L’humour, objet d’études dans les universités. Sérieusement? De fait, plusieurs chercheurs universitaires dans le monde étudient les multiples facettes de l’humour. Au Québec, l’Observatoire de l’humour tenait récemment un très sérieux colloque sur le sujet.
Le colloque L’humour Sens dessus dessous regroupait des chercheurs universitaires, mais aussi des humoristes, des agents et d’autres intervenants de l’industrie québécoise de l’humour. L’objectif était de discuter de la place et de la fonction de l’humour dans la société, à l’occasion du 25e anniversaire de l’École nationale de l’humour (ÉNH). « Une telle rencontre permet de dépasser les opinions et les perceptions pour étudier l’humour plus sereinement », explique la directrice de l’ÉNH, Louise Richer.
Il faut dire qu’au Québec, les controverses sur ce sujet n’ont pas manqué au fil des ans. L’omniprésence des humoristes sur scène, au cinéma, à la télévision ou à la radio en a irrité plus d’un. Les humoristes ont été accusés tour à tour de faire de l’humour trop gentil ou trop vulgaire, de massacrer la langue française, d’être trop convenus ou trop absurdes.
Un regard sérieux
« Les humoristes eux-mêmes ne sont pas toujours les meilleurs pour offrir une vue plus globale de l’humour, et ce genre de débats finit souvent en queue de poisson, pour ressurgir plus tard », soutient Mme Richer. En 2008, l’ÉNH tient un premier colloque et le déclic se fait. Deux ans plus tard, lorsqu’elle reçoit un prix de reconnaissance de son alma mater, l’Université du Québec à Montréal, elle propose de faire de l’humour un réel sujet de recherche.
« Nous ne nous limitons pas à l’industrie de l’humour, souligne Mme Richer. L’humour joue un grand rôle dans notre vie privée et dans nos relations de travail, dans la gestion démocratique ou comme élément de résilience dans les moments difficiles. »
Le cas du Québec
L’Observatoire sert aussi à déboulonner quelques mythes tenaces. C’est ce qu’a souhaité faire Christelle Paré, candidate au doctorat à l’Institut national de la recherche scientifique, en démontrant que les humoristes riches et célèbres sont l’exception, plutôt que la règle. « Percer en humour est un véritable parcours du combattant», affirme-t-elle.
Au Québec, la compétition est féroce. Dans la région de Montréal seulement, il y a 30 soirées d’humour par semaine! Pas facile de se distinguer. Le parcours peut facilement s’étirer sur plusieurs années. Pour un Adib Alkhalidey qui fait un premier spectacle solo à peine trois ans après sa sortie de l’ÉNH, il y en a des dizaines qui galéreront pendant cinq à 10 ans. Ils commencent généralement dans des bars, avec des apparitions de 5 à 10 minutes, très, très loin des salles des Galas Juste pour Rire. Réussir en humour au Québec, ce n’est pas toujours drôle!