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L’Institut Coady étend son rayonnement grâce à son nouveau directeur

John Gaventa, qui a œuvré toute sa vie dans le domaine du développement, partage les valeurs du mouvement d’Antigonish.

par ALLISON LAWLOR | 05 MAR 12

Depuis sa création en 1959, l’Institut international Coady de l’Université St. Francis Xavier favorise la participation citoyenne grâce à une démarche axée sur l’autonomie et les moyens pratiques d’améliorer les collectivités en matière de développement. Sa démarche participative amène les bénéficiaires à agir là où ils ont le pouvoir de changer les choses.

« C’est ce dont le monde a besoin, estime John Gaventa, sommité internationale en matière de leadership et de participation citoyenne qui dirige l’Institut depuis août. Les gens ne croient plus au développement partant d’une démarche descendante. »

M. Gaventa a toujours cru en la démarche participative. Avant son arrivée à l’Institut Coady, il a occupé les fonctions de chercheur et de directeur du Centre de recherche sur la citoyenneté, la participation et la responsabilisation de l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex, en Angleterre. Auparavant, il a passé 17 ans au Centre de recherche et d’éducation Highlander du Tennessee, reconnu pour son rôle clé au sein du mouvement des droits civils en tant que lieu de rassemblement pour les activistes, de même que pour son travail en faveur de la déségrégation dans les écoles ainsi que des droits et de l’éducation des électeurs.

En entrevue, M. Gaventa a souligné que le fondateur du Centre Highlander, Myles Horton, est souvent comparé à Moses Coady, fondateur du mouvement d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse, qui a donné son nom à l’Institut international Coady. Créées dans la foulée de la dépression, les deux institutions « étaient le projet d’hommes charismatiques qui ont eu recours à l’enseignement aux adultes et qui croyaient fermement que les gens ont le pouvoir de régler eux-mêmes leurs problèmes si on leur en donne la possibilité ».

Père de trois enfants, M. Gaventa a toujours adopté une vision globale. Natif du Tennessee, il a grandi au cœur du Delta du Niger, au Nigeria, où son père médecin a établi un hôpital. Ayant reçu un enseignement à domicile par sa mère, il a par la suite fréquenté l’Université Vanderbilt, puis l’Université d’Oxford, où il a obtenu un doctorat en sociologie politique à titre de boursier Rhodes. Il a abondamment écrit sur la manière dont les personnes marginalisées posent des gestes politiques appuyant la justice économique et sociale.

Encouragé à briguer le poste de directeur de l’Institut, il a été intrigué par l’annonce de poste : l’Institut était à la recherche d’une personne partageant les valeurs du mouvement d’Antigonish. Ce mouvement social est né pendant les années 1920, à une époque de souffrance économique et de désillusion pour beaucoup de Néo-Écossais. Un groupe de prêtres et d’éducateurs, dont les pères Moses Coady et Jimmy Tompkins, ont lancé le mouvement à partir du service d’éducation permanente de l’Université St. Francis Xavier. Des dirigeants communautaires, des citoyens et des professionnels de la région ont participé aux premières réunions publiques, qui avaient pour objectif d’amener les gens à trouver des moyens de résoudre leurs problèmes socio-économiques. Des cercles d’études ont par la suite été créés. Le mouvement a plus tard eu recours à l’enseignement aux adultes, aux coopératives, à la microfinance et au développement rural pour aider les collectivités locales.

« On ne peut nier l’importance d’Antigonish dans l’évolution de l’enseignement aux adultes, du développement communautaire et du mouvement coopératif au Canada », explique Ian MacPherson, fondateur de l’Institut d’études coopératives de l’Université de Victoria.

« Nous travaillons chez nous avant d’élargir notre action, ce qui nous donne de la légitimité », estime M. Gaventa. Il cite en exemple le nouveau Centre international pour le leadership féminin de l’Institut. Grâce à un financement d’un million de dollars que lui a accordé l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en 2010, l’Institut a lancé la première édition du programme Global Change Leaders (leaders du changement mondial), qui comptera 15 participants (sélectionnés parmi 420 candidats). L’été dernier, les 12 premières participantes au programme de leadership communautaire pour femmes autochtones ont obtenu leur diplôme.

Participante au programme de diplôme en développement du leadership de l’Institut Coady, Yvonne Marimo connaît parfaitement cette réalité. « Pendant la période la plus difficile qu’a traversée le Zimbabwe, ce sont les femmes effectuant un travail non reconnu qui ont assuré la survie de leurs familles et de l’économie », affirme-t-elle. Mme Marimo travaille auprès de femmes pauvres de Bulwayo, au Zimbabwe, dont beaucoup sont atteintes du VIH/sida ou victimes de violence conjugale. « Nous tentons de leur faire voir un point de vue différent afin qu’elles puissent sortir de la pauvreté et transformer leur vie. Le programme Coady m’a véritablement ouvert les yeux et fait découvrir une nouvelle façon d’apprendre… une façon de travailler avec les collectivités. »

Des travaux de 17 millions de dollars pour rénover de magnifiques vieux immeubles ont récemment permis à l’Institut de doubler sa superficie. Réalisés entièrement grâce à des fonds recueillis auprès de la population, ces travaux « illustrent bien l’engagement de la collectivité », se réjouit M. Gaventa.

Le financement de l’ACDI représentait à peine le tiers des revenus d’exploitation de 4,3 millions de dollars de l’Institut pour 2011. M. Gaventa souhaite augmenter le financement privé, en particulier pour les bourses d’études internationales. Pendant son mandat de cinq ans, il compte étendre l’action de l’Institut à des pays comme Haïti. Convaincu que le monde peut profiter de ce que l’Institut a à offrir, M. Gaventa est déterminé à faire connaître ses programmes. « Plus nous arriverons à convaincre d’établissements d’adopter notre démarche en matière de développement, plus les retombées auront le potentiel d’être importantes. »

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