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Financer les recherches de femmes autochtones tout en contribuant au Principe de Joyce

Remise à une seconde récipiendaire, la bourse Joyce Echaquan permettra à une étudiante à la maîtrise de développer un nouveau modèle de soins.

par ÉMÉLIE RIVARD-BOUDREAU | 12 OCT 22

Le 28 septembre 2020, le Québec a été secoué d’apprendre le décès de Joyce Echaquan, cette femme atikamekw ayant décrié sur les réseaux sociaux les mauvais traitements qu’elle a subis à l’hôpital de Joliette. Son départ tragique aura néanmoins mené à la rédaction du Principe de Joyce et, par ricochet, à la création de la bourse Joyce Echaquan.

Élaboré en 2020, le Principe de Joyce revendique, entre autres, le droit des Autochtones d’avoir accès, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé. « Je me suis demandé, à la mesure de ce que j’ai entre les mains, ce que je pourrais faire pour faire avancer le Principe de Joyce», se souvient Suzy Basile, professeure à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et titulaire de la Chaire de recherche sur les enjeux relatifs aux femmes autochtones.

« Je me suis dit qu’on pouvait injecter de l’argent pour qu’une étudiante fasse une maîtrise sur un volet du Principe de Joyce. Ça peut être par les sciences sociales, le droit, les sciences politiques, l’anthropologie, la santé et bien plus », poursuit Mme Basile, une chercheuse atikamekw en quête de justice.

Le 3 octobre 2020, de nombreuses personnes ont pris part à une manifestation intitulée Justice pour Joyce. Celle-ci a eu lieu à Montréal. Photo par Graham Hughes/La Presse Canadienne.

De généreux partenaires

Après avoir obtenu le consentement de la famille de Mme Echaquan pour nommer la bourse en son nom, Mme Basile a sollicité son employeur et d’autres partenaires. Sa collègue Carole Lévesque, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et directrice du Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones, et elle ont toutes deux obtenu 18 000 dollars de leurs universités respectives pour financer le projet. « C’est un peu plus que ce qu’offrent les organismes subventionnaires habituels. On voulait être plus attrayant et démontrer le sérieux de la démarche », souligne Mme Basile.

Les deux chercheuses ont donc décidé de destiner la bourse à une femme autochtone qui, à travers son projet de maîtrise, mené à l’UQAT ou à l’INRS, ferait avancer le Principe de Joyce. Le projet a alors attiré l’attention du scientifique en chef du Québec et des Fonds de recherche du Québec (FRQ) qui se sont joints à l’initiative en offrant 36 000 dollars. Depuis, deux bourses ont été attribuées : la première à Lucie Dubé, originaire de la communauté atikamekw d’Opitciwan, et la seconde à la chercheuse crie Linda L. Shecapio.

Une bourse qui fait ses preuves

Le projet de maîtrise de Mme Shecapio porte sur la récupération du rôle des iiyiyiuu/iinuu iskweuch (femmes cries) dans la guérison et le bien-être de la famille sur le territoire Eeyou Istchee. Il permettra de développer un modèle de soins qui tient compte des rôles et des responsabilités traditionnels de ces femmes dans la guérison et le bien-être du peuple cri.

Œuvrant déjà comme consultante indépendante et élue pour la communauté crie de Mistissini, la bourse Joyce Echaquan a grandement motivé Mme Shecapio à aller de l’avant avec sa recherche. « J’ai toujours su que j’allais retourner à l’université. J’ai acquis beaucoup d’expérience et de connaissances sur ma région et sur les besoins des gens. Je suis aussi devenue grand-mère. Je pense que c’est ce qui m’a motivée lorsque j’ai vu la bourse. J’ai pensé à leur futur », expose la quarantenaire.

Mme Basile et ses partenaires espèrent désormais pérenniser la bourse Joyce Echaquan au-delà de ces deux premières récipiendaires. Louise Poissant, directrice scientifique du Fonds de recherche – Société et culture (FRQSC), souligne que d’autres efforts sont en cours pour augmenter le nombre de personnes autochtones qui effectuent des études supérieures. Un groupe de travail a été mis en place dans la dernière année et a soumis de nouvelles idées pour attirer les jeunes autochtones vers la recherche.

« Il faut développer leur curiosité le plus tôt possible », soulève Mme Poissant. Un investissement s’élevant à un million de dollars sera donc distribué sous peu par les FRQ à des partenaires à travers le Québec pour susciter de l’intérêt et, qui sait, peut-être assurer une relève à la bourse Joyce Echaquan.

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