Ils sont venus du Burkina Faso, du Brésil, de la Chine, de la République tchèque, du Sénégal, de la Suisse et d’ailleurs pour discuter de collaboration et d’échanges internationaux universitaires. C’était à l’occasion du colloque inaugural du Forum international des universités publiques, qui s’est tenu à l’Université de Montréal en octobre sous le thème « Universités, politiques publiques et internationalisation ».
Préfiguré en 2004 lors du 125e anniversaire de la fondation de l’Université de Montréal et concrétisé l’année suivante lors d’un séminaire à l’Université Libre de Bruxelles, ce consortium regroupe 21 universités publiques de 20 pays, représentées par leur recteur ou vice-recteur.
Luc Vinet, recteur de l’Université de Montréal, nous a expliqué pourquoi l’organisation compte si peu de membres : « Notre objectif en créant le forum était de garder cela petit, pour créer une certaine intimité et se permettre d’approfondir les connaissances, et pour avoir la taille optimale pour travailler ensemble. » Quant à savoir pourquoi une seule université canadienne y est présente, il répond : « Notre volonté était d’avoir le plus de diversité possible autour de la table, que ça soit très international, alors nous avons établi la règle d’une université par pays. » (La Chine, représentée par deux établissements, est l’exception à cette règle. L’Université de la Californie est la seule université américaine qui y siège.)
Les échanges sur des questions politiques, économiques et sociales mettaient l’accent sur l’importance de renforcer la collaboration internationale dans l’enseignement universitaire, sur tous les plans : administration, enseignement, recherche et études supérieures. Martha Crago, vice-rectrice, International et vie étudiante, à l’Université de Montréal, a participé à l’organisation du colloque, dont un atelier intitulé « What’s on your mind? » (Qu’est-ce qui vous préoccupe?). Les chefs d’établissement étaient invités à partager les pensées qui les empêchent littéralement de dormir : Comment trouver davantage de financement pour la recherche? Quel est le rôle de la recherche fondamentale (commercialiser les résultats de recherche ou produire du savoir)? Comment exercer de l’influence sur le secteur privé au chapitre de la recherche? Comment, s’il y a lieu, le secteur privé devrait-il influer sur la recherche universitaire?
La séance de clôture, sur la diversité culturelle au sein des universités, a suscité des échanges animés sur la langue, la religion et la tolérance. Des recteurs catalans (Espagne), tchèques et sénégalais, ainsi que Gérard Bouchard et Charles Taylor, deux professeurs qui coprésident actuellement une commission québécoise sur l’accommodement aux différences culturelles, y ont pris part. Il en est ressorti que le Nouveau Monde, où le pluralisme est un phénomène nouveau, peut tirer profit de l’expérience de mondes plus anciens dans ce domaine, particulièrement l’Afrique et l’Asie.
Ce premier rassemblement fait dire à Mme Crago que la nouvelle organisation permanente se penchera sur la manière de structurer ses activités pour les prochaines années, ce qui mènera à la création de programmes d’études conjoints grâce auxquels les étudiants apprendront d’autres langues, à la mise sur pied d’équipes de recherche transnationales ainsi qu’à des échanges d’information pour les administrateurs universitaires. Le but consiste à ce que des étudiants et des professeurs ayant des compétences internationales discutent de questions touchant l’environnement, l’immigration, la santé publique et la technologie afin de mieux servir la société. « C’était très stimulant de mettre cette machine en marche! », souligne Mme Crago.