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Les retraites québécoises Thèsez-vous? s’exportent à l’international

L’initiative vient d’être implantée en France et de nouvelles pistes s’ouvrent du côté de l’Estonie et de l’Australie.

par DAISY LE CORRE | 26 FEV 18

Lancée en juin 2015 au Québec, la première retraite Thèsez-vous? avait pour ambition d’apporter à la rédaction universitaire une teinte plus collective et des outils pour rédiger sereinement. Trois ans plus tard, la cofondatrice du projet aussi doctorante, Sara Mathieu-Chartier, est à la tête d’un organisme d’envergure internationale. L’initiative vient tout juste d’être implantée en France et de nouvelles pistes s’ouvrent déjà du côté de l’Estonie et de l’Australie.

« Au fil du temps, on a affiné notre compréhension de la problématique. Au-delà de mettre le doigt sur un besoin criant, les étudiants avaient aussi vraiment besoin d’appartenir à une communauté non compétitive : j’avais sous-estimé l’angoisse, la compétition et le caractère parfois malsain du milieu académique », confie Mme Mathieu-Chartier, dont l’organisme à but non lucratif – qui deviendra bientôt une « franchise sociale » – accumule les distinctions.

La clef du succès? Avec ses retraites, Mme Mathieu-Chartier avoue jouer davantage sur l’environnement que sur les comportements des participants. « On travaille sur le sentiment de compétence, on ne leur dit pas quoi faire : ils le font. Nos retraites sont vraiment tournées vers la notion d’environnement favorable. Alors on peut se questionner : est-ce que les universités offrent ces environnements favorables, qu’ils soient physiques ou sociaux? », s’interroge l’entrepreneuse qui s’apprête à lancer une plateforme numérique pour diffuser plus efficacement les ressources Thèsez-vous?.

« On veut essayer de construire une communauté académique très solidaire à l’international. Et jouer sur le tourisme académique aussi! », lance-t-elle avant d’ajouter que l’Espace Blitz ouvrira bel et bien au printemps 2018 à Montréal (à côté du métro Jean Talon). « Ce sera le premier espace collectif dédié à la rédaction pour les étudiants en cycles supérieurs et les jeunes chercheurs », souligne la doctorante qui espère que ses initiatives donneront des idées à d’autres et qui le répète : « Copiez-nous! ». D’autant que la marque Thèsez-vous? est maintenant déposée au Canada. « Cela fait en sorte qu’on ne peut pas utiliser notre marque sans notre approbation. On reste un organisme à but non lucratif, mais on veille à ce que personne ne fasse du profit sur le dos des étudiants. »

Objectif France

C’est la France, et en particulier Sophie Casanova, maître de conférences en entrepreneuriat à l’Université de Montpellier, qui a cherché la première à reproduire l’initiative québécoise. « On n’a pas arrêté de recevoir des demandes récurrentes d’étudiants français, on en a même eu deux ou trois qui sont venus au Québec spécifiquement pour une retraite », raconte Mme Mathieu-Chartier qui a pris au sérieux l’offre de partenariat envoyée par Mme Casanova. « À partir de là, on a envoyé une demande conjointe de soutien auprès du ministère des Relations internationales du Québec pour implanter notre projet en France. Après approbation, l’association La ParenThèse est née, tel un miroir français de Thèsez-vous? », explique la doctorante, ravie qu’une première édition française ait eu lieu à Montpellier du 19 au 21 janvier derniers.

« C’est fascinant de voir l’adaptation du concept en France : on ne peut vraiment pas faire la même chose qu’au Québec. Les besoins sont plus criants en France où il y a plus de doctorants et où les étudiants sont plus isolés avec moins de ressources mises à leur disposition », s’étonne encore la Québécoise qui constate aussi que la thèse n’a pas le même statut des deux côtés de l’Atlantique. « Au Québec, malgré tout, faire une thèse est associé à un certain prestige et à une certaine reconnaissance sociale. En France, on sent que ce n’est pas le même combat et que les étudiants en souffrent : il y a une étiquette presque péjorative d’être en thèse », constate Mme Mathieu-Chartier, qui espère que ce premier « prototype » de collaboration pourra se reproduire partout dans le monde.

Une séance de rédaction en France en janvier dernier. Photo de Thèsez-vous?

La doctorante en marketing social à l’Université de Montpellier, Justine Estarague, qui est en fin de thèse et en période de rédaction, a pris part à la première retraite en sol français. « L’étape de la rédaction se révèle être une réelle épreuve, il est facile de se sentir découragé face à un manuscrit de 300 ou 400 pages découpé en six chapitres et dizaines de sections », explique celle qui a développé un sentiment d’angoisse à l’idée de devoir se remettre à rédiger.

« Pendant le séjour de rédaction, on a pu aborder différentes techniques de concentration, de méthodologie de travail, avoir des interventions sur la gestion du stress, le syndrome de la page blanche et surtout on a pu échanger entre doctorants, décrit Mme Estarague. Finalement, on se rend compte qu’on vit les mêmes angoisses et qu’on rencontre les mêmes difficultés. Cela fait du bien de voir qu’on n’est pas tout seul! »

Celle-ci qui estime que « ce concept est indispensable en France » a particulièrement apprécié la formule. « Cette retraite nous a aussi appris qu’on pouvait surmonter nos difficultés en adoptant des petites techniques : les pomodoro, les temps de pause, prendre conscience de la masse de travail que l’on réalise, savoir se fixer des objectifs réalisables et savoir prendre du temps pour soi. »

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