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Des étudiants présentent leurs solutions d’accessibilité primées

Un premier concours national vise à trouver des solutions novatrices aux problèmes d’accessibilité auxquels sont confrontées les personnes handicapées dans nos collectivités.

par MARK CARDWELL | 04 OCT 18

Il y a un an, alors qu’elle regardait la télévision avec Matthew Squires, l’enfant de 10 ans atteint de paralysie cérébrale avec quadriplégie spastique dont Emma Dornan s’occupe, l’étudiante de quatrième année en neuroscience comportementale à l’Université Memorial a fait une découverte qui allait lui valoir un prix.

« J’étais assise sur le sofa et Matthew était sur mes genoux. Je lui stabilisais la tête avec les mains pour l’aider à regarder la télévision », se rappelle celle qui travaille auprès d’enfants handicapés aux camps d’été Easter Seals et à St. John’s pendant l’année scolaire.

Mme Dornan a réalisé que ses doigts tendus offraient un soutien flexible qui aidait à maintenir la tête de Matthew dans la bonne position pour regarder la télévision. « Ce soutien était même meilleur que celui de l’appui-tête de son fauteuil roulant, qui n’empêchait pas sa tête de basculer. Le frottement occasionné lui causait aussi de douloureuses plaies au cou », explique-t-elle.

Mme Dornan a fait part de ce constat à Grace Clarke, une étudiante en sciences infirmières, et à Katie Gillespie et Jack Chapman, des étudiants en génie en quête d’un projet novateur pour un concours. Ensemble, ils ont conçu le MatHat, un casque qui procure le même soutien multiple que les mains humaines, et ce, tout autour de la tête. Le MatHat est destiné aux personnes atteintes de grave paralysie cérébrale, qui se caractérise par des mouvements involontaires constants.

L’équipe a créé un prototype et des modèles informatisés montrant l’utilisation et le potentiel de l’appareil. À la suggestion d’un professeur, ils ont soumis leur invention au premier concours national Innovations pour l’accessibilité au printemps dernier. Financé par le gouvernement fédéral, le concours invite les étudiants universitaires à trouver des solutions novatrices, pratiques et peu coûteuses aux obstacles de nature organisationnelle, technologique et physique que les personnes handicapées doivent quotidiennement surmonter.

En tout, 51 inscriptions individuelles ou d’équipe ont été soumises par des étudiants de 21 universités et de plus d’une vingtaine de programmes d’études de tout le pays avant la date limite du 31 mai. La majorité d’entre elles (33) provenaient de l’Ontario, dont huit de l’Université de Toronto, l’établissement qui affiche le plus grand nombre de participations.

Les cinq gagnants ayant remporté la première place ont été choisis au début de juillet par huit experts en R-D du domaine de l’accessibilité, à savoir sept professeurs universitaires et un ingénieur de Tetra Society, une organisation bénévole d’ingénieurs qui se penchent sur les problèmes d’accessibilité. Chaque gagnant a reçu 2 000 $ et une invitation à présenter son projet au sommet Canadian Innovation Exchange (CIX) les 22 et 23 octobre. Plus importante conférence d’investissement dans la technologie au Canada, CIX attire des fondateurs d’entreprises technologiques, des bailleurs de fonds et des chefs de file du monde entier.




À son grand étonnement, Mme Dornan a été heureuse d’apprendre que le MatHat faisait partie des gagnants de cette année. « Je crois que nous devons cette victoire au potentiel de notre dispositif qui, indique-t-elle, vient combler une lacune. »

Les autres gagnants du concours ont formulé des commentaires semblables quant au besoin comblé par leurs inventions. « Nous avons été stupéfaits par cette victoire, puis nous nous sommes dit que notre invention avait peut-être plus de potentiel que nous le pensions », raconte Robert Ingino, un étudiant en génie aérospatial de l’Université York qui travaille dans le domaine du développement en réalité virtuelle à l’Institut national canadien pour les aveugles.

Ses coéquipiers Rijul Aggarwal, Ali Raza Syed et Rui Amoah et lui ont uni leurs forces l’année dernière dans le cadre de ce qui devait être leur projet de fin d’études. Ils ont créé un simulateur qui, grâce à trois salles de classe virtuelles, aide les enfants atteints d’une déficience visuelle à acquérir la confiance nécessaire pour aller à l’école.

De nombreux enfants sont anxieux de commencer l’école, « mais c’est encore pire pour ceux qui ont une déficience visuelle, souligne M. Ingino. Les bruits et les distractions peuvent être si intimidants qu’ils ne veulent plus y aller. » Il ajoute par ailleurs que ses partenaires et lui espèrent mettre leur appareil sur le marché, et qu’ils ont récemment lancé un site Web.

Stéphanie Gamache, une étudiante au doctorat en ergothérapie à l’Université Laval, fait aussi partie des gagnants du concours Innovations pour l’accessibilité 2018. La liste de vérification thérapeutique qu’elle a créée aide ceux qui travaillent avec des personnes handicapées à évaluer l’accessibilité de leur environnement intérieur et extérieur. Elle affirme être emballée à l’idée de présenter son travail au sommet CIX. « J’espère que des gens pourront m’aider à créer une application ou un programme à partir de la version papier. »

Les deux autres projets gagnants ont été conçus par Alicia Stewart, une étudiante aux cycles supérieurs en design industriel à l’Université Carleton, qui a mis au point une trousse de huit outils pour les artistes visuels aux prises avec des troubles cognitifs, et Lianna Genovese, Laura Carter et Alex Yeh, étudiants de l’Université McMaster, qui ont créé un guide pour peintre destiné aux personnes ayant une motricité fine limitée. Cet outil composé de barres coulissantes sur rails, d’une prise sphérique et d’un repose-poignet les aide à peindre leurs toiles de façon plus uniforme.

Brian Carrière, qui dirige le programme Innovations pour l’accessibilité, croit pour sa part que le concours continuera de gagner en popularité, surtout avec le prolongement de la période d’inscription qui couvrira deux semestres à compter de l’année prochaine, soit du 1er novembre au 30 avril.

« Nous comptons aussi sur un réseau d’administrateurs et de professeurs avec qui nous communiquons fréquemment afin qu’ils parlent de nous au sein de leur établissement, explique M. Carrière, agent de programme à Universités Canada (l’organisation qui publie Affaires universitaires). Nous pensons que le nombre d’inscriptions pourrait doubler ou tripler dans la prochaine année. Nous devrons bien sûr travailler plus fort, mais si nous pouvons rendre nos collectivités plus accessibles aux personnes handicapées, le jeu en vaut la chandelle. »

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