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Des savoirs autochtones mis de l’avant dans un nouveau rapport gouvernemental sur les changements climatiques

Les chercheuses espèrent faire connaître les répercussions des bouleversements climatiques sur la santé des populations autochtones.

par HANNAH LIDDLE | 03 MAI 22

Le gouvernement fédéral a publié en février dernier une nouvelle étude d’envergure, la première depuis 2008, traitant des incidences des changements climatiques sur la santé de la population canadienne. Ce nouveau rapport, intitulé « La santé des Canadiens et des Canadiennes dans un climat en changement », ressemble beaucoup à son prédécesseur, mais avec une grande nouveauté : un chapitre entier consacré aux liens entre les changements climatiques et la santé des personnes autochtones. Rédigé par le Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA) de l’Université du Nord de la Colombie-Britannique (UNBC), ce chapitre est l’aboutissement de plus de deux années de travail.

« Nous voulions vraiment faire entendre nos voix et mettre en lumière la réalité particulière des populations autochtones canadiennes », affirme Margo Greenwood, leader académique du CCNSA et coauteure du chapitre, qui est d’origine crie. Pour bien des personnes autochtones, cette réalité est très dure. Les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada sont globalement en moins bonne santé que les allochtones, sans parler des iniquités systémiques : logements surpeuplés, pauvreté, insécurité alimentaire et hydrique et manque d’accès aux soins, entre autres. Ces iniquités sont exacerbées par les changements climatiques, mais aussi par les pratiques et les politiques coloniales passées et actuelles, qui ont un effet disproportionné sur la santé des personnes autochtones.

Or, selon Mme Greenwood, qui est aussi professeure à la UNBC, c’est la santé mentale des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui sera la grande victime des changements climatiques. « Les répercussions sont très profondes et sont appelées à empirer. On parle de stress, d’anxiété et de traumatismes. Ce sont malheureusement des choses auxquelles les familles et les communautés sont habituées », explique-t-elle avant d’ajouter que les évacuations entraînées par des inondations, des feux de forêt ou d’autres catastrophes naturelles n’améliorent en rien la situation. « Quand les gens sont forcés de partir, ça leur fait revivre de mauvais souvenirs, des traumatismes intergénérationnels. »

Par ailleurs, les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis entretiennent des liens étroits avec le territoire, l’eau, la faune, la flore et les ressources naturelles, qui non seulement assurent leur subsistance et leur développement économique, mais sont le point d’ancrage de leur culture et de leur identité. La plupart des systèmes de connaissances autochtones sont très relationnels, indique Mme Greenwood, et de nombreuses langues et cultures autochtones sont inextricablement liées au territoire et aux écosystèmes locaux. C’est pourquoi les perturbations écologiques rapides peuvent causer des pertes incommensurables. « Il y a tout un deuil à faire – le deuil du territoire, des animaux, de tous les êtres vivants », déplore-t-elle.

Mobiliser les savoirs autochtones pour s’adapter aux changements climatiques

On ignore encore beaucoup de choses concernant les répercussions des changements climatiques sur la santé des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Selon le rapport, il faudra des recherches ciblées et sur le long terme pour mettre les savoirs et les expériences autochtones au cœur des discussions. « Nous devons fournir des tribunes pour que les personnes autochtones puissent s’exprimer sur ces grands enjeux. Le territoire, c’est l’essence de notre être, explique Mme Greenwood. Le maltraiter, c’est maltraiter l’humain. »

Le chapitre souligne également l’importance d’intégrer les systèmes de connaissances autochtones dans les stratégies de recherche, d’orientation et d’adaptation, et aussi dans les études et les politiques sur les changements climatiques. Sur le premier plan, on constate déjà des progrès. Par exemple, le gouvernement fédéral a lancé en 2017 un programme qui favorise les projets d’adaptation aux changements climatiques dans les communautés autochtones. Les responsables travaillent en étroite collaboration avec les populations locales pour intégrer les savoirs autochtones aux indicateurs et aux projections climatiques. Selon Mme Greenwood, ces programmes ont l’avantage de tenir compte des connaissances sur le comportement et l’évolution des écosystèmes que les Aînés et les gardiens du savoir se transmettent de génération en génération. « Ces savoirs sont très précieux quand vient le temps de planifier des mesures d’adaptation locales. »

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