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Parole aux leaders

Il est temps de combler les lacunes de notre écosystème de recherche

par MARTHA CRAGO | 02 SEP 16

La ministre fédérale des Sciences, Kirsty Duncan, a invité le milieu de la recherche canadien à se pencher sur le financement de la recherche fondamentale dans tous les domaines, y compris les sciences humaines. J’ai le privilège d’être membre du Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la recherche fondamentale présidé par l’ancien recteur de l’Université de Toronto, David Naylor (la formation de ce groupe d’experts composé de neuf membres a été annoncée par la ministre Duncan le 13 juin dernier). Bien que les travaux du Comité n’en soient encore qu’à leurs débuts après la saison estivale, ce processus a déjà suscité chez moi beaucoup de questions.

Mis en place sur une période de plus de 40 ans, un à la fois au fil des budgets fédéraux, certains de nos programmes et mécanismes de financement peuvent être considérés comme vieillots alors que d’autres sont tout neufs. Le moment est donc bien choisi pour voir comment ces systèmes cohabitent et comment les plus vieux s’ajustent au milieu scientifique actuel, au même titre que certains d’entre nous tentons de nous ajuster au monde actuel dans lequel vivent nos enfants et nos petits-enfants.

Les défis sont nombreux

Les temps ont changé. On sait maintenant que la recherche interdisciplinaire et la collaboration internationale jouent un rôle essentiel pour relever les grands défis mondiaux. Les enjeux sociaux sont à l’avant-plan, comme c’était le cas dans les années 1960. Les changements climatiques sont devenus une préoccupation universelle. L’approvisionnement en eau et en nourriture demeure insuffisant pour la population croissante. Les maladies infectieuses continuent de nous menacer. On assiste à l’enflure des mégadonnées alors que les technologies évoluent à l’échelle nanométrique et quantique. Les occasions de créer des partenariats de recherche interdisciplinaires et transfrontaliers sont donc nombreuses.

Je me suis donc questionnée au sujet de l’appui qu’accorde le Canada à la recherche fondamentale. Quels devraient être les taux de réussite moyens des divers programmes et comment ceux-ci devraient-ils évoluer au cours de la carrière d’un chercheur? Quelle doit être l’ampleur du financement? À quelle étape doit-il être versé et dans quel but? En outre, les professeurs prennent leur retraite à un âge plus avancé; le nombre de scientifiques chevronnés ne cesse donc d’augmenter au Canada. Cette réalité fait-elle obstacle au financement des chercheurs en début et en milieu de carrière? Le départ à la retraite des baby-boomers pourrait-il améliorer la situation? ‎

D’autres pays ont aussi entrepris de faire le point. En novembre 2015, Paul Nurse a publié un rapport intéressant sur les conseils de recherche au Royaume-Uni intitulé Ensuring a successful UK research endeavour : A Review of the UK Research Councils (disponible en ligne, en anglais seulement). De même, le gouvernement français se penche actuellement sur la structure et le fonctionnement du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

À la lumière des recommandations formulées à l’étranger, il est intéressant de voir ce qui distingue le Canada en matière de soutien à la science et à la recherche. Le gouvernement est souvent enclin à saupoudrer de l’argent ici et là, tout en finançant des programmes d’excellence, et en accordant des subventions pour de grands projets scientifiques et des programmes de démarrage dans certains domaines de recherche. Je me suis demandée s’il ne faudrait pas élaborer de nouveaux mécanismes de financement de la recherche afin de mieux cibler les priorités essentielles à l’intérêt national et les domaines de recherche où le Canada peut devenir un chef de file mondial.

Se distinguer

Par ailleurs, les investissements massifs visant à intensifier la recherche fondamentale se sont généralement révélés infructueux, sauf lorsqu’ils visent à bâtir des plateformes pour une gamme étendue d’utilisations, comme le Grand collisionneur de hadrons. D’un point de vue international, l’insuffisance du financement actuel nous relègue souvent au rôle de collaborateur plutôt qu’à celui de leader. Peut-être est-ce parce que j’ai grandi aux États-Unis, où la fierté nationale est très marquée, mais je crois sincèrement que les Canadiens devraient se démarquer davantage sur la scène internationale du point de vue des grands projets scientifiques et de la collaboration en matière de recherche.

En résumé, le temps est venu de s’interroger sur les lacunes de notre écosystème de recherche et de renforcer les mécanismes de financement efficaces existants. Nous devons nous interroger sur ce qui peut être fait pour maximiser le soutien à la recherche au Canada au cours des 40 prochaines années.‎ D’ailleurs, je crois qu’il serait utile de se doter d’une stratégie qui nous permettrait d’évaluer nos programmes de financement à l’échelle nationale plus régulièrement.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, l’examen du soutien fédéral à la recherche est l’affaire de tous les scientifiques et chercheurs. Je vous invite donc à y participer en soumettant votre point de vue d’ici le 30 septembre. Consultez le site examenscience.ca pour en apprendre davantage au sujet du Comité consultatif. Je me réjouis à l’idée de lire vos commentaires.

À PROPOS MARTHA CRAGO
Martha Crago
Martha Crago is vice-president, research, at Dalhousie University. Her column appears in every second issue of University Affairs.
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