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Des soins pour le cou et le dos culturellement adaptés

Un projet de recherche d’envergure veut donner accès à des soins de qualité dans la communauté autochtone de Pimicikamak.

par CATHERINE COUTURIER | 27 FEV 23

« Les problèmes musculosquelettiques sont les principales causes d’incapacité et représentent un des plus importants fardeaux de santé dans le monde », affirme d’emblée André Bussières, professeur titulaire en chiropratique à l’Université du Québec à Trois-Rivières et professeur adjoint à l’Université McGill.

Le professeur s’est joint comme expert il y a deux ans au Global Spine Care Initiative, mené par l’organisme à but non lucratif World Spine Care, qui souhaite donner accès à des soins du dos et du cou de qualité dans le monde. « Le modèle de soins développé est centré sur les personnes, mais aussi les communautés; on essaie d’adapter le modèle pour répondre aux besoins », poursuit M. Bussières, qui se spécialise en implantation de soins de santé et en transfert des connaissances.

C’est dans ce cadre que s’inscrit ce premier projet de recherche d’envergure, financé par Santé Canada, l’Association chiropratique canadienne et la Fondation canadienne pour la recherche en chiropratique. Le projet sur trois ans, codirigé par le professeur de l’Université du Manitoba Steven Passmore, vise à évaluer l’intérêt et l’acceptabilité d’un modèle de soin pour la communauté de Pimicikamak (Cross Lake), une communauté autochtone du Nord du Manitoba.

« Pimicikamak est heureuse de participer à ce projet de recherche, [qui] a le potentiel de faire progresser les meilleures pratiques en matière de thérapies, de santé et de bien-être pour aider les personnes souffrant de douleurs vertébrales à améliorer leur fonction motrice et leur qualité de vie », déclare le chef de la communauté de Pimicikamak Okimawin, David Monias.

Donner accès à des soins dans les communautés éloignées

Huit stratégies seront testées, dont la formation des professionnels de santé sur place, et l’adaptation d’un programme d’activité physique pour faire bouger les patients.

La chiropraticienne autochtone de la Nation crie Jennifer Ward, qui œuvre dans le Nord canadien depuis une vingtaine d’années, se rendra également dans la communauté toutes les semaines pour y prodiguer des soins. « Mme Ward facilite énormément le projet : elle est familière avec les deux approches, ce qui lui permet d’offrir de meilleurs soins », remarque M. Bussières. « En collaborant avec la communauté, nous cherchons à comprendre comment incorporer les perspectives autochtones et leur façon de voir le monde dans un modèle existant de soins de la colonne vertébrale », ajoute Mme Ward, qui portera en plus le chapeau de chercheuse dans le cadre de son doctorat.

Moins de maux, moins de médication

L’objectif ultime du projet est de diminuer les problèmes de dos et de cou dans la communauté de Pimicikamak, « une communauté qui n’a pas bénéficié des services d’un chiropraticien depuis les années 1990 », rappelle Mme Ward. « Le potentiel d’impact de mon travail est considérable », croit-elle.

Un des volets de la recherche vise de plus à documenter la prévalence des problèmes de dos et l’utilisation des opioïdes, prescrits et non prescrits. « On sait que les problèmes de dos sont communs dans les communautés autochtones comme ailleurs, mais on a peu de données épidémiologiques pour les communautés du Nord », poursuit M. Bussières. L’équipe de recherche espère saisir l’étendue du problème et mesurer l’effet de l’implantation de différentes stratégies.

Le groupe documentera l’efficacité du modèle grâce à des entrevues avec quatre cohortes (professionnels qui donnent les services, gens qui ont des maux de dos et qui consultent/ne consultent pas, leaders de la communauté), différents sondages, de même que l’étude des dossiers des patients souffrant de troubles musculosquelettiques, pour comprendre la façon dont les soins sont dispensés. Le modèle de soins sera implanté progressivement, en évaluant son impact à différents moments. « Nous nous plaçons en position d’apprentissage, pour mieux adapter le modèle de soins et les stratégies d’implantation », souligne M. Bussières.

Les codirecteurs aimeraient exporter le modèle dans d’autres communautés éloignées du Nord canadien, et même à l’international, entre autres au Botswana, en Inde et au Népal. Mais l’approche devra inévitablement être adaptée à chaque communauté, à ses besoins, sa vision et ses attentes. « À long terme, nous voulons offrir une solution que les communautés s’approprieront, et éviter à tout prix de créer un besoin pour ensuite disparaître », conclut le chercheur.

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