Pour souligner son 75e anniversaire, la Fédération des sciences humaines publie une frise chronologique interactive consacrée aux événements marquants de son histoire. « La plupart des gens ignorent que nous existons depuis 75 ans, indique le directeur général de la Fédération, Jean-Marc Mangin. Nous tenions à proposer une frise conviviale qui raconte notre histoire et met en lumière notre contribution au Canada sur le plan des idées et de l’enrichissement intellectuel. » La publication de l’outil coïncide avec la tenue de la conférence annuelle de la Fédération, les 16 et 17 novembre à Ottawa.
La frise chronologique retrace l’histoire de la Fédération depuis 1938, année de la mise sur pied par quelques chercheurs d’un comité visant à cerner l’état et l’ampleur de la recherche en sciences humaines au Canada. « Ces quelques chercheurs étaient préoccupés par le peu de place qui était accordée à la recherche en sciences humaines. Ils se sont donc regroupés pour lui assurer une place et une voix. »
Comme le raconte M. Mangin, ce comité a conduit à la création du Conseil canadien de recherche en sciences sociales (CCRSS) par quelques centaines de chercheurs tout au plus, en 1940, puis à celle du Conseil canadien de recherche sur les humanités (CCRH) en 1943. Les incarnations ultérieures de ces deux entités ont finalement fusionné en 1996 pour former la Fédération des sciences humaines, qui regroupe aujourd’hui quelque 85 000 chercheurs et étudiants aux cycles supérieurs.
Les artefacts et les données qui composent la frise chronologique de la Fédération sont regroupés sous trois grands thèmes : « L’Institution » , « Recherche et programmes », et « Une voix pour les sciences humaines ». Ils ont été compilés à partir de la collection de Bibliothèque et Archives Canada par deux étudiants du programme de maîtrise en histoire publique de l’Université Carleton à qui il a fallu des heures. Parmi les joyaux qu’ils ont découverts figurent un chèque datant de 1957 libellé à Pierre Trudeau pour son aide à la rédaction d’un manuscrit dans le cadre du programme de publication, ainsi que des notes manuscrites du cofondateur du CCRSS, Harold Innis, et d’autres intellectuels de poids, comme Northrop Frye et Georges-Henri Lévesque.
Parmi les favoris de M. Mangin, un extrait d’une lettre adressée par Lester B. Pearson au CCRH à l’occasion du 20e anniversaire de ce dernier : « Bien sûr, en cette année 1964, dans un monde qui menace parfois de sombrer dans la technocratie, nous avons plus que jamais besoin des sciences humaines pour concilier la culture scientifique et celle des sciences humaines au profit de la paix et du bien-être de l’humanité. »
La Fédération a également connu des périodes sombres dont l’écho résonne encore aujourd’hui. Elle a entre autres été confrontée à un modèle de financement fondé sur la concurrence entre les sciences humaines et les sciences naturelles, les mathématiques et le génie; à la rhétorique de certains gouvernements à l’encontre des intellectuels, qui a dévalorisé la discipline; et plus d’une fois à la faillite, évitée grâce à des solutions de dernière minute.
L’histoire de la Fédération a également connu de grands moments. Citons entre autres les contributions du CCRSS et du CCRH aux travaux de la Commission Massey, en 1949; la publication par ceux-ci de rapports sur la production culturelle canadienne, qui ont conduit à la création du Conseil des arts du Canada; ainsi que l’appel des deux conseils à la création d’un organisme national de financement de la recherche en sciences humaines. « Nous avons directement contribué au développement du milieu de la recherche au Canada, au progrès de notre collectivité, ainsi qu’à la croissance des universités dans les années 1960 et 1970 », souligne M. Mangin.
La frise chronologique élaborée par la Fédération vise autant à rappeler le passé qu’à envisager l’avenir. « À l’heure du lancement de notre plan stratégique pour la période 2016-2020 et à l’approche des célébrations du 150e anniversaire du Canada, nous tenons vraiment à prendre part aux débats nationaux – et à en susciter de nouveaux », conclut M. Mangin.