Le climat économique instable et le resserrement des budgets provinciaux dans certaines régions du pays ont occasionné des négociations conflictuelles cet automne, et l’agitation des travailleurs a atteint les campus universitaires et collégiaux.
Plusieurs établissements ont été le théâtre de grèves cet automne. À l’Université de Brandon (Manitoba), 240 professeurs et bibliothécaires refusent de travailler depuis le 12 octobre, ce qui constitue la grève universitaire la plus longue de l’histoire de la province. Les deux parties sont encore loin de s’entendre, et un médiateur nommé par le gouvernement provincial a recommandé l’arbitrage exécutoire. Il s’agit de la deuxième grève des professeurs dans cet établissement en trois ans.
Entre-temps, des pourparlers qui se sont déroulés pendant la semaine du 7 novembre n’ont pas permis de régler un conflit qui dure depuis longtemps à l’Université McGill, où 1 700 membres du personnel non enseignant, dont des techniciens en laboratoire et en technologie de l’information, sont en grève depuis le 1er septembre. Michael di Grappa, vice-recteur, Administration et finances, indique que des progrès ont été réalisés sur des questions relatives à la retraite, aux avantages sociaux et aux primes, mais que les deux parties ne sont pas arrivées à un consensus sur les salaires. Également au Québec, les employés de soutien de l’Université de Sherbrooke sont en grève depuis septembre.
Plus de 8 000 employés de soutien dans 24 collèges communautaires de l’Ontario ont fait la grève pendant 18 jours au début de septembre avant d’en arriver à une entente. Le même mois, l’Université de Western Ontario a conclu une entente avec 51 bibliothécaires et archivistes après un arrêt de travail de deux semaines. Les employés des services universitaires et professionnels de l’Institut des sciences appliquées et de la technologie de la Saskatchewan ont tenu une grève de deux semaines en septembre avant que les deux parties réussissent à s’entendre. Au moins deux autres campus ont connu des grèves depuis le début de l’année.
Des négociations contractuelles sont en cours dans plusieurs autres établissements, et d’autres devraient commencer l’année prochaine.
Les budgets universitaires diminuent, car certains gouvernements provinciaux réduisent leurs dépenses, explique Frances Woolley, professeure d’économie à l’Université Carleton, qui effectue des recherches sur la détermination des salaires des professeurs. De plus, plusieurs années de turbulence des marchés financiers et de faibles taux d’intérêt ont créé d’importants déficits dans les régimes de retraite des universités. Pendant ce temps, ajoute-t-elle, les universités doivent affronter un avenir de faible croissance des inscriptions. « Les administrateurs universitaires se rendent compte que, sur le plan des finances, l’avenir de leur établissement n’est pas rose », indique-t-elle.
James Turk, directeur général de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU), soutient que le nombre de contrats à négocier est semblable à celui des années précédentes, mais que le climat économique instable favorise les conflits dans les négociations. « En ces temps difficiles, les négociations sont plus ardues, et ce, d’un côté comme de l’autre, déclare-t-il. Il n’est donc pas surprenant de voir autant de grèves. »
Le traitement et les salaires sont le principal point de friction dans de nombreuses négociations, et les employeurs demandent que les employés contribuent davantage à leur régime de retraite, affirme M. Turk. Il ajoute que cet automne, les associations de professeurs demandent des augmentations de salaire et une sécurité d’emploi pour les professeurs contractuels.
Frances Woolley explique que la faiblesse de l’économie a réduit le pouvoir de négociation des syndicats dans de nombreux secteurs, y compris dans celui de l’enseignement supérieur. Elle prédit que les salaires des professeurs et d’autres avantages liés à la vie universitaire continueront de subir des pressions au cours des prochaines années. « Les privilèges dont jouissent normalement les professeurs sont malheureusement en train de devenir de plus en plus anormaux », affirme-t-elle.
Selon M. Turk, les plus longues grèves universitaires ont eu lieu à l’Université Laval et à l’Université du Québec à Montréal. Elles ont toutes deux eu lieu en 1976 et ont duré quatre mois.
J’ai trouvé cet article très intéressant. Bravo! C’est bien d’avoir un survol car je n’avais pas réalisé qu’il y avait eu tant de conflits de travail cette année dans notre milieu.