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Actualités

Un portail qui propose des contenus rédigés par des universitaires

The Conversation permet aux universitaires de prendre part à la... conversation

par DIANE PETERS | 27 AVRIL 16

Le modèle journalistique traditionnel, caractérisé par un financement de la rédaction et de la recherche au moyen de la publicité et des abonnements, est en difficulté. De nouveaux modèles émergent. Les universitaires jouent un rôle clé dans l’un de ces modèles les plus prometteurs, le portail Web The Conversation. Créé en Australie en 2011, ce portail compte désormais cinq éditions, dont une édition des États-Unis, en phase pilote. The Conversation propose des contenus intelligents et fondés sur de solides recherches, rédigés gratuitement par des universitaires (parmi lesquels beaucoup de Canadiens), puis révisés par son personnel de journalistes rémunérés. Le slogan du portail : « L’expertise universitaire, l’exigence journalistique ».

« Nous souhaitons créer une véritable salle de nouvelles internationale », explique le directeur général de l’édition des États-Unis, Bruce Wilson. Lancé en octobre 2014, le site de cette édition ne cesse d’embaucher du personnel et d’ouvrir de nouveaux bureaux. De nouvelles éditions devraient voir le jour – dont une édition canadienne, possiblement dirigée par l’Université de la Colombie-Britannique, selon une source désireuse de rester anonyme jusqu’à l’annonce officielle.

Le site propose des articles et des commentaires sur un large éventail de sujets : arts et culture, économie, éducation, politique et société, science et technologie, etc. Les rédacteurs citent leurs propres travaux de recherche et ceux de leurs pairs.

Les articles sont publiés sur The Conversation en vertu d’une licence de Creative Commons, de sorte que les autres publications papier ou numériques peuvent les publier de nouveau, à condition d’indiquer qu’ils proviennent de The Conversation et de n’y apporter aucune modification. C’est ce que font, entre autres, The Huffington Post, The New Republic et certains journaux locaux. Actuellement, l’édition américaine s’enrichit chaque mois de 40 nouveaux articles et attire 5,5 millions de lecteurs, dont seulement 500 000 accèdent à ses contenus à partir du portail principal.

En plus de ses éditions des États-Unis et de l’Australie, The Conversation compte des éditions du Royaume-Uni et de l’Afrique (son siège se trouve à Johannesburg). Tous ces sites publient principalement des contenus locaux, auxquels sont incorporés des contenus d’autres éditions. Il existe enfin un site en français, établi à Paris, sur lequel sont déjà parus des contenus signés d’universitaires de l’Université de Montréal et de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Ensemble, les cinq éditions de The Conversation attirent jusqu’à 30 millions de lecteurs par mois.

Les sites de The Conversation sont financés par des dons de fondations, ainsi que par des contributions d’établissements partenaires allant de 20 000 $ à 35 000 $ par année (l’édition des États-Unis entretient des liens avec 10 fondations ainsi qu’avec 19 collèges et universités). Ces établissements partenaires ont accès à un tableau de bord analytique qui leur permet d’évaluer le succès remporté par les articles signés par leurs professeurs. Selon M. Wilson, le personnel universitaire responsable des communications et des relations publiques apprécie grandement ces données, dont les établissements peuvent tirer parti pour démontrer aux bailleurs de fonds et aux organismes de financement le rayonnement de la recherche universitaire.

Les rédacteurs qui collaborent à The Conversation sont traités comme des pigistes. Ils doivent soumettre leurs idées d’articles, et ces derniers font l’objet de plusieurs cycles de révision avant d’être publiés. En retour, leurs idées profitent d’une grande visibilité auprès du grand public.

Joshua Gans, professeur à la Rotman School of Management de l’Université de Toronto, a signé des articles pour les éditions de l’Australie et des États-Unis. Comme il participe depuis un an à d’autres publications et blogues, il a maintenant moins de temps à consacrer à The Conversation. Il précise toutefois que l’exercice a « dépassé ses attentes » et que ce portail est idéal pour les professeurs désireux d’avoir une tribune publique.

Selon la rédactrice en chef de l’édition des États-Unis, Maria Balinska, The Conversation a encore du mal à convaincre les professeurs les plus prestigieux de s’exprimer sur son portail, en particulier ceux qui ont déjà publié des lettres d’opinion dans de grands quotidiens. M. Wilson mentionne que le recrutement de nouveaux donateurs annuels est un processus lent.

Quoi qu’il en soit, le modèle de The Conservation est suffisamment solide pour engendrer une croissance soutenue. Le site des États-Unis compte actuellement 16 employés, dont 10 réviseurs. La plupart travaillent dans des bureaux gracieusement offerts par l’Université de Boston. Un nouveau bureau abritant deux réviseurs ouvrira bientôt à l’Université d’État de Géorgie, à Atlanta, et M. Wilson négocie avec l’Université de Californie la création d’un satellite sur la côte Ouest. Il vient en outre de conclure un accord avec l’agence Associated Press pour qu’elle reprenne chaque jour les nouveaux contenus publiés par The Conversation.

L’objectif est de faire du portail Web une salle de rédaction mondiale, rigoureuse, en mesure de véhiculer des idées novatrices et d’enrichir l’actualité. Mme Balinska rêve de voir son équipe de journalistes et d’universitaires proposer des exclusivités. « Nous voulons donner le ton à l’actualité et susciter le débat public », conclut-elle.

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