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Les universités d’art et de design s’adaptent pour montrer la valeur de leurs diplômes

Une variété de nouveaux programmes d’études du design et des médias attire les étudiants en raison des perspectives d’emploi.

par ROSANNA TAMBURRI | 06 NOV 14

En 1996, quand Ron Burnett a pris la barre de l’Université d’art et de design Emily-Carr à Vancouver, la majorité des étudiants étaient inscrits dans les programmes d’arts visuels. Aujourd’hui, environ 35 pour cent des étudiants sont inscrits à des programmes d’arts visuels : 40 pour cent étudient le design, la discipline qui croît le plus rapidement, et le reste, les médias. « La demande des étudiants a changé, affirme M. Burnett, nous leur offrons donc maintenant des programmes variés qui incluent les arts visuels à toutes les autres disciplines offertes. »

Les changements résultent d’une évolution plutôt que d’un remaniement. L’Institut a lancé son premier programme d’animation dans les années 1960; selon le site Web de l’Institut, même pendant la grande dépression des années 1930, l’intérêt des étudiants pour le design, un programme plus pragmatique que les autres, croissait.

D’ailleurs, depuis une quinzaine d’années, trois grandes écoles canadiennes d’art et de design (Emily Carr, l’OCAD de Toronto et le NSCAD d’Halifax) sont devenues des universités et ont voulu accroître leur attrait en offrant une gamme élargie de programmes d’études du design et des médias et en favorisant la recherche. Elles ont introduit des programmes d’études aux cycles supérieurs, des cours d’histoire de l’art et de critique d’art, des laboratoires de recherche et, plus récemment, des programmes d’études du design et des médias numériques. Les changements sont en partie attribuables aux pressions exercées par les inscriptions d’une cohorte d’étudiants préoccupée par les perspectives d’emploi.

L’OCAD a compris il y a des années que le marché des arts visuels était à sec, selon sa rectrice Sara Diamond. En Ontario, le centre qui gère les inscriptions à l’université des étudiants provenant directement des écoles secondaires a indiqué en septembre que les inscriptions à l’OCAD étaient en baisse de 15,4 pour cent cet automne. La hausse des inscriptions d’étudiants adultes et du nombre de transferts a toutefois compensé la baisse, ce qui fait que les inscriptions au premier cycle n’ont globalement chuté que de deux pour cent, soutient Mme Diamond. Quoi qu’il en soit, le nombre total d’inscriptions a augmenté pour la cinquième année consécutive. Toutefois, le scepticisme croissant à propos de la valeur d’un diplôme en art ou en design a des répercussions. « Certains parents et médias croient encore fermement que ces disciplines ne mènent nulle part, affirme-t-elle. Nous travaillons très fort pour démentir cette croyance. »

Les nouveaux programmes combinent le génie, le commerce et la science avec l’art et le design. Parmi ceux ci, on compte un programme de technologies numériques de l’avenir, une maîtrise en design inclusif et une maîtrise en design de la santé qui sera lancée en 2016. Une autre nouvelle initiative, un incubateur de jeunes entreprises, vient de recevoir un financement de près d’un million de dollars du gouvernement de l’Ontario. L’Imagination Catalyst est un endroit où les entreprises peuvent recevoir de l’aide afin de résoudre des problèmes en matière de recherche. Certains étudiants qui ont travaillé sur ces projets ont par la suite été embauchés par les entreprises.

Toutefois, de tels changements dans les programmes ont contribué à créer des tensions à l’OCAD, où des professeurs se sont récemment opposés à la nomination de Mme Diamond pour un troisième mandat. « Nous pensions que notre université était un établissement d’art et de design, mais elle est en train de devenir tout sauf ça », a dit un professeur au Globe and Mail.

Chose certaine, alors que toutes les universités subissent la pression de démontrer la valeur de leurs diplômes, certaines disciplines sont plus durement touchées que d’autres. Cet automne, les inscriptions en première année aux programmes de formation générale en arts ont baissé, selon le Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario, tandis que les inscriptions en génie, en mathématiques et en sciences se sont maintenues ou ont augmenté.

Les programmes d’art et de design sont plus scrupuleusement examinés par les étudiants et leurs parents que les autres, sans que cela ne soit nécessairement justifié. Une nouvelle étude du Conseil des universités de l’Ontario a révélé que les taux d’emploi des étudiants en beaux-arts et en arts appliqués ayant obtenu leur diplôme en 2011 étaient semblables à ceux de la plupart des autres disciplines : 86 pour cent six mois après l’obtention du diplôme et 92 pour cent deux ans après. Toutefois, le salaire annuel moyen des diplômés en beaux arts se situait sous la moyenne, à 30 737 $ six mois après l’obtention du diplôme et à 35 993 $ deux ans après.

M. Burnett rejette la notion populaire de l’artiste affamé en la qualifiant de simple blague. Bon nombre de ses diplômés ont obtenu des emplois lucratifs dans les industries du cinéma et du jeu vidéo et à Silicon Valley, dit-il. Les programmes de conception d’interactions et de design industriel ont mené à des professions extraordinaires assorties de salaires élevés, ajoute-t-il. Un sondage récemment effectué auprès des diplômés de l’Université Emily-Carr des 15 dernières années a révélé que plus de 90 pour cent d’entre eux avaient un emploi et que leur revenu annuel variait de 20 000 $ à 100 000 $. « Leur portrait est très semblable à celui des diplômés d’une université traditionnelle », soutient M. Burnett. De plus, le nombre total d’inscriptions a augmenté de quatre pour cent cette année, et l’Institut manque d’espace. En 2017, un nouveau campus plus grand devrait ouvrir ses portes à l’est du campus actuel.

La recherche constitue un autre secteur de croissance pour les universités d’art et de design. Au NSCAD, des chercheurs en design travaillent avec des personnes soignantes afin de modifier des chambres pour répondre aux besoins de la population vieillissante; d’autres travaillent avec l’industrie agricole pour faire pousser de nouvelles plantes qui pourront être transformées en textiles. Selon Kenn Honeychurch, provost et vice-recteur à l’enseignement et à la recherche, le NSCAD a participé à un programme provincial de bons, distribuant aux PME de petites subventions pour résoudre un problème en collaborant avec des chercheurs universitaires. « Le NSCAD s’est rapidement rendu compte que la recherche en arts visuels prenait de l’importance et devenait interdisciplinaire », ajoute-t-il.

Toutefois, l’établissement accuse continuellement un déficit budgétaire, et son avenir est incertain. Un rapport de 2010 commandé par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse recommandait une fusion entre le NSCAD et l’Université Dalhousie ou l’Université Saint Mary’s, mais le conseil d’administration du NSCAD a rejeté l’idée cette année. Une étude commandée par le NSCAD a conclu qu’une fusion ne réduirait pas les coûts, affirme M. Honeychurch. Dans les pays où elles ont fusionné avec des universités généralistes, les écoles d’art sont devenues des départements « au bas de la liste d’attribution des ressources ». De plus, le ciel semble s’éclaircir : le nombre d’inscriptions a augmenté cette année pour la première fois depuis 2008, en grande partie grâce aux transferts d’étudiants et aux étudiants étrangers.

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