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Un nouveau modèle d’université

« Sous plusieurs angles, l’Ontario dispose d’un bon système d’enseignement supérieur », affirment Ian Clark, David Trick et Richard Van Loon dans leur nouvel ouvrage intitulé Academic Reform: Policy Options for Improving the Quality and Cost-Effectiveness of Undergraduate Education in Ontario.

par IAN D. CLARK, DAVID TRICK + RICHARD VAN LOON | 07 NOV 11

Malgré tout, des tendances inquiétantes se dessinent, selon eux, au regard de la qualité de l’apprentissage et de la rentabilité du modèle d’enseignement au premier cycle de l’Ontario, qui devrait faire l’objet d’une importante réforme.

Ce livre, la suite d’Academic Transformation publié en 2009, jette les bases d’une réforme que les auteurs estiment nécessaire. (M. Clark est l’ancien président du Conseil des universités de l’Ontario, M. Trick, l’ancien sous-ministre adjoint de l’Éducation postsecondaire au sein du gouvernement ontarien, et M. Van Loon, l’ancien recteur de l’Université Carleton.)

L’ouvrage risque de susciter la controverse. S’adressant aux décideurs, les auteurs font valoir « qu’il s’agit d’un enjeu politique nécessitant des actions concrètes de la part du gouvernement ». Et puisque nombre des enjeux auxquels l’Ontario est confronté en matière d’enseignement supérieur sont communs à d’autres États d’Amérique du Nord, les auteurs estiment que, dans l’ensemble, leur analyse devrait être utile à l’élaboration de politiques d’enseignement supérieur ailleurs qu’en Ontario.

Selon eux, le secteur universitaire ontarien est caractérisé par « le modèle d’enseignement au premier cycle le plus coûteux, soit celui des universités axées sur la recherche », et il est, du fait, non viable financièrement. Une réforme, écrivent-ils, devrait principalement viser à accroître le temps consacré à l’enseignement au premier cycle par la plupart des professeurs, tout en augmentant la proportion d’étudiants au premier cycle et la part des ressources gouvernementales allouées aux établissements qui se concentrent sur l’enseignement à ce niveau.

Dans un extrait exclusif publié dans Affaires universitaires, les auteurs mettent en lumière l’un des éléments clés de la réforme proposée, soit l’adoption par l’Ontario d’un nouveau modèle institutionnel : l’université axée sur l’enseignement au premier cycle. Pour assurer l’efficacité de ce modèle dans le système d’enseignement supérieur de l’Ontario, il faut concevoir les établissements dans cette optique dès le départ, croient-ils. Ils proposent donc de créer une nouvelle catégorie d’établissements dont la vocation distincte reposerait sur l’enseignement et l’apprentissage à l’université, qui offrirait des parcours clairs aux étudiants désireux de passer d’un établissement à un autre.

Ils proposent d’appeler ces nouveaux établissements des « universités ». Tous les efforts mis de l’avant en Ontario pour créer une appellation à mi-chemin entre collèges et universités, les « instituts de technologie » ou les « universités polytechniques », par exemple, n’ont jamais vraiment donné de résultat, et ont mené à davantage de demandes de changements, expliquent les auteurs. Les auteurs avancent que, sans être identiques, ces établissements pourraient notamment se fonder sur les principes de base suivants :

Accent mis sur les étudiants. La charge de travail type d’un professeur à temps plein pourrait se répartir comme suit : 80 pour cent consacrée à l’enseignement, 10 pour cent à la recherche et 10 pour cent aux services (comparativement à une répartition actuelle de 40-40-20 dans les universités ontariennes traditionnelles), soit une charge d’enseignement de huit cours d’un semestre par année.

  • Classes réduites permettant un contact direct entre étudiants et professeurs. Grâce à des charges d’enseignement plus importantes, une nouvelle université pourrait être financièrement viable si l’on formait des classes de 45 étudiants et confiait environ 30 pour cent des cours à des professeurs à temps partiel.
  • Programmes répondant aux nouveaux impératifs économiques, offrant un équilibre entre formation professionnelle et formation générale, et préparant les diplômés à intégrer le marché du travail ou à poursuivre des études supérieures.
  • Intégration des nouvelles technologies aux programmes.
  • Vocation de recherche axée sur l’étudiant. Ainsi, la recherche disciplinaire devrait être appuyée seulement si elle fait partie intégrante de la formation des étudiants au premier cycle.

Les auteurs ont analysé la viabilité financière du modèle universitaire axé sur l’enseignement proposé en comparaison d’une nouvelle université traditionnelle. Leur principale conclusion est qu’à échéance, le coût de revient d’un étudiant au baccalauréat est de 31 pour cent inférieur dans une université axée sur l’enseignement, soit d’environ 9 800 $ contre 14 200 $. Autre constat majeur, seul le modèle universitaire axé sur l’enseignement est financièrement viable.

En résumé, les auteurs croient qu’il n’est pas trop tard pour que l’Ontario se dote d’établissements axés sur l’enseignement et centrés sur la formation des étudiants, tout en proposant un grand choix d’options pour répondre aux besoins d’une population universitaire diversifiée à des coûts plus abordables que dans le modèle traditionnel. Au même titre que les universités et les collèges créés dans les années 1950 et 1960 témoignent aujourd’hui d’un héritage durable, la mise sur pied de nouveaux établissements dès maintenant pourrait changer le visage de l’enseignement supérieur en Ontario pour les décennies à venir.

Rédigé par
Ian D. Clark, David Trick + Richard Van Loon
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