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Étudiants français : la hausse des frais de scolarité ne pénalise pas toutes les universités québécoises

par MARIE LAMBERT-CHAN | 23 SEP 15

Les étudiants français aiment le Québec : le coût de la vie y est abordable et les frais de scolarité peu élevés. En effet, depuis 1978, ils payaient le même tarif que les Québécois, contrairement aux autres étudiants étrangers, mais ce traitement de faveur a pris fin en septembre. Tous les nouveaux étudiants – ce qui exclut ceux qui ont déjà entamé leur baccalauréat et les étudiants aux cycles supérieurs – ont vu leur facture tripler, passant de 2 300 $ à 6 650 $ par année, soit le même montant que les étudiants venus des autres provinces canadiennes. Le gouvernement du Québec espère ainsi faire un profit de 30 millions annuellement.

Cette décision provoque des remous à géométrie variable dans les universités québécoises dont la majorité de la clientèle internationale est constituée de Français. L’Université du Québec à Rimouski et l’École de technologie supérieure (ÉTS) rapportent des baisses d’inscriptions. « Le nombre de nouveaux étudiants français a diminué de moitié : nous en avions 65 en 2014 et cette année, nous en avons 29 », indique Pierre Dumouchel, directeur général de l’ÉTS. Les étudiants français qui s’inscrivent à cette école de génie ont pour la plupart suivi une formation technique en France, ce qui, selon M. Dumouchel, laisse croire qu’ils sont issus de milieux modestes et auraient donc du mal à composer avec la hausse des frais de scolarité. « Nous réfléchissons à des moyens de les aider financièrement », dit-il.

Dans la majorité des établissements, les inscriptions sont stables. C’est le cas à l’Université du Québec à Montréal, à l’Université Laval, à l’Université McGill et à l’Université Concordia. À HEC Montréal, le nombre de nouveaux étudiants français a même légèrement augmenté. « Nos compétiteurs sont les grandes écoles de commerce en France, comme HEC Paris, précise Gilbert Babin, directeur du programme de baccalauréat en administration des affaires. Ces écoles ont récemment augmenté leurs frais de scolarité qui sont déjà plus élevés que les nôtres. Pour les étudiants français, HEC Montréal demeure donc une option abordable. »

Pour Claude Montmarquette, économiste et professeur au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), il était temps que le Québec revoit son entente avec la France. « D’une part, il n’y a pas de réciprocité avec la France qui n’a pas de programme privilégié envers les étudiants québécois, signale-t-il. D’autre part, ce tarif préférentiel était un peu injuste à l’égard des étudiants canadiens, particulièrement les francophones des autres provinces. »\

Montmarquette estime toutefois que les sommes additionnelles générées par l’augmentation des frais de scolarité auraient dû revenir aux établissements universitaires et non au gouvernement, comme c’est actuellement le cas, ce que réclame aussi HEC Montréal. « Avoir ce surplus nous permettrait d’investir pour améliorer la formation des étudiants », affirme M. Babin.

Si la hausse des frais est « globalement bonne », elle se révèle néfaste pour un établissement comme l’ÉTS, concède M. Montmarquette, d’autant plus que 90 pour cent de ses étudiants français intègrent le marché de l’emploi québécois par la suite. « Dans ce cas, il s’agit pratiquement d’une politique d’immigration, déclare-t-il. Pourquoi alors ne pas créer des bourses financées par le ministère de l’Immigration pour aider ces étudiants? »

Ultimement, l’économiste croit que Québec devrait déréglementer les frais de scolarité des étudiants étrangers et ainsi laisser les universités moduler les frais en fonction des programmes et des clientèles. C’est l’une des conclusions d’un rapport qu’il signait en 2009 sur les répercussions économiques de la présence des étudiants étrangers au Québec et les politiques publiques en matière de frais de scolarité. Le document rappelait entre autres que, selon des sondages antérieurs, le coût des études n’est pas un facteur prépondérant pour les étudiants étrangers. « Une université comme l’ÉTS pourrait alors décider de ne pas toucher à la facture de ses étudiants étrangers, tandis qu’un autre établissement pourrait exiger davantage des étudiants inscrits en médecine », explique-t-il.

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