Comment sera l’université du futur? C’est la question qui a été soulevée au cours d’un colloque tenu en septembre à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal.
Invitant à la réflexion autour de la conception architecturale universitaire, c’est avec des ambitions considérables que l’Université de Montréal vient de se lancer dans un projet d’agrandissement : la construction d’un campus sur le site de l’ancienne gare de triage d’Outremont. Estimé à 1,4 milliard de dollars, le campus pourra accueillir le quart du personnel et des étudiants de l’Université, soit 10 000 personnes.
« Il faut que ce campus soit exemplaire », a lancé Luc Vinet, recteur de l’U de M, donnant le ton des exigences soulevées par un tel projet.
Pour cela, peut-on apprendre de nos erreurs du passé pour concevoir l’avenir? Il existe en effet des exemples de campus désastreux : trop éloignés de la ville, inaccessibles, mal conçus à la fois pour la vie sociale et pour l’activité universitaire. « Tous les campus de la région parisienne sont d’une affligeante médiocrité » a déploré l’architecte conférencier Bernard Tschumi, pour qui ce projet doit être un moyen de pousser la profession à se dépasser au niveau esthétique et technique.
L’histoire nous enseigne également l’évolution de l’architecture universitaire. Jean Marie Van der Maren, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’U de M, a rappelé les différents types de campus qui ont existé, et a cité l’exemple du modèle classique qui prévalait jusqu’au XIXe siècle : l’université y était intégrée à la ville, les étudiants pouvaient se déplacer à vélo, la faculté de médecine se trouvait à côté de l’hôpital et la faculté de droit, à côté du tribunal. Cet aspect pratique s’est perdu avec la construction de forteresses isolées et dépourvues de l’activité essentielle à une bonne qualité de vie universitaire.
Il y a en outre de nouveaux enjeux auxquels nous sommes aujourd’hui sensibles : allier la fine pointe de la technologie à des normes écologiques exigeantes, comme l’a souligné Daniel Pearl, professeur d’architecture à l’U de M. Prévoyant accueillir les premiers étudiants dans environ cinq ans, ce nouveau campus s’apprête donc à relever le défi de préfigurer l’université de l’avenir.