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Le site Web Active History vise à « sortir l’histoire de l’université »

Le lectorat du site a augmenté au même rythme que son contenu et atteint aujourd’hui en moyenne 40 000 visites par mois.

par SAMIA MADWAR | 05 DÉC 17

En juillet dernier, Crystal Fraser et Sara Komarnisky, respectivement doctorante et chercheuse postdoctorale en histoire à l’Université de l’Alberta, ont collaboré pour dresser une liste de 150 mesures de réconciliation ciblant des actions que peuvent accomplir la plupart des Canadiens, dont « lire la Loi sur les Indiens » et « donner de son temps à une organisation autochtone à but non lucratif ».

Souhaitant que leurs idées atteignent un vaste auditoire, les deux chercheuses se sont adressées au site Web ActiveHistory.ca, une publication aux allures de blogue dirigée et rédigée par des étudiants aux cycles supérieurs et des historiens en début de carrière. (Le site a également son pendant en français, HistoireEngagée.ca.)

Mme Fraser, dont les travaux de recherche portent sur les pensionnats autochtones, connaissait bien le site pour avoir été invitée à y rédiger de nombreux articles sur des enjeux autochtones en janvier 2016. Les rédacteurs réguliers du site ont accepté l’article qu’elle et Mme Komarnisky leur avaient soumis et, avec près de 27 000 visionnements, « 150 Acts of Reconciliation for the Last 150 Days of Canada’s 150 » (150 mesures de réconciliation pour les 150 derniers jours du 150e anniversaire de la Confédération) est devenu l’un des billets les plus populaires d’Active History, témoignant de son évolution et de son succès depuis sa création il y a près de 10 ans.

Lancé en 2009, le site Active History a vu le jour à la suite d’une conférence tenue en 2008 au cours de laquelle les participants, des étudiants au doctorat de l’Université York, ont décidé de créer une plateforme pour rendre les travaux de recherche en histoire plus accessibles à la population générale.

Plateforme à but non lucratif dirigée par des bénévoles, ActiveHistory.ca vise à « sortir l’histoire de l’université », comme le décrit Daniel Ross, coordonnateur des activités de sensibilisation auprès de la population.

« Les universitaires excellent à rédiger de longs articles qui n’intéressent qu’un auditoire restreint, concentré dans un domaine pointu », explique M. Ross, professeur adjoint d’histoire à l’Université du Québec à Montréal. Comme le site n’impose pas de long processus d’évaluation par les pairs et l’accès payant comme le font les publications savantes traditionnelles, les historiens peuvent joindre un vaste auditoire et communiquer directement avec lui par l’entremise des comptes Facebook et Twitter du site Web.

Thomas Peace, l’un des fondateurs d’Active History, explique que le site a été lancé à une époque où on avait visiblement grand besoin de l’avis des spécialistes de l’histoire publique, mais qu’on les consultait rarement. Lorsque le marché américain de l’immobilier s’est effondré en 2008 provoquant une crise économique mondiale, « les médias se sont bien souvent tournés vers les économistes, pas les historiens, raconte M. Peace. Ce n’est pas bon pour le discours civique ».

La croissance du site au fil des ans démontre l’intérêt réel à connaître le contexte historique des événements d’actualité. À l’origine, les rédacteurs ne publiaient de nouveau contenu qu’environ deux fois par semaine; aujourd’hui, la plupart des articles sont soumis librement et du nouveau contenu est publié presque tous les jours.

Le lectorat du site s’est élargi au même rythme que son contenu et atteint aujourd’hui en moyenne 40 000 visites par mois. La plupart des lecteurs sont historiens, selon M. Ross, mais on compte également beaucoup de professeurs qui puisent leur matériel didactique à même le site. Le site est aussi de plus en plus reconnu par le milieu universitaire : en 2016, Active History a remporté le Prix en histoire publique de la Société historique du Canada.

Une grande partie du contenu du site s’inspire de l’actualité. En octobre dernier, par exemple, en prévision de l’élection du chef du Nouveau parti démocratique, le site a publié une série d’articles en deux volets sur les courses au leadership précédentes du Parti. En outre, pendant étules négociations de l’ALENA avec les États-Unis, le site a effectué un survol historique de l’attitude adoptée par le Canada à l’égard des accords commerciaux. Il arrive aussi souvent qu’il reprenne des événements historiques : l’un des premiers articles à connaître du succès a été publié en 2009 et portait sur le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin; en 2014, le site a lancé une série sur la Première Guerre mondiale, qui demeure à ce jour la série qui a duré le plus longtemps.

Les rédacteurs du site tentent d’assurer que son contenu demeure opportun et pertinent, mais il reste beaucoup à accomplir en ce qui a trait à la représentation. Krista McCracken, superviseure des archives à l’Université Algoma et rédactrice à Active History, affirme que plusieurs de ses collègues sont conscients de la nécessité d’accroître la diversité culturelle, régionale et de genre parmi les contributeurs. Du point de vue politique : « Nous sommes plutôt de gauche, dit-elle. Nous devons essayer d’offrir du contenu qui présente une autre perspective. »

Or, c’est en partie parce qu’elles ont tiré cette même constatation que Mmes Fraser et Komarnisky ont voulu publier sur le site Active History. Les rédacteurs « n’ont pas peur de la controverse », explique Mme Fraser, se remémorant un billet qu’elle a corédigé en 2015 avec l’historien du domaine de l’alimentation Ian Mosby et dans lequel ils critiquaient un article d’opinion sur les pensionnats autochtones rédigé par l’historien Ken Coates. « Ce n’est pas tous les jours qu’on trouve des gens prêts à remettre en cause le statu quo dans le milieu universitaire. »

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