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Compter sur les végétaux pour dépolluer les métropoles

Des chercheurs montréalais s’intéressent au rôle de la végétation en milieu urbain, et surtout, à son pouvoir dépollueur.

par CATHERINE COUTURIER | 01 MAI 18

Les végétaux sous leurs nombreuses formes n’ont pas fini de nous révéler tous leurs secrets. Michel Labrecque, professeur en sciences biologiques à l’Université de Montréal et membre de l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV), étudie depuis plusieurs années la faculté des végétaux de filtrer les contaminants. Depuis deux ans, une équipe de chercheurs multidisciplinaire sous sa direction s’est engagée dans un vaste projet de phytoremédiation grâce à une subvention de la Ville de Montréal. Cette technique permet la décontamination des sols ou de l’eau grâce à la combinaison des plantes et des microorganismes dans le sol. Les plantes fixent d’abord les polluants mobiles, puis les « aspirent » pour les retenir dans leur tissu ou les métaboliser.

Un jardin décontaminant

Ces techniques de décontamination sont connues depuis plusieurs années, mais c’est la première fois que la Ville de Montréal s’y investit d’une telle façon. « Ce projet est le plus gros et le plus porteur, et le site, le plus grand au Canada », affirme M. Labrecque. La subvention de la Ville a permis la mise en place d’un jardin de décontamination qui occupera, à la fin du projet en 2019, 4 hectares. Sur ce terrain industriel dans l’Est de la ville, l’équipe multidisciplinaire de chercheurs marie diverses espèces de végétaux pour identifier et analyser les meilleures combinaisons, celles les plus efficaces pour décontaminer le sol.
« Nous testons également différents types d’approches – semis, boutures – combinées avec un apport de microorganisme au sol », précise le chercheur.

Un travail en symbiose

Une équipe de chercheurs de l’Université McGill et de l’Université de Montréal a d’ailleurs publié récemment dans la revue Microbiome les résultats d’une analyse génétique des interactions entre champignons, bactéries et racines des arbres à croissance rapide (comme le saule). « Nous avons essayé de comprendre comment les plantes et les microorganismes peuvent être plus efficaces pour décontaminer les résidus de pétrole », explique M. Labrecque, qui est également coauteur de l’article.

La dépollution par phytoremédiation est beaucoup plus longue (entre 5 et 10 ans sont nécessaires) que l’approche classique de « dig and dump », où l’on excave le terrain contaminé pour l’enfouir ailleurs. « Mais c’est beaucoup moins onéreux de mettre des plantes », soutient-il, en mettant de l’avant leur contribution à la qualité de vie en ville grâce à l’ajout de verdure dans des zones industrielles souvent laissées pour compte.

Pour mieux protéger les arbres

Si planter des végétaux pour assainir les sols est bien vu, encore faut-il que la Ville protège les arbres déjà sur son territoire. Le dernier livre de la chercheure Jeanne Millet, Arbre sous tension, se veut un véritable plaidoyer pour changer les façons de faire lors de l’élagage des arbres autour des fils électriques. « Les arbres jouent un rôle très important dans la dépollution en ville. Pour ce faire, leur cime doit être très grande », explique celle qui a effectué ses travaux au sein de l’IRBV pendant 20 ans.

Or, Mme Millet a constaté que l’entretien des arbres a, dans les dernières années, été laissé à Hydro-Québec. « Mes recherches en architecture des arbres ont permis de faire la démonstration que la façon de tailler les arbres qu’on préconise présentement peut avoir l’effet contraire à celui voulu ». Les arbres qu’on garde chétifs autour des fils électriques sont fragilisés, se cassent facilement et deviennent des nuisances.

C’est l’ex-maire et ancien directeur du Jardin botanique de Montréal, Pierre Bourque, qui a d’ailleurs préfacé son ouvrage tout en faisant la promotion de l’importance des arbres en ville et d’une meilleure compréhension de leur croissance. « Les travaux de Jeanne Millet sont très importants, estime M. Labrecque. Chacun fait son petit bout de chemin pour améliorer les conditions de vie en milieu urbain. »

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  1. Michael D. / 4 mai 2018 à 17:47

    Superbe article merci !

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