’hui, a poursuivi Mme Gibbs. Nous nous trouvons à la croisée des chemins dans l’histoire du Canada. Si nous ne nous portons pas à la défense de la science, personne ne le fera. »

Selon un document d’information préparé par les organisateurs, « les signes que le gouvernement en poste mène une campagne systématique pour réduire la communication de la preuve scientifique à la population canadienne sont nombreux ». Parmi ces signes annonciateurs, mentionnons :

  • le musellement des scientifiques qui travaillent pour le gouvernement canadien, un sujet qui a fait l’objet d’une séance publique lors du congrès de l’AAAS à Vancouver en février et donné lieu à un éditorial dans le magazine Nature;
  • la fermeture largement médiatisée de la Région des lacs expérimentaux du ministère des Pêches et des Océans, une installation de recherche de renommée mondiale située dans le nord-ouest de l’Ontario;
  • la fin de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, un comité consultatif indépendant chargé de fournir des avis objectifs sur la durabilité environnementale et le développement économique;
  • le retrait du financement fédéral de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère, ce qui a entre autres mené à la fermeture du Laboratoire de recherche sur l’atmosphère et l’environnement polaire;
  • la décision, en 2008, de ne pas remplacer le conseiller scientifique national;
  • l’élimination du formulaire long du recensement en 2010 et son remplacement par une version non obligatoire, ce qui a mené à la démission du statisticien en chef de Statistique Canada, Munir Sheikh.
À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
COMMENTAIRES
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  1. Alain Gendron / 13 juillet 2012 à 09:26

    Bravo pour cette initiative.
    En effet, ce gouvernement de droite, à connotation créationniste, s’évertue à discréditer la science. Ils coupent les vivres à toute organisation qui ne partage pas leur vision « économiste ». Préférant subventionner des études sur les impacts de l’énergie éolienne sur la santé, ils mettent fin à celles concernant l’extraction du pétrole des sables bitumineux ou l’exploitation des gaz de schiste.
    Malheureusement, il nous faudra attendre les prochaines élections fédérales pour nous débarrasser de ce gouvernement. En attendant, continuons à dénoncer ces décisions qui vont à l’encontre du « gros bon sens ».
    J’ai honte d’être canadien ces temps-ci.

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