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Enquête PISA : les résultats du Canada

Malgré qu’ils soient meilleurs que ceux de la plupart des autres pays, les résultats du Canada sont en baisse.

par LÉO CHARBONNEAU | 11 DÉC 13

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a rendu publics la semaine passé les résultats de sa cinquième enquête destinée à évaluer les compétences des élèves de 15 ans en lecture, en mathématiques et en sciences dans 65 pays, en mettant l’accent sur les compétences en mathématiques. Plus d’un demi‑million d’élèves, parmi lesquels 21 000 élèves canadiens répartis dans 900 établissements, ont participé à l’édition 2012 de l’enquête qui a généré une somme colossale de données. Il faudra des semaines à analyser ces données à la loupe avant d’en tirer des conclusions.

Qu’en est‑il des résultats du Canada? La réponse varie. Selon le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) (CMEC), les résultats de notre pays « indiquent que les élèves du Canada affichent un rendement élevé ». Signalons que l’organisme consacre aux résultats du Canada un rapport détaillé de 89 pages, intitulé À la hauteur : Résultats canadiens de l’étude PISA de l’OCDE.

Toujours selon le CMEC, « les élèves de 15 ans du Canada se classent bien au‑dessus de la moyenne de l’OCDE et demeurent parmi ceux qui affichent les meilleurs rendements en mathématiques ». Seuls 9 des 65 pays ayant participé à l’enquête PISA de 2012 devancent en effet le Canada par un écart statistiquement significatif, alors que 7 autres pays sont à égalité avec lui. Le Canada se situe dans le peloton de tête des participants par ses résultats en lecture et en sciences : seuls quatre pays le devancent en lecture, et à peine sept le devancent en sciences.

Le CMEC affirme par ailleurs que le Canada continue de se démarquer par son équité élevée en matière de rendement des élèves. Cet indicateur, fondé sur l’écart entre les élèves qui affichent respectivement le meilleur et le moins bon rendement, fait état de l’équité relative des systèmes d’éducation provinciaux. Il s’agit d’une excellente chose.

Le CMEC enjolive cependant un peu la situation. Il est incontestable que le Canada régresse, en particulier en mathématiques. Notre pays se classe en effet 13e sur ce plan, affichant un recul de trois places par rapport à 2009, et même de six par rapport à 2006, ce qui a d’ailleurs poussé le Globe and Mail à qualifier ce recul de « signal d’alarme ».

Le quotidien torontois précise en outre que ce résultat intervient dans la foulée de la parution du rapport Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013, publié dans le cadre du Programme de l’OCDE pour l’évaluation internationale des compétences des adultes. Selon ce rapport, les adultes canadiens se situent sous la moyenne des 23 autres pays évalués en matière de numératie, au‑dessus de cette moyenne sur le plan des compétences dites numériques (aptitude à la résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique), et dans la moyenne pour la littératie.

La semaine avant déjà, l’ancien ministre fédéral, John Manley, désormais président et chef de la direction du Conseil canadien des chefs d’entreprise, avait déploré la régression du Canada sur le plan des compétences. « Il est temps d’arrêter de nous féliciter de la qualité de nos systèmes d’éducation primaire, secondaire et postsecondaire et de reconnaître que les résultats obtenus par le Canada dans le classement international régressent au lieu de s’améliorer », avait‑il affirmé dans un discours.

Ayant depuis pris connaissance des résultats de la dernière enquête PISA, M. Manley n’a pas hésité à déclarer au Globe and Mail qu’il y avait tout bonnement « urgence nationale ».

C’est exagéré. Nous sommes loin d’être aux prises avec une crise nationale. Par contre, les résultats enregistrés doivent nous inciter à ne pas surestimer nos atouts en matière d’éducation. Notre système d’éducation demeure l’un des meilleurs du monde, mais accuse de toute évidence des faiblesses sur les plans de la réussite des élèves, des programmes d’études et de la préparation des enseignants. Il nous faut remédier à ces faiblesses. C’est un fait : d’autres pays nous devancent, profitant du fait que nous régressons.

Signalons par ailleurs que pour permettre un fractionnement plus fiable des résultats par province, par groupe linguistique, etc., la dernière enquête PISA a porté au Canada sur un nombre d’élèves nettement plus important que dans la plupart des autres pays. Voici quelques‑uns des autres résultats clés de l’enquête :

  • Les étudiants québécois affichent des résultats particulièrement bons en mathématiques, avec une note de 536, contre 519 pour la moyenne canadienne. Leurs résultats sont à la hauteur de ceux de nombre des pays en tête du classement.
  • On observe en moyenne au Canada une différence marquée des compétences en mathématiques selon les sexes, les garçons devançant les filles. Ce phénomène est présent dans la plupart des autres pays participants. En revanche, sur le plan des compétences en sciences, les garçons et les filles sont à égalité.
  • Au chapitre des compétences en lecture, les filles devancent très nettement les garçons, que ce soit au Canada ou ailleurs. L’écart entre les garçons et les filles est moindre en ce qui concerne les compétences dites numériques.
  • Enfin, sur le plan des compétences en mathématiques, dans la plupart des cas, les élèves des systèmes scolaires linguistiques majoritaires devancent ceux des systèmes scolaires linguistiques minoritaires.
À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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