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Des élèves à risque obtiennent des résultats spectaculaires grâce à un programme communautaire

Le programme Passeport pour ma réussite répond aux besoins financiers, scolaires et sociaux des élèves des quartiers défavorisés.

par ROSANNA TAMBURRI | 06 DÉC 10

Le quartier Regent Park à Toronto est le projet résidentiel le plus ancien et le plus vaste au Canada. Situé au cœur de la ville, ce secteur en réaménagement est connu en raison de ses taux élevés de pauvreté, de consommation de drogues et de crimes violents. Yang Shen, dont la famille s’est installée à Regent Park il y a plus de 10 ans lorsqu’elle a émigré de la Chine, se rappelle de son quartier comme étant un milieu accueillant et solidaire. Elle garde toutefois un moins bon souvenir de la marche d’une demi-heure qui la séparait de l’école. C’est ce qui l’a attirée, à l’époque, vers un programme de soutien scolaire qui offrait gratuitement des billets de transport en commun aux élèves de niveau secondaire. « Ce n’est pas l’unique raison qui m’a maintenue au sein du programme », explique Mme Shen, aujourd’hui âgée de 22 ans.

Le programme Passeport pour ma réussite proposait également des services de tutorat et de mentorat de même que des rencontres avec des modèles comme la gouverneure générale de l’époque, Adrienne Clarkson. Mme Shen vient d’obtenir un baccalauréat ès sciences de l’Université de Toronto et se destine à des études en droit. Sans le programme Passeport, elle n’aurait jamais parcouru tout ce chemin. « Pendant l’adolescence, nous avons tendance à nous sentir perdus et à penser que la vie n’a rien de mieux à offrir, mais c’est faux. Le programme m’a enseigné que lorsqu’on a le potentiel, il faut foncer », explique la jeune femme.

Mme Shen et le programme Passeport pour ma réussite ont tous deux grandement évolué depuis 2001, année où le programme a vu le jour à Regent Park. Au cours de l’année précédant la mise sur pied du programme, neuf meurtres ont été commis dans le quartier, et « le désespoir était palpable », se rappelle la fondatrice Carolyn Acker. Le taux de décrochage au secondaire dans le quartier s’élevait à 56 pour cent, soit un taux largement supérieur à la moyenne nationale.

Mme Acker et ses collègues du Regent Park Community Health Centre ont donc conçu un programme visant à contrer le décrochage scolaire afin de rompre le cycle de la pauvreté. Contre toute attente, le programme Passeport a connu un vif succès. Le taux de décrochage au secondaire a chuté à 10 pour cent, et le taux d’absentéisme a également connu une baisse. Aujourd’hui, 850 élèves de Regent Park sont inscrits au programme Passeport, soit plus de 90 pour cent de tous les élèves admissibles.

Des quelque 600 jeunes qui ont terminé le programme et obtenu leur diplôme d’études secondaires, 80 pour cent ont entrepris des études postsecondaires. Pour la plupart, il s’agissait d’une première dans leur famille. Le taux d’attrition des diplômés du programme Passeport inscrits à l’université est de 1,8 pour cent, un taux largement inférieur à la moyenne nationale de 16 pour cent.

Ce programme communautaire est maintenant en voie de devenir un programme national. En 2007, cinq centres se sont ajoutés : deux à Toronto ainsi qu’un centre à Kitchener, à Ottawa, et à Montréal. Les résultats obtenus dans ces collectivités semblent tout aussi prometteurs. En seulement un an, la proportion d’élèves de neuvième année affichant des taux élevés d’absentéisme a diminué dans les quatre collectivités où ces données ont été recueillies, tout comme le pourcentage d’élèves jugés « à risque » sur le plan scolaire.

À l’heure actuelle, le programme Passeport pour ma réussite compte 3 300 participants répartis dans 11 villes dont Kingston, Hamilton, Halifax et, tout récemment, Winnipeg. Le programme s’est établi à l’extrémité nord de Winnipeg, un secteur qui compte une forte population autochtone et affiche un taux de décrochage alarmant de 78 pour cent.

Le programme Passeport a un plan d’expansion ambitieux. Des pourparlers sont en cours avec des groupes communautaires pour offrir le programme dans 20 collectivités canadiennes d’ici 2015, se réjouit David Hughes, président-directeur général du programme Passeport pour ma réussite Canada. La plupart des nouveaux centres seront situés dans de grandes villes caractérisées par une forte concentration de familles à faible revenu et des taux de décrochage élevés, car c’est précisément dans ces conditions que la formule du programme semble la plus efficace, explique M. Hughes. Le programme fera part des connaissances qu’il aura acquises aux décideurs politiques et à d’autres organisations. « Nous croyons avoir le potentiel d’aider beaucoup d’autres élèves et collectivités en diffusant nos connaissances », ajoute-t-il.

Le programme accueille les élèves en neuvième année et leur offre un soutien scolaire, social et financier pendant leurs études secondaires. Les élèves profitent des services d’un tuteur jusqu’à quatre soirs par semaine, de mentorat par les pairs et, vers la fin de leurs études secondaires, de services d’orientation professionnelle pour les aider à choisir leur champ d’études après l’obtention de leur diplôme. Les participants reçoivent en outre deux formes d’aide financière : des mesures d’encouragement à court terme, comme des billets d’autobus ou des coupons repas, et une bourse d’études pouvant atteindre 4 000 $ (soit 1 000 $ par année du programme qu’il termine) destinée à couvrir les coûts d’un programme d’études postsecondaires agréé.

Selon Fiona Deller, directrice de la recherche au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur, aucun autre programme au Canada n’offre, à sa connaissance, ce type d’interventions précoces largement utilisées aux États-Unis. Le programme est efficace parce qu’il offre une combinaison de mesures de soutien, explique-t-elle. « Le programme tient compte du fait que les jeunes appartenant à des groupes sous-représentés se heurtent à des obstacles multiples et complexes. »

Le programme dispose d’un budget de 15 millions de dollars, ou environ 4 800 $ par élève, financé par les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que par des bailleurs de fonds privés. L’investissement en vaut le coup, estime M. Hughes, qui a été renversé par l’assurance et les réalisations d’un groupe d’anciens participants qu’il a rencontré récemment. « Ils étaient comme des “diamants bruts” lorsqu’ils ont frappé à la porte du programme Passeport. Aujourd’hui, ils sont prêts à conquérir le monde! »

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