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Début des travaux pour le Comité de coordination de la recherche au Canada

Entrevue avec Ted Hewitt, président du CRSH et premier président du Comité.

par LÉO CHARBONNEAU | 14 AOÛT 18

En octobre dernier, le gouvernement fédéral a annoncé la mise sur pied du Comité de coordination de la recherche au Canada (CCRC) en vue d’améliorer la collaboration entre les organismes subventionnaires et la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) au profit des chercheurs du pays. La création de cet organe de coordination figurait parmi les recommandations du rapport de l’examen du soutien fédéral aux sciences, publié en avril 2017. Le CCRC est composé des présidents des trois organismes subventionnaires de recherche fédéraux, soit le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de même que des sous-ministres de Santé Canada et d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada. La présidente de la FCI, Roseann O’Reilly Runte, le président du Conseil national de recherches Canada (CNRC), Iain Stewart, et la conseillère scientifique en chef, Mona Nemer, participent également aux réunions du Comité. Affaires universitaires s’est entretenu récemment avec Ted Hewitt, président du CRSH et premier président du Comité, au sujet des activités du Comité.

Affaires universitaires : Bonjour, Monsieur Hewitt. Comment avez-vous été choisi pour assurer la présidence du CCRC, et quelle sera la durée de votre mandat?

Ted Hewitt : Conformément à notre mission et à la lettre ouverte que la ministre des Sciences, Kirsty Duncan, et la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, ont adressée au Comité, la présidence du Comité sera assurée à tour de rôle par un des présidents des organismes subventionnaires. La ministre Duncan m’a demandé d’occuper ce poste en premier parce que quelqu’un devait briser la glace. Je pense qu’il s’agit d’un mandat d’un an, et je crois que je quitterai mes fonctions à la fin de la présente année si je me fie au moment de ma nomination. Un des deux autres présidents prendra alors la relève.

AU : Sait-on déjà de qui il s’agira?

M. Hewitt : Eh bien, vous vous en doutez sûrement. Le président des IRSC vient tout juste d’être nommé (il s’agit de Michael J. Strong, doyen de l’École de médecine et de dentisterie Schulich de l’Université Western), alors que le président du CRSNG, Mario Pinto, est en poste depuis longtemps déjà. J’ai donc l’impression que c’est M. Pinto qui me succédera.

AU : Comment les activités des trois organismes subventionnaires étaient-elles coordonnées avant la création du Comité?

M. Hewitt : C’est une excellente question, car nous travaillons depuis des années à la création de programmes conjoints et de pratiques administratives conjointes. Sur le plan administratif, nous avons adopté il y a longtemps une démarche commune en matière d’éthique et d’intégrité en recherche. À l’heure actuelle, le CRSH et le CRSNG partagent l’ensemble des postes administratifs. Nous collaborons étroitement avec les IRSC dans tous les secteurs stratégiques, malgré nos différences principalement dues aux caractéristiques propres à nos milieux respectifs.

En matière de programmes, nous avons eu pendant de nombreuses années des programmes conjoints qui ont connu beaucoup de succès. Je pense entre autres aux Réseaux de centres d’excellence, au Programme des chaires de recherche du Canada, au Programme des chaires d’excellence en recherche du Canada et au Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada. De plus, les présidents des trois organismes subventionnaires et de la FCI se rencontrent régulièrement depuis longtemps pour discuter des possibilités de collaboration. L’examen du soutien fédéral aux sciences a cependant souligné avec justesse que nous pouvions faire beaucoup mieux. La ministre avait également déjà fait savoir que nous devions renforcer notre collaboration et que les trois organismes et la FCI devaient travailler plus efficacement ensemble.

AU : Quel est le mandat du CCRC?

M. Hewitt : Dans leur lettre ouverte, les ministres ont énoncé cinq priorités à entreprendre immédiatement. Nous devons d’abord accroître notre capacité à mener de la recherche internationale et multidisciplinaire à risque élevé et à haut rendement, et mettre en place les mécanismes nécessaires pour y parvenir. Les ministres ont également clairement indiqué que le Comité devait cerner les tendances et les possibilités en recherche dans différents domaines clés (qui sont, selon la lettre ouverte, l’intelligence artificielle, les technologies quantiques, la médecine régénérative et la recherche sur l’Arctique). Nous devons aussi éliminer les obstacles auxquels font face les membres des groupes sous-représentés et favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion de manière générale. Nous devons par ailleurs faire en sorte que la prochaine génération de chercheurs soit bien soutenue. Enfin, et c’est très important, nous devons commencer immédiatement à promouvoir la recherche autochtone, et plus particulièrement les projets auxquels participent les collectivités autochtones sur des sujets qui les touchent.

AU : J’ai vu que le CCRC avait récemment fait une annonce importante sur le lancement des consultations nationales en lien avec le nouveau fonds de recherche de 275 millions de dollars des trois organismes subventionnaires. Pouvez-vous m’en parler un peu?

M. Hewitt : Le budget de 2018 nous accorde 275 millions de dollars sur cinq ans en appui à ce que nous appelons la première priorité, c’est-à-dire la création d’un fonds qui ciblera les activités de recherche internationales, interdisciplinaires et à haut rendement. Dans le monde d’aujourd’hui, nous devons collaborer efficacement à l’échelle internationale, commencer à penser au-delà du cloisonnement des disciplines et agir plus rapidement au sujet des enjeux vraiment importants qui nous touchent. Nous avons élaboré une ébauche de proposition de concours axé sur ces priorités qui fait l’objet des consultations de cet été. Nous travaillons aussi sur un plan d’action en matière d’équité, de diversité et d’inclusion, ainsi que sur des mesures de soutien destinées aux chercheurs en début de carrière. Nous menons également des consultations sur ces questions. (Les chercheurs ont jusqu’au 27 août pour s’exprimer ici.)

AU : En terminant, avez-vous des commentaires ou des observations à formuler?

M. Hewitt : Nous avons démarré en force. Nous nous réunissons chaque mois. Tout le monde s’investit sérieusement, et le personnel des organismes travaille fort pour assurer la réussite des initiatives du Comité. Les choses vont commencer à bouger très rapidement.

J’aimerais seulement ajouter que nous sommes très chanceux. Nous avons une occasion en or de relever le défi et de faire les choses un peu différemment en collaborant comme jamais auparavant. Nous avons, à la même table, les présidents des trois organismes subventionnaires, la présidente de la FCI, le président du CNRC, la conseillère scientifique en chef et les sous-ministres de deux ministères d’importance. C’est une excellente nouvelle pour le milieu de la recherche au Canada.

Cet entretien a été revu et condensé pour en clarifier les propos.

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