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L’Inde courtise les écoles étrangères, avec quelques réserves

Un projet de loi destiné aux établissements d’enseignement étrangers a fait jaser lors d’un récent atelier de l’AUCC sur l’Inde.

par LÉO CHARBONNEAU | 13 SEP 10

Les administrateurs des universités canadiennes ont parlé de stratégies et de leurs expériences, mais leurs délibérations au cours du récent atelier sur la collaboration avec l’Inde se sont fait voler la vedette par le projet de loi. Le texte en question, un projet de loi sur les établissements d’enseignement étrangers, énonce les règles de base que doivent respecter les universités étrangères désireuses d’établir des campus dans ce pays populeux et d’y décerner des grades.

S’il est vrai qu’il semble contraignant, « il est surtout important de garder à l’esprit les intentions positives derrière ce projet de loi », a affirmé Tim Gore au cours de l’atelier organisé en juin dernier à Ottawa par l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC). L’Association, qui a fait de la collaboration stratégique avec l’Inde une priorité, organise une mission qui verra jusqu’à 20 recteurs canadiens se rendre dans ce pays en octobre.

À l’occasion de cet atelier, des spécialistes de l’Inde, du Royaume-Uni et d’ailleurs, de même que des représentants de 30 universités canadiennes, ont exploré des modèles efficaces de collaboration avec des établissements indiens. « Une université aux visées internationales ne peut tout simplement pas ignorer l’Inde », a précisé M. Gore.

Ce dernier, un ancien directeur de l’éducation pour le British Council en Inde, suit de près l’évolution du projet de loi sur les établissements d’enseignement étrangers depuis sa première mouture, il y a quatre ans. Une version précédente du projet de loi a été mise en suspens en raison d’opposition sur la scène politique, mais Kapil Sibal, ministre indien du Développement des ressources humaines et membre du nouveau gouvernement entré en fonction en juin 2009, tient à ce que cette loi soit adoptée, d’après M. Gore, qui dirige maintenant le Centre for Indian Business de l’Université de Greenwich, en Angleterre.

L’Inde a toujours restreint le nombre d’établissements d’enseignement supérieur étrangers sur son territoire, leur interdisant d’ailleurs de décerner des grades. Néanmoins, en l’absence d’un cadre réglementaire, de nombreuses universités étrangères ont réussi à collaborer aux programmes d’établissements privés indiens et on retrouve aujourd’hui des centaines de partenariats du genre. Malheureusement, bon nombre d’intervenants étrangers sans scrupules offrent aussi des programmes, de qualité douteuse, en Inde.

En vertu du nouveau projet de loi, c’est au gouvernement indien que revient l’approbation définitive des activités de toute université étrangère en Inde. Il y est stipulé que les universités étrangères doivent être agréées dans leur pays d’origine et compter au moins 20 ans d’existence.

L’un des aspects litigieux du projet de loi est l’exigence que les établissements étrangers qui désirent s’installer en Inde fournissent un fonds – qui ressemble davantage à un dépôt – de 11 millions de dollars américains au gouvernement indien. L’argent doit servir à défendre les intérêts des étudiants au cas où leur établissement violerait les lois indiennes ou serait en difficulté d’une quel–conque façon. De plus, les universités étrangères n’ont pas la possibilité d’investir leurs profits chez elles. En effet, en vertu des lois indiennes, qui définissent l’éducation comme une activité à but non lucratif, les profits doivent être réinvestis sur place.

Pawan Agarwal, haut fonctionnaire indien et auteur d’un livre sur l’avenir de l’enseignement supérieur en Inde, a expliqué aux participants à l’atelier que cette « initiative historique » s’inscrit dans les partenariats entre universités indiennes et étrangères. Il juge également qu’il faut clarifier les ambiguïtés liées au fonds. M. Agarwal a néanmoins sommé les participants de ne pas porter une importance démesurée aux détails du projet de loi, précisant au passage que l’objectif fondamental était d’accueillir des établissements étrangers. M. Gore, pour sa part, a incité les représentants des universités canadiennes à transmettre leurs préoccupations concernant le projet de loi au gouvernement indien (ce que l’AUCC a fait).

Environ 15 millions de personnes sont inscrites à un programme d’enseignement supérieur en Inde, et ce chiffre devrait doubler d’ici 10 ans. Le nombre d’universités, qui se situe actuellement à 525, devrait tripler au cours de la même période.

Pari Johnston, directrice de la Division des relations internationales de l’AUCC, a affirmé que plusieurs universités canadiennes entretiennent depuis longtemps des relations avec l’Inde, principalement entre les professeurs. « Ces liens ont pris beaucoup d’importance, particulièrement au cours des cinq dernières années », explique-t-elle.

La présence canadienne en Inde n’est pourtant pas aussi marquée que celle du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Australie. L’une des conclusions importantes de l’atelier, selon Mme Johnston, est que le Canada doit investir davantage et plus stratégiquement pour promouvoir ses universités en Inde et la collaboration en matière de recherche. Les premiers ministres du Canada et de l’Inde ont depuis signé un protocole d’entente sur l’enseignement supérieur.

Mme Johnston a déclaré que la mission prochaine des recteurs en Inde devrait « créer une certaine effervescence » et prouver que le Canada tient à sceller un partenariat à long terme avec les établissements indiens d’enseignement supérieur.

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